des bancs d’argille, & leur inégale deftruition produit dans le grand
chemin, des inégalités bien fatigantes pour les voitures & pour les
voyageurs.
Chaîne §. 1463. Vis-À-vjs du Muy, du* côté de la mer, fe termine par
ies Muu-de beaux efcarpements, une fuite de montagnes qui fait partie de la
chaîne des Maures. M. d’A r lu c , dit que ces montagnes font vitrefci-
bles, c’eft-à-dire qu’elles font compofées-de roches dont le quartz
fait un des éléments. Cette montagne a bien effectivement l’afpeât
d’une montagne primitive. La riviere & le vallon de l’Argens paffent
à fon pied & la fépareut de celle de Fréjus.
En paffant cette riviere, on voit quelle a fcn lit à iç ou io pieds
de profondeur dans les grès violets ; ils font là difpofés par bancs
réguliers qui defcendent doucement au Sud-Eft.
Porphyres §• ^ES mentes gres continuent jufques auprès de Vidauban
VidaU’ ^an" Là 0n Voit i° rtir de terre de Petits rochers de porphyre, dont
la pâte forme une partie fi peu confîdérable, qu’on a de lapeine à la
voir entre les grains de feldfpath dont elle eft remplie ; on la diftin-
gue cependant par places, fa couleur eit vineufe, & 1a nature à-peuprès
la même que celle des porphyres de l’Efterel. Mais ici le feldfpath
eft moins coloré, fes grains font prefque tous blanchâtres opaques,
& cependant brillants. On y voit aufli quelques grains de
quartz gris demi tranfparent.
A près avoir traverfé la v ille , on trouve encore des porphyres, mais
leur afpeél eft fort différent, leur pâte eft d’un gris rou x ou tirant
fur le violet, d’nn grain g reffier, terreux & fans éclat. Elle eft opa-
q u e , tendre, & paroit peu compaéte comme ii c’étoit une efpece
de tuf.
On n’y voit cependant ni trous, ni pores vuides, feulement y a-t-il des
A H Y E R E S , Chap. X X I. 167
parties brunes décompofées devenues comme terreufes, & qui ont Pat
pect feuilleté & comme fpongieux-Les cryftaux de feldfpath font petits,
rofes ou blancs, opaques, brillants. Ceux de quartz font auffi rares,
gris & demi-tranfparents. Au chalumeau, la pate devient blanche, &
prend un grain fin & brillant. Ses angles fe fondent, quoiqu’avec
peine, en un verre parfeméde petites bulles. Je confidere cette pâte
comme un feldfpath terreux,
L’intérieur de ce porphyre ne reffemble point mal a celui de certaines
laves des collines Euganéennes & à la pierre du Puy du Dôme
en Auvergne. Voyez les §§. 328, & 239. Je ne ferois donc pas étonné
qu’il fe trouvât des Naturaliftes qui rangeaient cette pierre au nombre
de celles qui ont fouffert l'action des feux fouterreins.
La poffibilité de ce doute m’iitfpira de l’intérêt pour ces rochers; je
m’arrêtai à Vidauban pour obferver avec foin leur ftructure. Dans ce
deffein je les fuivis affez loin en remontant un petit vallon qui fe
prolonge à l’Eft de la ville. Je paffai d’abord auprès d’une petite baf-
tide .nomriiée Gotheride, & enfuite au travers d’une forêt de fapin.
Le porphyre forme un monticule qui fe prolonge dans cette vallée,
& fuit fa direétion.
Les fiffures, je n’ofe pas dire les couches de la pierre, coupent
pour la plupart à angles droits la direction de la.vallée; elles marchent
du Nord au Sud, mais fans trop de régularité.
Les flancs de ce monticule de porphyre font recouverts de gres ,
& les montagnes qui bordent la vallée, paroiffent auffi compofees ou
du moins recouvertes de ces mêmes grès. Je ne pus découvrir, ni la ,
ni dans les environs, aucun veftige, ni de cratère, ni de courant de
lave, ni aucune pierre qui portât l’empreinte de l’action du feu.