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bien in'téreffant par les indudions que l’on peut en tirer. La plaine on
plutôt la vallée du Mont-Cenis eft ouverte ,' comme je l’ai dit, au
Nord-Oueft, du côté de la Savoye, & au Sud-Eft du côté du Piémont ;
tandis qu’au Nord-Eft & au Sud-Eft, elle eft bordée de hautes montagnes.
Sur le foir, les vallées, tant du côté du Piémont, que du côté
de la Savoye, étoient remplies de nuages; & par un hazard affez extraordinaire,
il fouffloit des vents appofés en Savoye & en Piémont; ainfi
le rendez-vous de ces vents étoit dans la vallée du Mont-Cenis; &
& l’on voyoit des nuages entrer dans cette vallée par fes deux extrémités
oppofées. On croirait donc qu’elle auroit du être bientôt remplies
de nuages, & point du tout; à mefure qu’ils y entroient, foit
d’un côté, fait de l’autre, ils fe Fondoient dans l’air & difparoiffoient
¡entièrement; enforte que malgré la quantité de nuages qui ne cef-
foient d’y entrer, l’air y demeurait toujours clair & tranfparent.
On ne peut rendre raifon de ce phénomène, qu’en confidérant que
l ’air qui rempliffoit la vallée du Mont-Cenis, dont les parois avoient
été réchauffées dans le jour par le foleil, étoit plus chaud que les vents
qui apportoient çes nuages ; & qu’ainii les véficules dont ces mêmes
nuages étoient compofés, fe diffolvoient à mefure, & fe réduifoient en
sapeurs tranfjjaren-tes : mais l’air de cette vallée auroit été ‘bientôt
faturé par l'affluence des nuages qui entroient par ces deux embouchures,
fi la chaleur même de cet air n’avoitpas produit un vent vertical
qui enleyojt ces vapeurs tranfparentes à mefure qu’elle fe formoient.
Ma is enfin le baifin fe refroidit, le vent vertical ceffa , & la plaine
demeura couverte d’un brouillard extrêmement épais. Les vapeurs que
le vent vertical avoit accumulées.¡dans le haut de l’athmofphere retombèrent
pendant la nuit, llpleuvoit encore le lendemain matin, & le
brouillard mêlé de pluie étoit doué d’une éleélricité qui faifoit écarter
les boules de mon éleélonietre de fix lignes. Je donnerai ailleurs des
preuves encore plus direétes de ces vents afcendans ou verticaux ,
donc M- de Lvc à cru pouvoir contefter l’exiftence.
CHAPITRE IX
C H A P I T R E IX.
D E L A N O V A L E Z E A T U R I N .
S 1283. -E n venant de la Savoye, on eft enchante, je le répété, de Environ*
l a b e l l e végétation des environs de la Novaleze ; la vigne mariée
arbres, &même aux arbres fruitiers, couvre toute la campagne, &
permet’ encore au terrain qu’elle couvre de« donner des récoltes de
grains. J’avois laiffé les prairies du Mont-Cenis déjà flétries & brûlées
parles rofées blanches; & je retrouvai à la Novaleze les beaux verds
diverfement nuancés qui caracUrifent le commencement de l’automne.
Ces produâions auffi abondantes que variées, donnent un afpect riant
à cette vallée étroite & tortueufe. Les montagnes mêmes qui la bordent
font tellement couvertes d’arbres, qu’on ne peut point diftinguer la
nature de la pierre dont elles font compofées. On n’en juge que par
les débris accumulés le long des chemins.
C es débris, auprès de la Novaleze, font des fchiftes micacés ; les mai-
fons du village font couvertes de grandes dalles de cette pierre ; mais
plus bas les débris font de fefpentine : les murs qui bordent hv grande
route font remplis de variétés de cette pierre, on en voit u pus
beau verd; quelques-unes ont des lames & des filets d’asbefte qui leur
font adhérens i on y rencontre auffi des fragmens calcaires.
§. 1284. L a chaleur & l’humidité concentrées dans cette vallée étroite, Gol,êtres.
fermée au Nord & ouverte au Midi , font fans doute les . caufes .productrices
de cette belle végétation; mais ces mêmes caufes produvent
en revanche des gouëtres & des crétins. En effet > on en^rencon rp