conduire lui-même, malgré la chaleur, qui étoit extrême, à un bac ou
je paflài la Maggia, à un quart de lieue au-deiTous de Cevio.
De Ce- §. 1784. Mes mulets, dont le conducteur connoiiïoit l’averfion pour
meo* S°' lcs bacs > furent obUSés de faire un grand détour pour aller chercher
un pont fur lequel ils pafferent la riviere. En les attendant, je me repo-
fai à l’ombre, fur les marches d’un oratoire, où je travaillai au journal
de mon voyage.
D e là , je voyois au-deifus de Cevio de belles couches afcendantes
contre le Nord-Oueft, & coupées par conféquent à angles droits, par
la vallée qui defcend du Nord-Queft au Sud-Eft. Bientôt après le chemin
paife fur une corniche au-deflùs de la riviere ; cette corniche eft
taillée dans un granit veiné dont lçs couches font fituées comme celles
dont je viens de parler.
Je m’arrêtai à une lioue & demie au-deflous de Cevio , dans un village
nommé Someo, pour dîner, & laifler paffer la chaleur qui fatiguoit les
iiiulets plus que les pentes rapides des montagnes que nous avions
pafiees ; je trouvai ce village éléyé de 294 toifes,
Sur la § . Je rencontrai là un jeune médecin deLocarno , qui me dit,’
vapeur, que lorfque le fameux brouillard avoit commencé à paraître dans ce
pays j il avoit une odeur de brûlé t'rès-fenfible ; plufieurs autres perfonnes
me confirmèrent ce fait. D’après cela ce médecin ne doutoit pas que ce
brouillard ne fut compofé de fumée, ou de vapeurs.forties de l’intérieur
la terre par la même caufe, q u i, dans la même année, avoit produit
les tremblements de terre de la Calabre. IL ajoutait queperfonne.n’en
avoit été incommodé, & que dans le pays, il y avoit plutôt moins de
malades qu’à l’ordînâire. Au refte , dans ces derniers jours, cette vapeur
avoit été nulle ou prefqu’imperceptible.
¿ w ° §, 1^85. Jusqu’à Someo. la vallée eft a (fez étroite; & quoi qu’elle
ajt un fpnd , la riviere ou les graviers qu’elle charrie l’occupent prefqu’cn
A L O C A R N O , Chap. X. yi*
qu'en entier ; mais plus bas, elle s’élargit & commence à être cultivée
par places.
A demi-lieue de Someo Pon palle à Giumaglio, & bientôt après l’on Couchet
rencontre une cafcade où les couches du roc micacé quartzeux, font cencralei.
prefque verticales. On palfe l’eau de cette cafcade fur un pont d’une
feule arche, remarquable par fon amplitude ; mais auili d’une élévation
ridicule & même dangereufe par fa rapidité.
A 12 minutes de Giumaglio l’on paffe à Coglio; & à 10 min. de ce Conches
village , le chemin eft fitué fur une corniche où les couches defchifte ^°rizon'
micacé, ou plutôt de gneifs, font ondées & fe rapprochent de la fituation
horizontale, en fe relevant cependant toujours contre le Nord-
Oueft. Le village de Maggia, qui a donné fon nom à la vallée, eft à
35 minutes de Coglio.
§- 1787. A 25 minutes de Maggia, le chemin paife fur le gravier de Schiftes
la riviere , & là, on côtoie des rochers dont les couches font redeve- rut>an^!
nues prefque verticales ; leurs plans courent de l’Eft Sud-Eft à l’Oueft vertlcauï<
Nord-Oueft. Ce font des fchiftes micacés dont l’agrégation varie.
Dans les uns , le mica & le quartz font mélangés dans les mêmes
feuillets de pierre ; dans d’autres, on voit des veines de quartz blanc
grenu, à peu-près pur ; l’enfemble forme une pierre rubanée, dont
on fuit les rayes diftinétes à de grandes diftances ; mais ces feuillets ne
confervent point par-tout la même épaiflfeur; ils font, ici renflés; là,
étranglés. Cette pierre fe divife d’elle-même en trapézoides.
§. 1788- O n fait ainfi environ trois quarts de lieue toujours fur le Vue gé.
fable ; après quoi, l’on gravit fur une corniche très-élevée & très-étroite, ye |aj^ d*
abfolument à pic au-deflus de la riviere. Du haut de cette corniche , gia,
011 voit d’un coup-d’oeil, en fe retournant, une grande partie du haut
de la vallée que l’on vient de parcourir. Elle eft remarquable par fes
çndentures & par la correfpondance de les angles faillants & rentrants.
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