go D' A 1 X A St. J E A N
St. George, d’où fe tire la mine de cuivre que l’on fond à Aiguebelle.
Ces regrets nous ont engagés à retourner à Aiguebelle.
Le y mai 1789, nous partîmes de là avec un marchand de mine de
fer, qui nous fervitde guide.
Nous fui vîmes pendant 10 minutes la route de Turin, puis nous
tirâmes à droite & nous primes un fentier à mulet, qui s’élève au-def-
fus de cette route en tirant au Sud-Oueft ; & en deux heures & un
quart nous arrivâmes à la principale galerie qui fe nomme le Filon
Filon de f e ¡M Qeorge, Là , par une pente peu rapide 8c fans échelle, nous def-
eqrge, cen(j»mes ju{ques au Filon, qui avait alors 20 pieds d’épailfeur, fur 2y
de largeur : je dis alors, parce que fes dimentions varient. Sa direction
étoit du Sud-Eft au Nord-Queft, & fa fituation à peu-près horizontale
, mais ces pofitions font aufli variables.
La mine eft une mine de fer fpathique à petites écailles, d’un gris
tirant fur le fauve, brillantes & ondées. La gangue mêlée avec la mine
eft du quartz blanc fragile à grandes écailles, que les mineurs de cette
montagne nomment le marbre.
Nature 1201. La montagne dans laquelle 1e trouvent ces mines eft une
tiignc,010""roche feuilletée, mêlée de mica, de quartz & de feld-fpath. Ce n’eft
pourtant ppint un granit veiné, parce que ces fubftances ne font pas
engagées & entremêlées les unes dans les autres, comme dans le granit.
Mais elles forment des feuillets, tantôt veinés, tantôt ondés, où le
mica fouvent pur, forme à lui feul des feuillets gris ou noirâtres, tandis
que le quartz , ou pur, ou mélangé de feld-lpath, forme des feuillets
blancs qui alternent avec les gris. Quant à la ftruclure de cette
montagne , il eft inipoflible de la déterminer. Elle paroît toute com-
pofée de pièces détachées, comme fi elle eût été froiffée ou brifée par
un mouvement violent, ou comme fi la décompofition de quelques
minéraux deftruftibles eût occafionné des ruptures & des déplacemens.
D E M A U R 1 E N N E . Chap. iK 3 I
§. 1202. Nous montâmes enfuite à un bâtiment que les aflociés de
& mine de cuivre ont fait conftruire, pour venir y paifer quelques jours
; (jans ia belle faifon, & qui fe nomme la Barraqite de St. François.
\ J’obfervai là le baromètre, qui me donna une élévation de y 12 toifes
j au-deffus de notre la c , & par conféquent yoy au-deifus de la mer.
§.1203. Nous montâmes environ 50 toifes plus haut pour entrer FoiTedu
[ dans la galerie la plus étendue de la mine de cuivre, qui fe nomme PaP‘n CBl-
[ Foffe du Sapin. On y defcend, comme dans celle de St. George, fans
[ échelle, par une pente qui n’eft point rapide. Nous parcourûmes quelques
unes de fes ramifications ; car pour les parcourir toutes , on nous
! aflura qu’il faudroit plus de huit jours. Nous trouvâmes la mine de
! cuivre pyriteufe couleur de laiton , & à petits grains brillants, avec la
même gangue de quartz blanc & dans la même roche fchifteufe. Sou-
s vent la même galerie donne du fer & du cuivre ; j’en vis une au fond
de laquelle étoient deux filons, l’un de cuivre, l’autre de fer, féparés
par une cloifon fort mince de roche fchifteufe.
§.1204. En général, cette montagne eft remarquable, tant par
| quantité de mines qu’elle renferme, que par la facilité de leur explo- mines,
j tation. Dès qu’on voit à l’extérieur des veines de quartz un peu confi-
dérables, on eft à peu-près affiné qu’en les fuivant on trouvera du
! minerai, ou de fer, ou de cuivre, ou de plomb ; car il y a auiii de ce
! dernier métal.
Les payfans qui exploitent ces mines, ne mettent aucun art dans leur
travail; ils vont en avant fans boufl'ole, fans aucun inftrument de géométrie
; fuivant les filons, quand ils les tiennent, & le quartz quand
jils les cherchent; ils font des mines, font fauter le roc, l’étançonnent
joù cela eft néceiTaire ; mais rarement en ont-ils befoin, & ils le fonî
.avec plaifir, parce qu’ils croyent que le roc tendre annonce ce qu’ils
Appellent des fales ou des maffes confidérables de minérais. Ils ne font
■point incommodés par les eaux, ni obligés à aucune galerie d’écoule