N i I R O » .
Le sel que l’on retire abondamment des lacs qui sont à douze ou
quinze lieues à l’ouest de Terranéh, était employé, ayant la révolution,
aux savoneries de Marseille, et tenait en quelque sorte lieu
de la soudeè II y a eu des années où Marseille en a tiré pour plus
de 600,000 fr.
S e l a m m o n i a c .
En É gypte, où l’on brûle, au lieu de bois, la fiente des buffles,
des boeufs, des chevaux et des ânes, qui se nourrissent la plus
grande partie de l’année de plantes grasses et salines, la suie est
chargée de ce sel qu’on obtient par la sublimation. La quantité de
sel ammoniac qui sort de l’É gypte, est très-considérable. Marseille
en tirait pour plus de 60,000 fr.
Si à toutes ces richesses on ajoutait un apperçu des améliorations
en tout genre dont ce pays est susceptible ; si on donnait la liste
des végétaux utiles qu’on pourrait introduire sur une terre qui
adopte indifféremment ceux dès climat6 les plus chauds et les plus
tempérés, qui douterait que l’Égypte ne fût dans peu le pays le
plus fertile de la T e r re , et le jardin du globe en raccourci?
C H A P I T R i X I V.
Position avantageuse de VEgypte p o u r servir d ’ entrepôt
au commerce de toutes les nations. Tableau des denrées
qui traversent l ’É g yp te p our se répandre en Europe'.
C ’ e s t encore plus par sa position géographique que par la fertilité
de son sol et la multiplicité de ses productions, que l ’Égypte
doit nécessairement jouer un grand rôle parmi les nations civilisées
; c ’est par sa position entre la Méditerranée et la Mer-Rouge,
aux confins de l’Asie et de l’Afrique, à portée de l’Europe et des
Indes orientales, que ce pays est destiné à servir de point de contact
à tous les peuplés de la Terre, à devenir le centre de leurs communications
, l ’entrepôt général de leur commerce. C’est dans ses
ports, dans ses marchés, que doivent aborder tous les navires des
puissances maritimes, que doivent être déposés toutes les denrées,
toutes les drogues, tousTes produits industriels du globe ; c’est là
que le Çhinois et le Persan, lé Cafre et l’Algérien, l ’Abyssin et
l ’Indous, le Banian et le J u if, le Grec, l’Arménien et le Musulman
viendront se rendre; c’est là qu’ils abjureront, à côté de l ’Européen
et de l ’Américain , les haines religieuses et les préjugés
nationaux, et c’est de là aussi que partiront des étincelles qui allumeront
peu à peu le flambeau de la raison sur les côtes e t dans
l’intérieur de l’A frique, dans toutes les îles de l ’Océan indien et
sur tous les points de la vaste Asie.
On a dû croire un instant que cette armée de sa vans et de guerriers,
si heureusement débarquée en Égypte, briserait sans difficulté
les fers de la multitude, dissiperait les fantômes de là superstition,
relèverait le courage abattu. On devait espérer qu’un pefrple
opprimé, a v ili, conspué par une poignée d’étrangers, irait au
devant de ses libérateurs, et concomrait de tous ses moyens aux
améliorations qu’ils voulaient introduire chez lui ; mais le bien ne
s’opère qu’après avoir franchi tous les obstacles que lui opposent;
les intérêts particuliers , et c’est à travers des . rameaux touffus,