tagne couronnée par des rocs fourcilleux, ce glacier defcend hé ri (Té
de pyramides de glaces, variées par leur grandeur & par leurs formes
; il fe refferre eniuite pour palier entre deux rochers, après quoi
il s’élargit de nouveau en éventail, & vient former un immenfe feg-
nient de fphere, du fomniet duquel partent, comme d’un centre,de
profondes^crevafTes, couleur d’aigue marine, qui aboutiifent à fa circonférence.
Au bas de ce fegment, s’ouvrent deux arches, ahilî de
glàce, d’où forteut avec impétuofité deux torrents, qui après s’être
réunis, viennent porter à la fource du Rhône le premier tribut
qu’elle reçoive.
Rhône* dU ' ^ e^et> ces deux torrents quoique venant de plus haut
& avec un volume d’eau vingt fois plus grand, ne portent point
le nom de fource du Rhône ; les gens du pays les nomment avec
une forte de mépris, eaux des neiges, ou eau du glacier ; tandis
qu ils montrent avec une efpece de vénération & honorent comme
fource du fleuve, une fontaine qui fort de terre au milieu d’une
petite prairie. Plufieurs voyageurs fe font moqués de cette préférence,
le bon S c u e v c h z e r la tourne en ridicule, & dit que c’eit
une efpece de folie, ou de maladie de l'entendement «W* ™
que les Vallaifans appellent fource du fleuve, un petit filet d’eau
qui- vient lui-méme fe réunir à un courant beaucoup plus confidé-
rable, & qui defcend d’un lieu plus élevé.
f 1* J’étois étonné de cette Angularité, & je cherchois à en deviner
là caufe, lorfqu’en goûtant cette eau & en y plongeant la main, je
lui trquvai un degre de chaleur fenfible : je crus d’abord que c’étoit
une illufion, mais j’y plongeai le thermomètre , & je le vis monter
3 14 3 de la divifion en 80 parties, tandis que la température de
toutes les eaux du voifinage s’élevoit très-peu au-deifus dü ternie de
la congélation, excepté une autre petite fource qui participe auffi
à l’honneur d’être une des fources du Rhône.
D V R a O N E , Chap. y 1 /.
C e t t e obfervation, que je fis pour la première fois en 1775, &
qui étoit alors abfolument nouvelle, me parut intéreflante. Je compris
que ces eaux devoient Conferver leur température en. hiver, & les
bergers qui gardoient leurs troupeaux dans ces prairies, me dirent qu’en
effet, dans les froids les plus rigoureux, tandis que tous les alentours
étoient envahis par les frimats, ces fources faifoient fondre la
neige, & confervoient toujours la verdure qui les entoure. D ’après
ce fait, & l’efpece de culte que l’on rendoit autrefois aux Divinités
des fontaines, fur-tout lorfqu’elles réfiftoient aux froids de l’hiver ,
&le merveilleux dont on cherchoit à environner les fources des grands
fleuves, il eft bien naturel que ces fontaines aient eu un nom qui
leur appartînt en propre, & que leurs eaux, tout à la fois chaudes,
perpétuelles & toujours limpides, paruifent avoir fur les eaux troubles
& froides du glacier, une efpece de prééminence qui les fît
regarder comme le féjour de la Divinité du fleuve, & qu’ainfl elles
lui dannalfent leur nom.
Q u a n t au nom même de la fource, qui eft der Rothe dans la
langue du pays, d’où eft venu vraifemblablement le nom de Rhône ;■
je crois qu’il eft relatif à un fédiment rougeâtre que dépofent les
eaux de ces fources ; car dans la langue allemande, de même que
dans la langue celtique, le mot rotb lignifie rouge.
L a hauteur de cette fource eft, d’après mes obfervations du baromètre
, de 900 toiles au-deflus de la Méditerranée. Or, il eft fi extraordinaire
de trouver une fource chaude à une telle élévation, & de
la trouver au milieu des glaces, qu’il étoit intérelfant de rechercher
fa nature, & de voir fi cette recherche ne donneroit point d’indication
fur la caufe de fa chaleur.
... §. 1710. D a n s ce deifein, j’y-portai , en 178.J, quelques réaétifs,
avec de petits verres, que je lavai dans l’eau même de la fource,
& j’en fis l’épreuve fur les lieux. La folution de foude ne la trouble
P p p i
Source d«
Rhône
éprouvée
parle«
réaétifs.