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eaux de ce lac paroiiïoient d’un verd pâle près des bords, d'un beau
pourpre dans les places les plus profondes , & de couleur d’Aigue marine
dans les profondeurs moyennes.
Arrêtes §. nco. Nous montâmes enfuite le long d’une arrête de rochers*
couron- c ette arr^(;e e(t couronnée par des maffifs qui reiTemblent à des ruines
nees par x < *
des maffifs de tours & de châteaux, & qui font compofé3 d’affifes à peu-près
reitangu- horizontales des mêmes rocs micacés calcaires. Cependant la pierre
femble changer de nature en s’élevant, & s’approche de plus en plus
du marbre cipolin .dont j ’ai parlé §. ' 5 5 Mais on voit enfuite qu’il
y a des alternatives, & que la pierre eft tantôt plus, tantôt moins chargée
de mica.
Ox quitte enfuite cette arrête pour monter obliquement & traverfer
d’autres arrêtes iëparées les unes des autres par des vallo'ns remplis
de débris. Ces arrêtes font en divers endroits relevées par des maffifs
qui ont comme les précédens , l’air de fortifications & de châteaux
ruinés. Les couches horizontales dont l’entaifement forme ces maffifs,
font fréquemment coupées par des fentes perpendiculaires & à l’horizon
& aux plans de ces mêmes couches. Ce font 'Ces fentes qui coupent
ainfi ces rochers en malfes rectangulaires. C’eft une obfervation
bien favorable aux inductions que j’ai tirées de la fituation des fentes,
que de voir les couches horizontales préfenter ainfi prefque toujours
des fentes perpendiculaires à l’horizon.
La derniere de ces vallées que nous traversâmes, étoit en partie couverte
dec neiges très-dures, quoique nouvelles ; & la pente de ces
neiges étoit allez rapide pourrappeller celles du Mont-Blanc,, mais
elles n’étoient pas comme au Mont-Blanc, terminées par des précipices.
Glacier §• 12S1. L a derniere montée eft réellement très-rapide; on franchit
¿eRonche. par une gorge étroite une efpece de rempart de rochers, au-deiSis
defquels eft un glacier qui fe nomme le Glacier de Ronches, & qui
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va fe prolonger fur la pente rapide des rocs efcarpés qui dominent
le Flan des Jumens, S- « if8-
Q u a n d on eft arrivé fur ce glacier, fi l’on tire à gauche, on v*
prefque fans monter, à une cime qui domine le Plan des Jumens,
& d’où l’on découvre la plaine du Mont-Cenis. C’eft là proprement la
Fràife, ou la cime fur laquelle s’arrêta M. de L a m a n o n , qui dit expref-
fément qu’il voyoit la plaine du Mont-Cenis de la cime où il fe fixa.
Mais en tirant à droite & en montant la pente rapide du glacier, on
parvient à une cime beaucoup plus élevée, qui fe voit, comme je l’ai
dit, de la Novaleze, où on la nomme Roche Michel. On ne découvre
de là ni le lac, ni aucune autre partie de la plaine du Mont-Cenis ;
mais on a'en revanche, une vue beaucoup plus étendue fur la chaîne
des Alpes à l’Eft & fur l’Italie, que l’on ne voit point du haut de la
Fraife. C’eft donc à cette cime de Roche-Michel que nous parvînmes
en f heures J de route depuis la Polie, y compris la petite halte que
nous avions faite en chemin.
§. 1252. Cette cime fe termine en un pain de fucre très-aigu, coupé
à pic au Midi à une très-grande profondeur. Le rocher dont elle eft
compofée eft un mélange de talc verdâtre, tres-doux au toucher, &de
fchifte micacé calcaire ; mais le talc y domine beaucoup. Cent grains
de cette pierre, réduits en poudre fubtile, & broyés enfuite dans le
vinaigre diftilé ont été réduits à 8 y , & contenoient par conféquenta
peu-près ^ de terre calcaire libre.
Nous avions déjà rencontré en montant, des fragmens d une ferpen-
tine aifez dure, les uns verds, les autres noirâtres. On fait que le talc
& la ferpentine ont également pour baze la terre de la magnefie ; il
n’eft donc pas étonnant qu’on les trouve dans la meme montagne.
La Fraife.
Roche
Michel.
Forme $T
naturel
de cette
Roche.
Je dirai ici un mot de l’afpeél des montagnes qui fe prefentent a
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