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calcaires charîês par les torrens qui delcendent des montagnes &
mêlés.avec delà terre rouge, qui eft fi commune dans les Apennins,
Qn palTe enfuite au village de Linguaggïo, à demi-lieue d ’Alaffio.;
& là , on commence à gravir une montagne compofée d’un roc ca -
caire fèmblabïe à celui que je viens de décrire;.
Ajprès 40 minutes démontée, on arrive au haut de cette montagne,
qui eft la continuation du cap delle Mdle ; elle eft encore des mêmes
rochers, mais ces couches fout diverfement inclinées.
Jolie vue Peu après, en commençant à defeendre, on a une vue charmante de
vallée d’Andora, arrofée par le ruilièau de ce nom , & entourée de
collines couvertes d’oliviers , dont le verd bleuâtre eft agréablement
coupé par le verd foncé des caroubiers * & par le verd plus clair des
pins maritimes.
U n e belle prairie avec un troupeau, n’eft pas une choie commune
dans ce pays ; & d’un côté la mer & la rade d’Andora , de l’autre
le village bâti fur la cime d’un pain de fucre, qui s’élève du fond delà
vallée, & qui eft entouré d’arbres , placés comme fur des gradins
autour de ce cône, achèvent de décorer ce charmant tableau.. Nous
defeendîmes cette montagne en 25 minutes„ & nous traverfames la
petite riviere d’Andora & fou Ut fablonneux , couvert de lauriers rofe.
' D’Ando. §. 1377. Le chemin paffe enfuite fur des rocs calcaires, efarpés aura
à One- deflhs de la mer;. & à | de lieue d’Andora on rencontre dés pierres qui
8ha' font auffi calcaires, & qui fe divifent naturellement en fragmens de
forme lenticulaires.
Calcaires Cette pierre eft extrëmementremarquaMe r on y voit dès pièces difargilleu
tinftes, qui fouvent s’en féparent fpontanément : ces pieees font conces
"détat. vexes des deux-côtés, de forme fouvent lenticulaire , & quelquefois
chées len- allongée r on en voit de très-grandes,. même de plus dé 6 pouces de
titulaires.
diamètre. On prendroit d’abord cette pierre pour une breche, mais
comme elle eft toute homogene, comme la pâte qui lie ces grandes
lentilles eft abfolument identique avec elles ; il eft évident que ce n eft
¡nt une pierre compofée. Cettepierre, de même que les pièces qui
s ’ e n détachent, font an-dehors comme au-dedans, d’un gris jaunâtre,
leur firface extérieure, de même que leur caffurè, a un grain fin &
terreux ; elle exhale une odeur argilleufe , mais ne happe point à la
la langue | elle eft affiez tendre , fait une vive effervefeem* avec
l’acide nitreux , mais elle laiffe en arriéré une partie affez confidérable
d’argille jaunâtre,, non diffoute & incohérente. On pouroit être tenté
de la confïdérer comme une pierre marneufe, mais elle eft très-
réfraftaire * au lieu que la vraie pierre marneufe fe fond avec facilité;
l ’ai trouvé à Gênes, près des carrières de Carignan, cave di Cari-
onano, une pierre dont les pièces détachées font auffi lenticulaires ;
fa calibre, fon grain & fon odeur font les mêmes , mais fa couleur
eft noirâtre ; elle fait effervefcence avec les acides & y devient friable,
mais fans s’y déformer, & elle fc fond au chalumeau avec une
extrême facilité. Celle-ci donc mériteroitmieux le nom de marne pier-
reufe.
C e t t e route palfe enfuite fur des rocs d’une pierre calcaire mélangée
d’areille & de fable ;. ces rocs prennent à l’extérieur une couleur
jaunâtre“ & une apparence fableufe , parce qu’ils contiennent du fable
qui refte à la furface, taudis que les eaux diifolvent & entraînent les
parties calcaires qui lient entr’eux les grains de qpartz. J’ai vu au
Buet des pierres de ce genre , §, i 8 3...
A une- lieue & un quart d’Andora, ces rocs font efearpés contre là
mer ; mais tout près de là , au pied de la même montagne, la mer baigne
des couches de. la même nature, & qui montent contre les terres.
U ne- petite demie-lieue plus loin , on defeend par un chemin rapide
au village II Servo, fitué au bord de la. mer. Les pierres arrondies par
Calcaires
mêlées de
grains de
quartz.