Procédé §. 1419. J ’a i donc cherché le moyen de connoître avec précillon
pour h* degré de chaleur d’un couche donnée : ce moyen eft fort (impie ; il
chercher, fuffit de le chercher pour le trouver ; c’eft d’enfoncer dans cette couche
un thermomètre, préfervé de maniéré que le degré de chaleur qu’il
a pris dans la terre ne change point pendant qu’on le retire & qu’on
l’obferve : & comme on peut le retirer & l’obferver fort vite, cela n’eft
pas difficile.
J’ai pris un piquet de bois de 11 lignes de diametre, & de 6 pieds
& quelques pouces de hauteur, j’ai fait loger dans l’intérieur de ce
piquet deux thermomètres, l’un à l’extrémité du piquet, l’autre à deux
pieds plus haut ; vis-à-vis des divilions de chacun de ces thermomètres
j ’ai fait pratiquer une porte que je puis ouvrir, pour voir le degré
où eft le thermomètre fans découvrir la boule ; & celle - ci eft noyée
dans le bois, & de plus entourée de cire ou de coton, ce qui la rend
difficilement acceffible à l’impreffion de l’air. Pour introduire ce piquet
dans la terre, j’ai une tariere en fer de 7 pieds de longueur, & de très-
peu plus groffe que le piquet. On enfonce celui-ci au moment où la
tariere a fait fon trou. Il faut que le piquet féjourne dans la terre environ
pendant une heure, pour que les thermomètres qu’il renferme
prennent exactement la température de la couche correfpondante.
M ais j ’ai ob fe rv é que quand le trou eft n ou ve llem ent fa it , il faut y
lailfer le p iqu e t pendant 3 ou 4 h e u r e s , parce qu e le frottement qu’ép
ro u v e la tariere réchauffe u n p e u , & elle & la terre 3 i l faut donc
attendre l ’écoulement de cette chaleur artificielle.
C e t t e obligation de laiffer le piquet 3 ou 4 heures dans la terre,
oblige en même tems de donner au trou dans lequel on le place une
profondeur au moins de trois pieds. Si le thermomètre étoit plus voifin
de la furface, on auroit lieu de craindre qu’un changement dans la
température de l’air extérieur n’en produilit auffi dans la température
de la couche de terre qu’on éprouve. Voici fur quoi je fonde cette
crainte.
crainte- M. M a u r i c e ôbferve avec beaucoup de régularité, depuis 3
ans des thermomètres dont les boules font conftamment enfoncées
dans la terre à différentes profondeurs -, depuis 3 pieds juiqu’à la iur-
face. O r , il a vu le thermomètre enfoncé à 3 pieds, varier quelquefois
de deux degrés dans 24 heures.
I l eft vrai que c’eft là le maximum des variations dans cet efpace
de tems, & il eft vrai encore que ces variations se font dans les trois
■pieds les plus près de la furface , & ainfi les plus expofés à l ’influence
de l’air .extérieur. Cependant cela prouve qu’il faut craindre cette influence.
Mais lorfqu’aa fond d’un Creux déjà profond on fera un trou de
trois pieds de profondeur, cm n’aura pas lieu de c r a in d r e , que dans
Mpace de 3 ou 4 heures le- thermomètre, placé au fond de ce trou ,
foit affeété par l’air extérieur, fur-tout, fi l’on ne ehoïfit pas-, pour cette
expérience ■ le moment où l’air fubit fes plus grandes variations. On
pourra donc fe flatter que le thermomètre rapportera la vraie tempe-
rature qui regne dans la terre à la profondeur à laquelle on l’a plonge.
En effet, comme le piquet remplit exactement ce trou nouvellement
fait-dans la terre , il doit prendre dans chacune de fes parties la
température de la couche de terre Correfpondante, d’autant que le bois
étant un condufteur de la chaleur plus imparfait que% terre même ;
la température des couches fuperieure & inférieure , ne peut point
communiquer au travers de fa fubftance.
§. 1420, Mon appareil pour ces expériences, exécuté parM. P a u l ,
étoit prêt dès le commencement de février de l’année 178f , & j’erPe-
rois de profiter d’une occafion où l’on creuferoit quelque puits profond
pour enfoncer mon piquet garni de thermomètres. Mais , je n’ai pas
«té averti à tems, tantôt il s’eft élevé quelqu’autré empêchement.
Ire. expéi
rience fur
la tempera-
rature intérieure
de la terre.
F f