636 ou 63y qu’Abou-Obéidah, un de ses généraux, vint assiéger
Alep avec des forces considérables. La ville ne pouvait pas faire une
longue résistance ; mais la garnison se défendit avec vigueur pendant
quatre mois, et elle aurait tenu plus long-tems si quelques Arabes
n ’avaient escaladé , pendant la n u it, le monticule, et n ’avaient
trouvé au château des traîtres prêts à les recevoir. Les portes, par
ce moyen, ayant été ouvertes, tous les assiégeans y entrèrent, massacrèrent
la garnison , et se répandirent ensuite dans la v ille , où ils
ne firent quartier qu’à ceux qui consentirent à embrasser la religion
de Mahomet. De ce nombre fut Youkinna, gouverneur de la ville ,
qui fut employé, depuis ce tems, par les Arabes, et qui les servit
avec encore plus d’ardeur qu’il ne les avait combattus.
La conquête de toute la Syrie fut faite dans six ans, depuis l’an
633, sous le califat d’A bubeker, jusqu’en 63g , sous celui d’Omar.
Héraclius était alors empereur d’Orient. Ce qui est digne de remarque,
c’est que l’irruption des Arabes eut lieu au moment où
jamais le trône des Césars n’avait paru plus solidement affermi,
où jamais empereur ne s’était montré si digne de régner. Fils d’un
gouverneur d’Afriqu e, et formé de bonne heure au métier des
armes, Héraclius se vit élevé à la suprême dignité par le choix du
peuple et de l’armée. Il justifia ce choix par les victoires qu’il remporta
sur Cosroës H, roi des Perses, par la tranquillité intérieure
qu’il rétablit, et par les divers établissemens qu’il forma. En un
m o t, il se montra supérieur aux hommes de son siècle tant qu’il
fut homme de guerre et qn’il gouverna ses Etats ; mais dès qu’il fut
atteint, comme ses sujets, de'la manie de disputer sur des matières
incompréhensibles et même absurdes ; dès qu’il se fut mêlé, comme
eux, de questions théologiques, alors le grand-homme disparut,
alors Héraclius, entouré d’ergoteurs, abandonna le timon des affaires
malgré l’orage qui se formait autour de lui ; alors il déposa
les armes, quoique l ’ennemi menaçât les plus belles provinces; alors
il négocia au lieu de combattre ; alors l’Égypte, la S y rie , la Mésopotamie,
passèrent au pouvoir des successeurs de Mahomet sans
qu’Héraclius eû.t fait pour les défendre, ce qu’op. devait attendre
de lui.
Tells
Telle ëst la destinée des plus grands-hommes lorsque l ’âge abat
leur force ou que l’erreur énerve leur courage, lorsque de puérils
préjugés reviennent dans leur cerveau affaibli, ou que la crainte
s’empare d’un coeur naguère valeureux. Héraclius n’avait que
soixante-six ans lorsqu’il perdit la vie en 641 ; mais depuis long-
tems il avait succombé sous le fardeau de sa gloire, parce que
depuis long-tems la raison l ’avait abandonné.
A lep , suivant les géographes, a succédé à l ’ancienne Beroë ou
Chabybon, dont la prononciation grecque a été à peu près conservée
par les Arabes dans celle à’Haleb ou H a la b , avec une h
aspirée et gutturale. Les vestiges de la v ille , que les Européens
nomment le vieil Alep, situés au nord du lac où aboutit la rivière
Chalus, paraissent appartenir à l’ancienne Chalis, que l ’on sait
avoir été sur les bords de ce lac.
Quoique Alep soit situé au 36e. degré 11 minutes de latitude, la
température y est cependant fort douce. L ’air est rafraîchi, l’été,
par un vent d’ouest-nord-ouest, qui vient chaque jour de la Médi-
terranéè, et suit le golfe d’Alexandrette. Le froid ne se fait pres-
què pas sentir, en hiver , lorsque le vent de nord ne souffle pas;
mais si ce vent dure quelques jou r s, le thermomètre descend, pendant
la n u it, à 4 et 5 degrés au dessous du point de congellation,
tandis qu’il est à 8 ou 10 au dessus de ce point pendant le jour, et
à 2 ou 3 pendant la nuit lorsque ce vent ne Souffle pas. En été, le
thermomètre se fixe ordinairement à 2.5 et 26 degrés. Il tombe
quelquefois de la neige en nivôse ; mais il est rare qu’elle reste plus
d’un jour sans fondre.
Il pleut quelquefois en hive r, fort peu en automne, mais plus
souvent au commencement du printems. L ’été est toujours fort
sec, et on voit très-rarement des nuages. On éprouve, au printems
et en automne, des coups de vent de sud ; pendant leur durée, qui
est tout au plus de deux à trois jours, le thermomètre monte à 28 ,
3o et jusqu’à 33 degrés. Ces vents sont suffocans et mal-sains; mais
ils sont heureusement fort rares.
L ’air est en général très-sain , à cause de l’élévation du sol, du
voisinage des déserts et de la.pureté du ciel ; cependant les habitans
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