424 D E T A I N
O n trouve'fréquemment dans les fentes de cette roclie, de petits
cryftaux de quartz, & quelquefois de feldfpath rhomboïdal, formés
par infiltration. Les roches de ce genre continuent à St. Vallier, &
même au-delà, jufques à moitié chemin de St. Rambert.
St.Vallier. §. i62f. Les environs de St. Vallier font alfez riants; on y voit
des prairies arrofées, des vergers, des haies d’aubépines d’une hauteur
& d’une épailfeur peu communes. Toute cette verdure frappe
d’une maniéré agréable, fur-tout au printems, & quand on vient du
côté du Nord, après avoir traverfé les trilles & arides plaines de cailloux
des environs de St. Rambert.
Plaine de E n effet, à trois quarts de lieue de St. Vallier, les montagnes
Sailloux. s’éloignent à l’Ëft & le Rhône à l’O ueli, & l’on fe trouve dans une
plaine femblable en petit à celle de la Crau. Les cailloux qui la couvrent
lont moins gros que ceux de la Crau dans le voifinage de
Sallon, mais bien autant que ceux de cette même plaine dans le
voifinage d’Arles. Les meuriers y croiffent, mais le feigle y paroit
bien milérable. Les cailloux font encore, comme ceux de la Crau,
prefque tons de quartz ou degrés dur, d’un blanc grifâtre au.dedans,
mais fujets à prendre au-dehors des teintes noires, jaunes,, ou rougeâtres.
A St. Rambert, on fe rapproche du Rhône; mais pour s’en
éloigner encore, & l’on va au péage de Roflillon, & de-là jufques
au - deffus d’Auberive par des plaines de cailloux femblables taux
précédentes,
Aubetlve. §• 1626. D e ces .plaines, on defcend au village d’Auberive, qui
fableblahc ^ans un au b°rd d’un affez .joli ruiffeau nommé la Valèze,
En faifant cette defcente, on voit à fa gauche un banc, épais de plus
•de 20 pieds,, d’un beau fable blanc quartzeux, qui n’eft pas affçz
incohérent pour s’écouler de lui-même , mais qui pourtant ïè divife
entre les mains. 11 ne contient aucun caillou, ni aucun autre corps
étranger ; mais il eft recouvert d’un banc d’argille grifâtre fur laquelle
A y 1 E N N E , Chap. X X X y I I . 4 2 ?
repofe une grande épaiffeur de cailloux roulés, mêlés de terre rouge
& de grands blocs de granitoïdes. On dit qu’on emploie ce fable
dans la fabrication du verre blanc.
A près avoir paffé la Valeze, on remonte fur un plateau couvert
de cailloux comme les précédents. En faifant cette montée, fi l’on fe
retourne du côté d’Auberive, on verra le banc de fable blanc fe prolonger
horizontalement à l’Eft & à l ’Oueft dans l’efcarpement des falaifes
qui dominent la riviere.
§. 1627. J e trouvai fur cette route des excavations confidérables
que l’on avoit faites pour en tirer du gravier. J’entrai dans une de ces Alpins>
excavations : je vis là les cailloux roulés repofer fur un fond de
fable ; mais c’étoit du fable ordinaire qui n’étoit point le beau fable
blanc d’Auberive. Et ce qui m’étonna beaucoup, fut de trouver entre
le fable & les cailloux, un bloc énorme d’un rocher dont j’ai perdu
les échantillons, & que je défignois feulement fous le nom de
roche primitive dure. On le brifoit pour employer fes fragments à
à la conftruétion d’un pont que l’on devait établir dans le voifinage.
C ’est ainfi, comme je m’en plaignois ailleurs, que l’on détruit
ces curieux veftiges des révolutions de notre globe. Il étoit d’autant
plus remarquable, que c’eft le feul que j’aie vu de cette grandeur
dans cette partie de la France. Mais, & celui là , & ceux que j’avoîs
vus au-deffus du fable blanc d’Auberive, prouvent qu’il a paffé là un
courant confidérable, qui probablement defcendoit des Alpes du
Dauphiné.
§. 1628. Après avoir fait depuis Auberive une lieue1 fur un plateau Vienae
couvert de cailloux, on defcend avec plaifir au bord du Rhône , p ar
un chemin coupé dans des galets, qui font en partie réunis en forme
de poudingues grofliers.
Sous ces poudingues, on trouve le roc primitif, & la montagne
à droite du chemin eft conftamment de ces mêmes .roçhers. jufques
à Vienne; ici, de granits durs; là, de fchiftes micacés tendres.