Granits
remarquables.
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que le pétrofilex feconduire hornftein de IVerner , qui fe trouve par
veines & par rognons dans les montagnes fecondaires, & qui ne forme
jamais de montagnes entières, avec celui dont il eft ici queftion, que
l’on ne voit que dans les montagnes primitives , & qui feul ou
mélangé avec d’autres feffiles, forme des montagnes. En conféquent je
nomme néopétre le pétrofilex fecondaire & palaiopetre , le pétrofilex
primitif. La roche feuilletée dont cette pierre forme la bafe en renfermant
des grains de feld-fpath , & quelquefois du mica, fe rapporte à
ce que M ."Werner a nommé porphyrfchiefer. (Kurrze klaflific. §. n . )
On voit dans ces rocs des veines & des filons d’une efpece de granit,
que l’on prend au premier coup-d’oeil pour un granit ordinaire,
mais qui obfervé attentivement, fe trouve ne contenir que du feld-fpath
& du mica, fans mélange de quartz : quelquefois même le feld-fpath
blanc confufément cryftallifé, forme feul les veines de la pierre.
Depuis ces premiers rochers jufqu’à St. Jean, on voit des alternatives
répétées de cette roche feuilletée , entrecoupée de veines granitiques
& même de montagnes entières de granit, mais toujours de ce granit
privé de quartz. J’ai cependant trouvé en divers endroits du quartz
cryftallifé dansles crevaifes du granit, quoique je ne puffe pas en apper-
cevoir un feul grain dans la fubftance même de la pierre.
Ces granits varient par la quantité plus ou moins grande du mica
qu’ils renferment, & par la groifeur des grains qui les compofent. On
en rencontre de feuilletés qui contiennent de très-beaux cryftaux de
de feld-fpath ; par exemple, entre Eypierre & la Chambre.
§. 1 13 y. Parmi les cryftaux de feld-fpath que renferment ces granits
veinés, on en voit dont la coupe rhomboïdale paroît trè s - ré g u lière,
& dont les angles font très-vifs; d’autres dont les angles font
émouiïes & même entièrement abattus y comme s’ils avoient été roulés
& arrondis par le frottement, avant d’être enclavés dans la pâte qui
les lie.
D E M A U R 1 E N N E , Chap. IV. i.7
M le Chevalier de St. R eal , Intendant de Maurienne, amateur Objee.
diftingué de la minéralogie, & que j’aurai fouvent occafion de citer dans ¡¿ ¡¡J™
ce voyage, m’a fait l’honneur de m’adreffer un mémoire , dans lequel nits.
il combat le fyftême que j’ai adopté dans le premier volume de ces
voyages, fur la formation des granits par cryftallifation. Ces cryftaux
arrondis lui foumiiTent des obje&ions très-fpécieufes cqntce ca fyftême.
J e confidérerai çe.s objections avec toute l’attention qu’elles méritent,
lorfque je traiterai exprelfément de la théorie de la terre. Quant à
préiènt, je me contenterai de faire deux confidérations.
L ’u n e , qu’il n’eft point démontré que ces cryftaux ayent été arron- ■
dis par le frottement, & qu’il eft poflible que par la cryftallifation
même, leurs angles ayent été tronqués aflez fréquemment pour leur
donner une forme fenfiblement arrondie ; ce qui n’eft point fans exemple
dans dey cryftaux dont l’origine n’eft nullement douteufe. Et ce
qui iroit à l’appui de cette fuppofition, c’eftque les blocs dans lefquels
on voit ces cryftaux arrondis, renferment conftamment d’autres cryf.
taux, dont les angles font très-vifs.
M a is fi malgré cette confidération , l’on vouloit regarder ces cryftaux
comme arrondis par le mouvement des eaux, j’obferve rois que les
granits dans lefquels on les trouve, 8c même le grand bloc que M.
de St. R e a l eut la bonté de m’envoyer à l’appui de fon mémoire,'font
des granits veinés, 8c non point des granits en maife.
Or , j’ai toujours eu pour principe, que les pierres dans lefi
quelles on peut obferver des feuillets parallèles, ont été formées dans
des eaux courantes.
Il jj’y auroit donc rien d’étrange à fuppofer que des caufes accidentelles
ont pu produire de tems en tems quelqu’accélération dans le
mouvement des eaux, au fond defquelles fe formoient ces granits veinés;
qu’alors les cryftaux de feld-fpati* qui fe trouvoient mal enchaffés
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