Cette ville fournit aussi, mais en petite quantité, de la soie, de
la laine, des galles, de la cire et de la scammonée.
Le ble et l ’orge sont assez abondans pour fournir un ou deux
chargemens chaque année.
L ’huile d’olive est de médiocre qualité, parce qu’on ne sait pas
la fa ire , et se consomme dans le pays. On préfère ordinairement
1 huile de sesame, tant pour la table que pour la lampe. On en
extrait également des semences de ricin : celle-ci n’est destinée qu’à
la lampe. ' '
On doit être surpris sans doute que l ’olivier soit rare dans un climat
ou il croît spontanément, où il parvient, sans soins et sans
culture, à une hauteur considérable. On doit être surpris aussi de
voir préférer à l ’huile savoureuse et agréable de son fru it, l ’huile
insipide et bientôt rance du sésame. Nous avons cru en trouver la
raison dans l’accroissement fort lent de cet arb re , dans le droit
qu’il paie avant même de produire, et dans l ’incertitude de sa récolte.
La culture de l ’olivier ne peut convenir à des Mahométans,
à des hommes toujours prêts à quitter le sol qu’ils habitent, toujours
disposes à faire la guerre ou à aller en pèlerinage, touj ours
bercés de l’espoir de commander aux autres et de vivre à leurs dépens.
Un Turc voit sa patrie partout où se trouve une mosquée j
il voit des frères partout où habitent des hommes de sa religion ?
il se procure de 1 argent partout où la domination du croissant est
établie. Cette maniéré de penser et de sentir, qui tient aux moeurs
guerrières, aux habitudes hospitalières et à la religion oppressive de
ce peuple, fait que 1 homme jouit du moment présent sans s’inquiéter
de ce qui arrivera le lendemain. Il sait que là où il se transportera,
il y aura des Musulmans qui lui tendront la main, ou des
non-Musulmans qu’il pourra dépouiller. Il espère d’ailleurs faire ,
à la première guerre , des esclaves qui travailleront pour lui ; il
espère amasser, dans le sac d’une v ille , des trésors qui le rendront
opulent j il espère du moins que son sabre ou sa plume le fera
remarquer, et le conduira aux grands emplois , aux premières
dignités. Aussi jamais Turc n’a conçu un projet d’amélioration
pour un tems éloigné j jamais il n ’a dépensé son argent dans le seul
espoir que ses enfans en retireront un grand avantage : s’il thésaurise,
ce qui arrive rarement, c’est pour racheter un jour sa tête,
ou pour payer un emploi plus lucratif que celui qu’il possède ; s’il
b âtit, il est .satisfait si sa maison peut durer autant que lui ; s’il
sème, il veut récolter promptement j s’il plante, il choisit les arbres
qui donnent bientôt des fruits.
On peut remarquer que les contrées où l ’olivier est abondant ,
ont toutes appartenu aux Génois ou aux Vénitiens. Les oliviers de
S c io , de Mételin, de Candie et de Morée ont été plantés par ces
peuples industrieux. Dans la plupart des îles de l’Archipel, au contraire,
aux bords méridionaux de la Mer-Noire et de la Propon-
tide, en Syrie, et dans tous les pays où les Grecs sont peu nombreux
et complètement opprimés, les oliviers ont disparu ou sont
dans un état d’abandon et de langueur.