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Roche
grenue mê
langée.
tagne tout au travers des débris, mais fans rien découvrir qui nous
dédommageât de cette longue & fatigante route ; la ferpentine dont
cette partie de la montagne eft couverte, ne préfente aucune variété
intéreffante.
M a is j’eus du plaifir h voir les deux jolis petits lacs d’Avigliami ,
que je découvris à l’Eft au pied de la montagne, après avoir fuivi,
pendant affez long • tems un fentier très-étroit qui fe prolonge dans
cettediredion. On verra dans peu, ce qui me fit trouver quelqu’in-
térèt à la vue de ces pelits lacs. ;
En longeant ainfi la montagne du couchant au levant, j’avois en
face de moi la montagne de Mufinet, qui eft comme celle de St. Michel
, la derniere des Alpes, de ce côté du Piémont ; & comme elle
auffi compofée de ferpentine: nous reverrons cette montagne dans le
Chapitre X I I . Cette excurfion nous prit quatre heures en tout ; mais
fi l’on ne perdoit point de tems, -& qu’on revint par le même chemin
, on pourrait la faire en trois heures.
. §. 1293. E n reprenant la route de Turin, 011 rencontre a un quart
-de lieue au-delà de St. Ambroife, fur la gauche., de petits rochers
noirâtres au-dehors, & .d’un verd jaunâtre au-dedans ; leur cathare
grenue vue à la loupe, préfente un mélange de dëlphinite jaunâtre, de
hornblende verdâtre, de feldfpath & de mica blanc, le tout en petits
grains ou en petites lames. Les proportions de ces ingrédiens varient
dans les différentes parties du rocher. Dans les endroits où la delphi-
nite domine, la pierre eft dure & donne des étincelles contre l’acier ;
& je l’aurois autrefois nommée fchorfau maffe■ Alais dans ceux où
dominent la hornblende & le mica, la pierre eft tendre, & aurait pu
être nommée roche de corne. Les couches de ces rochers font verticales
& courent comme l’aiguille aimantée. Elles font coupées obliquement
par un filou .blanc de 7 à 8 pouces d’epaiffeur, prefquentièrement
compofé de feldfpath , qui .préfente çà & la.les angles trihedres de les
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cryftaux rhomboïdaux, & danslefquels on trouve par places des nids
de mine de fer fpéculaire attirable à l’aimant. Le feldfpath fe fond
aifément en un verre parfemé de quelques bulles, niais fans couleur
& de la plus parfaite traufparence.
§. 1294. Peu après on paffe fous la tour pittorefque, & enfuite Avigliana,
par le village d’Avigliana , élevé , fuivant l’obfervation de M. d e L u c ,
de 189 toifës au-deffus de la mer. La petite montagne pyramidale dont
cette tour occupe le faîte , eft compofée de ferpentine.
C ’est à peu près là que fe termine la chaîne des montagnes qui borde Sorta^
le côté méridional de cette vallée; la chaîne feptentrionale,'de l’autre es pe!i‘
côté de la Doire, fe prolonge un peu ' davantage. Mais de là jufqu’à
Turin on ne rencontre plus de montagnes proprement dites; les
hauteurs fur lefquelles on paffe en allant d’Avigliana à Rivoli, font
toutes des collines tertiaires.; c’èft- à - dire , des amas de fable, de
cailloux & de grands blocs roulés ( 1 ) qui ont été dégorgés daus cette
vallée pas la grande débâcle dont j’ai fouvent parlé. Ces collines mêmes
fe terminent au-delà de Rivoli, & de Rivoli à Turin, il n’y a plus que
des plaines.
§. 129t. Comme je defirois me former une idée diftinfle de la forme
de ces collines tertiaires , je m’arrêtai dans mon dernier voyage à la nes ae
pofte de Rivoli ; de là je montai au château, & du château à une cha- débris,
pelle qui eft à l’Oueft, & qu’o n . me dit porter le nom dè St. Gras.
On a delà une vue très-belle & très-étendue fur les plaines du Pie'-
( i ) Frappé de la grandeur d'un de ces
blocs, qir’on rencontré aii-deîà d'e Se. Ani-
broife, j’eus la curioftté de le mefurer,
je lui trouvai ço pieds de longueur fur
20 à 50 de.hàùteur, & 20 de: largeur ; ce
qui fait 2^000 pieds cubes. Il eft vrai
qae e’eft une ferpentine dure, & que la
derniere lifiere des ‘Alpes étant de cette
efpece de pierre, on peut fuppofer qu’elle
ne vient pas de loin.
N a