beaucoup de joie ; ils firent des présens et diverses fournitures,
dans.la vue d’être remboursés , par la proteotion du pacha, des
sommes que le gouvernement et plusieurs particuliers leur devaient.
: La retraite d’Hassan avait détruit leurs espérances : le retour de
Mourad et d’Ibrahim ne laissa plus de bornes aux avanies et aux
vexations. Dès cette époque les négocians français ont été en quelque
sorte assimilés aux rayas du pa ys, et ils ont été pressurés au
point qu’ils se virent entièrement ruinés dans le court espace de
deux ou trois années.'
Depuis la révolution française, et surtout depuis le renversement
de la monarchie, les ennemis du peuple français se sont agites, en
Egypte , avec autant d’acharnement que dans tous les points de
l’Eürope. Ils ont profité de l’influence qu’un Italien, nommé Ros-
setti , consul impérial, avait auprès de Mourad, pour faire aux
Français tout le mal qui était en leur pouvoir.
Indépendamment des récits exagérés ou absurdes qu’ils publiaient
, ils insinuaient dans l’esprit des beys , que les Français ,
par l’efïèt de lepr révolution , étaient sans force ; qu’ils étaient
sanS gouvernement chez eux et sans protection auprès du grand-
seigneur ; qu’ils pouvaient être dépouillés sans conséquence, et
même justement , parce qu’ils n’étaient que des rebelles qu’une
punition éclatante frapperait bientôt.
. Les punir individuellement de leur patriotisme , et détruire à
jamais le commercedes Français en Egypte , tel était .sans dôute
le but que se proposaient les agens dés puissances, ennemies de la
France. Si leurs efforts ont échoué, à Alexandrie, par là sagesse
des négocians et de notre agent provisoire à cefte échelle, il faut
avouer qu’ils npus ont porté., au Caire, quelques coups qui cependant
ne devaient pas manquer de rejaillir jusqu’à eux.
Le conseil exécutif' crut, l’an premier.de la République, que le
tems était venu de rétablir au Caire notre consul,, afin de donner
à notre.commerce d’Egypte un plus grand degré d’extension..'
Le conseil fut trompé sur la véritable position des Fraiiçais au
Caire, et sur l’esprit du gouvernement égyptien. Il fut d’ailleurs
C H A P I T R E X.
entraîné par la demande trop hâtive des négocians de Marseille,;
qui sé flattaient que l’agent d’une République naissante qui foudroyait
presque toute l ’Europe liguée contre elle, obtiendrait beaucoup
plus de considération que n’en avait autrefois obtenu l’agent
d’un monarque , quelque puissant qu’il, fût.
Le cit. Magallon, qui avait rendu des services lorsqu’il était négociant
au Caire, et dont l’épouse d’ailleurs avait accès auprès des
femmes des deux commandans, Ibrahim et Mourad, fixa les yeux
du conseil exécutif, et fut nommé consul-général de l’Egypte. Il
arriva à sa destination peu de tems après.
Ce qui est bien remarquable , c’est que l’arrivée du consul n’a
point amélioré le sort des Français. Il paraît même qu’elle l ’a aggravé
, soit que leurs 'ennemis aient redoublé leurs efforts, soit
que Mourad ait voulu montrer le peu de cas qu’il faisait de l ’agent
d’une nation qu’on lui dépeignait sous les plus noires couleurs,
soit enfin que les Françàis n’aient pas conservé toute la prudence
qu’exigeait leur séjour dans un pays d’esclavage et de tyranniev
Le lendemain de l ’arrivée du consul , il a été signifié , à dix
heures du soir , un ordre de livrer sur le champ vingt ballots de
draps. L ’officier , porteur de l’ordre, ayant avec lui une force imposante,
accompagnait sa demande de menaces et de propos- injurieux.
Le consul eut de la peine à faire retirer cet officier de Mourad,
et ce ne fut que sur la promesse de livrer le lendemain les draps
demandés, et moyennant un présent de deux cent quarante piastres
, que l ’officier se retira.
. Un mois après Mourad .demanda la somme de douze mille cinq
cents piastres à l’occasion du départ de la caravane pour la Mec-;
que : la: somme fut liyrée aussitôt.
Il serait.inutile de rapporter tous les ordres qui ont été signifiés
à diverses époques, tels que , i°i celui qui a existé pendant,çinq,
mois, et qui défendait aqx Français de vendre leurs draps, jusqu’à
ce que les ooinïuandans eussent enlevé ce-qui serait à leur couver
nance ; av. la demande de;dix bârrils .de cochenille,1 d’où il s’est
ensuivi, l’établissement d’une foree armée dans la contrée des Français
, pour les obliger à livrer cette cochenille, et le saçriiice de trois