
 
        
         
		580  P U R 
 a perfiftoit  dans Ton  accufation :  alors  l’accufateùr.,  
 » pour preuve  de  la vérité, &  l’acculé, pour preuve  
 »  de fon  innocence, ou tous deux enlémble, deman-  
 » dotent le  combat. Voyez C om b a t . 
 « Lorfque  dans  les  affaires  douteufes  ,  ajoute  le  
 » même auteur, on déféroit le ferment à l’accuie, il  
 yy n’y  avoit rien que de raifonnàble 6c d’humain. Dans  
 »  le  rifque  de  condamner un innocent,  il étoit jurte  
 »  d’aVoir  recours  à  fon affirmation, 6c  de  laiilér à  
 » Dieu la  vengeance  du parjure.  Cet ufage  lu b fille  
 »   encore parmi  nous.  Il  ell  vrai  que  nous  l’avons  
 » borné  à  des cas  de peu  d’importance, parce  que  
 »notre  propre  dépravation  nous  ayant  éclaire  lur  
 » celle des autres,  nous a  fait connoître que  la pro-  
 »  bité  des hommes tient  rarement  contre  de grands  
 » intérêts ». Mém. de C Acad. tom. xv. 
 On n’appelle plus  cette forte de preuve en juftice',  
 purgation canonique ,  mais  Amplement  preuve  par Le  
 ferment, ou affirmation ;  6c toute perfonne en ell crue  
 fur  fon  affirmation, s’il n’y  a point de  titres  ou  de  
 preuve  teltimoniale au contraire. 
 PU RG ATO IR E ,  f. m.  ( Théol.) Selon les Théologiens  
 catholiques,  c’ell  l’état  des  âmes  qui  étant  
 forties de cette vie fans  avoir  expié  certaines  fouil-  
 lures qui  ne méritent pas la damnation éternelle , ou  
 qui n’ont pas expié en cette vie les peines dues à leurs  
 péchés, les expient par les  peines  que Dieu leur im-  
 pofe avant qu’elles jouiffent de fa vue. 
 Quoique ce terme ne le trouve pas dans l’Ecriture,  
 cependant la chofe qu’il lignifie y   ell clairement  exprimée  
 ,  l’utilité de la priere pour les morts étant recommandée  
 dans  le  II. Liv.  des  Machabees, ch.  x ij.  
 y . 4 3 ,6 c  dans la  II.  épie, à Tim.ch.j. v. 18. D ’ailleurs  
 la  tradition  de Téglife  a  folidement établi ce dogme  
 que  les Protellans rejettent.  Les  Grecs  l’admettent  
 auffi-bien que les Latins, 6c ne difputent  que  fur  le  
 nom  du lieu où font détenues ces âmes, qu’ils appellent  
 enfer, 6c que nous  nommons purgatoire. 
 Les Juifs reconnoiffent une forte àz purgatoire, qui  
 dure pendant toute la première année qui fuit la mort  
 d*  la perfonne décédee.  Selon  eux, l’amç, pendant  
 ces douze mois, a la liberté de venir vifiter fon corps,  
 revoir les, lieux 6c les perfonnes auxquelles elle a  eu  
 pendant  la vie quelqu’attache particulière.  Ils  nomment  
 ce purgatoire, le fein d ’Abraham ,   le trèfor des v ivons  
 , le jardin d ’Eden, la gehenne fupérieure, par op-  
 pofition à l’enfer, qu’ils appellent [zgehenneinférieure.  
 Le jour du fabbat efl;, félon eu x , un jour de  relâche  
 pour les âmes du purgatoire ;  6c au jour de l’expiation  
 folemnelle, ils font beaucoup de prières  6c d’oeuvres  
 fatisfa&oires  pour  les  foulager.  Voyez E xpiation.  
 Leon de Moden. cérém. des Ju ifs , part.  V. ch.  x. 
 Les Mufulmans admettent auffi. troisforteçdepurgatoires  
 ; le premier  qu’ils  nommertt  adhab-aï-cabor ,  
 ou La peine du fipulcre ,  où  les  anges noirs,  Munkir  
 6c N ekir, tourmentent les méchans.  Voyez Munkir  
 &  Ne k ir . Le  fécond qu’ils  appellent araf  
 entre le paradis 6c l’enfer. On n’efl pas d’accOrd yqùi  
 font  ceux  qui  demeurent  dans  cet  araf.  L e s1 uns  y   
 placent  les  patriarches, les prophètes,  les  martyrs  
 6c les fideles  les  plus pieux ; mais  d’autres  docteurs  
 n’y  mettent que les Mahométans  ,  dont la  vie  a  été  
 ■ également mêlée de bonnes 6c de mauvaifes aâions :  
 ils  voient  de-là  la béatitude  célelle fans  en  jouir ;  
 mais  au jugement ils y  feront admis,  parce  qu’alors  
 les adorations qu’ils rendront à Dieu, détruiront cette  
 égalité qui  fe  trouvoit  entre  leurs  bonnes  6c  leurs  
 mauvailes oeuvres, 6c feront donner récompenfe aux  
 premières. Enfin ils en ont un troifieme nommé bar-  
 %ak,  c’efl-à-dire  l’efpace  de  tems qui  doit s’écouler  
 entre la mort &  la réfurreétion,  6c  pendant ce  tems  
 il  n’y   a  ni  paradis  n;  enfer.  D ’Herbelot  ,  bibliot. 
 oriental, pag.  S y ,  12 2   &  i<)i. 
 PU RGEOIRS, f.  m.  pi.  ( ArchiteH.) On  appelé 
 PUR 
 purgeoirs, des  baffins  chargés  de  fable  ,  par  où des  
 eaux  des  lburces  paffent,  6c  où  elles  fe  purifient  
 avant  que  d’entrer dans  les canaux.  Dans  tous  les  
 aqueducs , il  doit y  avoir des purgeoirs  placés  à dil-  
 tance , 6c il  faut avoir le foin d’en renouvellér  le  fable  
 tous  les ans.  (D .  J.') 
 PU R G E R , v .  a£t. (  Gram.)  Voyez  PURGATIF  &  
 Purgation. 
 Purger , Pu r g é ,  (Marine.)  C’efl racler 6c nettoyer  
 les  dehors  pour enlever  le  gaudrort trop ancien  
 ,  6c  en  mettre  de nouveau.  On  dit, dehors  &  
 ponts purgés par la racle de  tout ancien goudron. 
 Purger , en terme de Parfumeur ,   c’efl  un  apprêt  
 qu’on fait aux peaux pour  les  mettre  en  état  d’être  
 employées à tous ouvrages de  ganterie, 6c  de  recevoir  
 l’odeur qu’on  veut leur donner.  On  purgé  les  
 peaux en  les  foulant plufieurs  fois dans de  l’eau ,  6c  
 en les laiffant tremper quelque tems  dans de  l’eau de  
 melilot, qui efl la meilleure pour cet effet. 
 Purger le fucre,  (Sucrerie.)  c’efl  en  ôter  toutes  
 immondices ,  ou  en  faire  couler les  fyrops  qui ne  
 peuvent pas le grener.  Le  fucre  brut  fe purge  dans  
 des  barriques ; les  caffonnades  6c  les fucres  blancs  
 dans des formes.  (D . J .) 
 PURGER1E ,  f. f.  c’efl un grand magafin  peu élevé  
 , plus  ou moins confidérable ,  fuivant la quantité -  
 de fucre  que l’on fabrique dans une habitation fucre-  
 rie. On en voit deeentà cent vingt piés de longueur ,  
 fur vingt-huit à trente piés de largeur , pouvant contenir  
 feize à dix-huit cens formes de fucre placées fur  
 leurs pots ;  ce bâtiment doit  être  ifolé ,  folidement  
 bâti, 6c fuffifamment  éclairé de fenêtres qui puiffent  
 fe fermer  avec des contrevents.  On  conftruit  quelquefois  
 à l’une de fes  extrémités un foufneau de maçonnerie  
 , fur lequel font montées  deux  chaudières  
 de métal,  fervant à faire cuire 6c à rafiner les fyrops  
 provenant des pains de fucre que l’on a mis à égoutter,  
 ainfi  qu’on le  dira  en fon lieu. Près de la purgerie on  
 éleve des appentis,   efpeces  d’engards  foutenus  par  
 des poteaux,  pour  mettre  à  convert ies  canots  ou  
 grandes  auges  de bois fervant à piler  le fucre  avant  
 de  l’enfermer dans des futailles. C’efl auffi aux environs  
 de la purgerie que  font placées  deux  cuves  de  
 pierre , dont  l’une que l’on appelle  bac à terrer,  fert  
 à préparer  la  terre  qui  doit  être  mife  fur  le  fucre  
 pour leblanchir, 6c l’autre étant remplie d’eau claire,  
 reçoit  les  formes qu’il convient de faire tremper pendant  
 vingt-quatre  heures  avant  de  les  employer.  
 Voyt% Sucre. 
 PU RGO N ,  -( Critiqfacrée. ) Ce mot dans S. L u c ,  
 ch.xiv. 28 , n’eflpas ici auffi-bien traduit par une tour,  
 comme il  le feroit par un grand édifice ou un palais ;   
 ainfi  Horace dit que  la  mort  frappe  également  les  
 cabanes des pauvres  &  les tours  des  rois ;  ce  font  
 les palais  des  rois.  Suétone,  in Néron, ch. x xxvïij.  
 appelle le palais de Mécenas, turris Maceniana. Arif-  
 tophane  donne le même nom  à la  maifon  de Timothée  
 ,  Tt/xorto Tiùfyoç in Plat. v.  180.  (D .  J . ) 
 PURIFICATION,  f.  f.  cérémonie  des  Juifs  ordonnée  
 dans  le  Lévitique , ch. x ij. par laquelle  les  
 femmes  qui  étoient  accouchées  d’un  enfant  mâle,  
 étoient cenfées  impures pendant  quarante  jours, 6c  
 celles qui  avoient mis  au monde une fille,  pendant  
 quatre-vingt jours,  après lefquels  elle  fe  préfentoit  
 au temple pour pouvoir  enfiute  participer aux cho-  
 fes faintes. 
 Lorfque les jours de la purification  étoient accomplis  
 , elle  portoit à l’entrée du  tabernacle ou du temple, 
  un agneau pour  être offert  en holocaufle-,  6c le  
 petit d’un pigeon ou  d’une tourterelle pour le péché.  
 Les pauvres offroient deux tourterelles  ou deux  petits  
 de colombe. 
 Par  une  autre  loi  énoncée  dans l’Exode  ,  Dieu  
 Vouloir qu’on  lui  offrît tous  les  premiers  nés, qui 
 P U R 
 feroientrachetés pour un  certain  p r ix ;  c’étoit  cinq  
 ficles pour les garçons ,  6c trois pour les filles. Voyez  
 Si cle. 
 Purification  de  la  sainte Vierge , fête folemnelle  
 que  l’églife  romaine  célébré tous les  ans  le  
 2  de Février, en mémoire de ce que la fainte Vierge,  
 par humilité,  fe préfenta  au temple pour  fatisfaire à  
 la loi de M oïfe, dont nous avons parlé dans l’article  
 précédent. On la nomme encore la fête de la préfenta-  
 üon de Jéfus  Chrifi 6c la chandeleur-,  Voyez CHANDELEUR. 
 Quelques-uns ont écrit que cette fête  fut inflituée  
 fous l’empire de Juflinien , 1 ’an  542, à l’occafiôn d’une  
 grande mortalité qui  emporta cette année là pref-  
 que  tous  les  habitans  de  Conftantinople ;  mais on  
 croit communément qu’elle efl plus ancienne, &  que  
 ce prince ne fit qu’en fixer le jour au fécond Février,  
 &  ordonner  qu’on la célébreroit d’une maniéré uniforme  
 dans  tout l’ empire.  C’efl  la première fête de  
 la Vierge qui ait été de précepte pour la ceffatioh des  
 oeuvres  ferviles.  Elle l’étoit déjà en  France  du tems  
 du roi Pépin.  Bollandus 6c Bailiet, vies des faints. 
 Purification  des  trompettes ,  (Hiß. anc.)  
 tubilufirium, étoit une fête chez les anciens  romains.  
 On appelloit ainfi le  jour auquel ils faifoient la purification  
 de leurs trompettes facrées, 6c la cérémonie de  
 cette purification s’appelloit de même, 6c fe  faifoitle  
 cinquième 6c  le  dernier jour de la fête  de Minerve.  
 Cette derniere  fête  s’appelloit  quinquatrus ou quin-  
 quatria, &  on  la célébroit deux fois par an. 
 Ce mot efl compofé de tuba, trompette, 6c de luflro,  
 je  purifie. 
 Purification,  (Chimie.)  opération  chimique  
 qui confifle à féparer d’un corps des fubflances étrangères, 
   auxquelles il  n’étoit mêlé  que  fuperficielle-  
 ment  ou  aggrégativement.  C’efl par  cette derniere  
 circonflance que  la purification différé  de  la fépara-  
 tion  chimique proprement dite.  On purifie le nitre,  
 par exemple,  en  le  féparant  de  certains  autres fels  
 confondus ou  conflitues dans  une  efpece d’aggréga-  
 tion avec lui. Cette opération fe fait par le moyen de  
 la  cryftallifatiori;  car  les  cryflaux  diflindls  6c  bien  
 formés de nitre,  n’admettent point de ces  fels, dont  
 les uns,  tels que  le  nitre  à  bafe  terreufe, 6c  le  fel  
 marin à bafe terreufe, font incapables de  cryflallifation, 
   6c  un  autre,  favoir,  le  fel marin  cryflaliifé  
 dans d’autres  circonflances que  le  nitre.  La  rectification, 
  la filtration, la defpumation, la clarification,  
 font des efpeces de purification. Voyez ces articles. 
 La purification des fujets pharmaceutiques s’appelle  
 dépuration.  Voyez DÉPURATION, ( b ) 
 PURIM, f. m. nom qui en hébreu lignifie forts,6c que  
 les juifs modernes donnent à une de leurs fêtes qu’ils  
 célèbrent en mémoire d’Eflher,parce que cette reine  
 empêcha que les Juifs captifs à Babylone, ne  fuffent  
 entièrement  exterminés par Aman.  Ils  ont ainfi ap-  
 pellé cette fête à caufe des forts dont il  efl fait mention  
 dans le ix. chap. du livre d’Eflher.  Leon de Mo?  
 dene,  dans  fon  traité des  cérémonies  des  Ju ifs ,  part.  
 I l l . chap.  x. dit que cette fête dure deux jours, dont  
 le premier efl  le plus  folemnel, &  efl précédé  d’ün  
 jeûne. Pendant  ces deux  jours  tout travail ou négoce  
 efl interdit.  On  lit  le  premier  jour  tout le livre  
 d’Eflher. Pendant la leClure  les auditeurs, lorfqu’on  
 prononce le nom  à.'Aman,frappent des mains en ligne  
 de  malédiction.  On  fait  ce  jour-là de  grandes  
 aumônes  en  public ;  les  parens  s’envoient  réciproquement  
 des préfens ; les écoliers en font à leurs maîtres  
 ; les chefs  de famille  à  leurs  domeftiques ,• &c.  
 Enfin la  fête  efl  fignalée  par  des  feflins &  d’autres  
 marques de  joie, à l’imitation de ce qui efl rapporté  
 au dernier chapitre du  livre d’Eflher,  qu’ en  recon-  
 noiffance de leur délivrance,  les Juifs firent des banquets, 
   s’envoyèrent  des préfens  P un  à  L'autre,   & des 
 PUR   5 8 1 
 dons aux pauvres. Le fécond jour fe paflê en un fortin  
 que chacun s’efforce de rendre le plus fplendide qu*il  
 lui eft poffible. 
 PU R IST E , f. m. (Gràmm.) 6n nomme purifie, une  
 perfonne  qui affeCte fans ceffe une grande pureté dô  
 langage.  Ces fortes de gens, dit  la Bruyere, ont une  
 fade attention à ce qu’ils difent,  6c l’on fouffre  avec  
 eux dans la converfation de  tout le travail de leur ef-  
 prit ;  ils  font comme  paitris  de phrafes, 6c de petits  
 tours d’expreffion, concertés dans leur  gefle & dans  
 tout leur maintien ; ils  ne hafardent  pas  le moindre  
 mot, quand il devroit faire le plus bel-effet du monde  
 ; rien d’heureux ne leur  échappe ;  rien  chez  eux  
 ne coule de fource 6c avec  liberté  :  ils parlent  proprement  
 6c  ennuyeufement  :  ils  font  purifies.  
 (Z)./.)  f   J   ‘ 
 PURITAINS,  f.  m.  pl.  (Hifi.  eetlif.  mod.)  c’ert  
 ainfi que l’on nomma en Angleterre les parti fans d’une  
 feCte de la religion proteftante, qui faifoit profêf-  
 fion d’une plus  grande pureté que  les autres dans la  
 doCtrine 6c dans les moeurs, 6c qui fous ce prétexte ,  
 fe livra  à toute la fureur  6c  les èxcès que  le fanatif-  
 me puiffe infpirer.  Henri  VIII. en fe  féparant de  f ’e-  
 glife  romaine ,  avoit confervé prefque tous les dogmes  
 que cette églife  enfeigne, ainfi que la plus grande  
 partie des  rits  6c  des  cérémonies  que  fort  culte  
 preferit. Sous Edouard VI. fon fils, les miniflres qui  
 gouvernoient durant la minorité de ce  ce prince,fa-  
 vorifant les opinions de  la réforme, firent que la religion  
 anglicane s’éloigna encore davantage de la foi  
 catholique.  Sous  le  régné de Marie,  qui en  confer-  
 vant l’ancienne  religion,  avoit  adopte les maximes  
 fanguinaires  de  Philippe  IL  fon  époux, on  chercha  
 à rétablir par le fer &  par le feu la religion primitive  
 de l’Angleterre, qui  avoit  été  confiderablement altérée  
 fous  les règnes  précédens.  Les  violentes per-  
 fécutions de Marie obligèrent  un  grand  nombre de  
 ceux qui avoient  embraffé les nouvelles opinions, à  
 chercher un  afyle  dans  les  pays  étrangers.  Là  ils  
 eurent occafion de fréquenter  les  feClateurs de Calvin  
 6c de fa réforme.  La reine Elifabeth  étant montée  
 fur  le  trône,  changea  toutes  les mefures  prifes  
 par  fa foèur pour le rétabliffement  de  la religion Catholique. 
   Cette  princeffe  accorda  toute  fa  protection  
 aux  Protellans ;  elle perfécuta  les Catholiques  
 fans  ceffer pour cela de  conferver un grand nombre  
 de leurs cérémonies, ainfi que  la hiérarchie des évêques  
 ,  l’habillement des prêtres,  &c.  Alors  les Pro-  
 teftans  qui pendant le régné de Marie  s’étoient retirés  
 en F rance,  à Genève 6c dans  les  Pays-bas,  retournèrent  
 dans  leur patrie, &  y  rapportèrent avec  
 eux les  fentimens de Calvin,  6c  le  zele que  la nouveauté  
 infpire  aux  partifans  d’une  fecle.  Quelques  
 écoffois  revinrent auffi dans leur  pays, 6c y  apportèrent  
 leurs opinions 6c leur fanatifme. Le plus bouillant  
 de ces  zélateurs  écoffois  s’appelloit Jean Knox»  
 Ce prédicateur  infolent  S’éleva  avec  unie  furie  incroyable  
 contré lafameufe  reine Marie Stuart, qui  
 profeffoit  la  religion  catholique.  Il  ne  lui  donnoit  
 d’autre nom que  celui de Jezabel. Il cherchoit à fou-  
 lever les peuples  contre  le  gouvernement  de  cette  
 princeffe ; 6c cet apôtre  fougueux, rempli de la lecture  
 de l’ancien  Teftament, oit  il n’avoit  puifé que  
 l ’indocillité 6c l’intolérance  du  peuple  juif,  ne rap-  
 pelloit  à  fes auditeurs que  les  exemples d’Agag roi  
 des Amalécites, tué par Samuel, des prêtres de Baal,  
 égorgés par  le prophète E lie , &c.  Secondé par d’autres  
 fanatiques  auffi pervers que lui, &  par desen-  
 thoufiaftes qui prenoient le ton des prophètes, Jean  
 Knox parvint à allumer le zele féroce  de fes compatriotes. 
   Il  fut câufe  de tous  les malheurs de la  reine  
 d’Ecoffe.  Ils ne finirent  que par la  cataftrophe  fan-  
 glante  qui  lui fit perdre la tête  fur un échafaud. 
 En Angleterre  les  Puritains  n’avoient pas  moins