C ,H A P I T R E X I I I .
Agricultureproductions , industrie et commerce-
N o u s avons vu dans les chapitres précédons, combien l’air atmosphérique
est sain en E g ypte , combien l ’hiver est doux , combien
les chaleurs de l’été sont tempérées. Si nous jetons à présent un
cotip-d’oeil sur les productions de cet heureux climat, de cette terre-
privilégiée, qui n’a besoin ni d’engrais ni de labours pour donner
des récoltes abondantes et multipliées, nous né serons pas surpris
s i, malgré le despotisme des Mameluks, qui étouffe et arrête l’industrie
; malgré lés famines que le monopole des grains occasionne
assez souvent (1 ), malgré la peste qui fait de fréquens rayages ,
malgré les impôts excessifs et les avanies journalières qui ruinent
les cultivateurs, malgré les taxes exorbitantes levées de tems en
tems sur diverses productions, malgré les contributions forcées,
qu’exigent des Fellahs les Arabes des déserts, l’Egypte se soutient
dans une sorte de prospérité bien au dessus de celle des autres provinces.
Si nous considérons, d’une autre p a r t, le peu de sûreté des caravanes
, les dangers que les bâtimens européens courent, pendant
l ’h iver, dans le port neuf, tandis que le v ieux, très-sûr et très-vaste ,
leur est fermé ; les difficultés, les lenteurs et les périls que les germes,
éprouvent dans le transport des marchandises par l’embouchure
occidentale du N i l, lorsque le canal d’Alexandrie ne demande qu’â.
être creusé et entretenu ; la navigation des Arabes de la Mer-Rouge ,,
leur lenteur, leur ignorance, leur marche timide le long des côtes,,
sans autre guide que la terre et les. étoiles, nous serons bien étonnés.
( i) Les beys ont depuis peu trouvé lè moyen de se procurer de l’argent en achetant
presque tous les blés à un prix modique et à crédit, et les revendant argent,
comptant, à un prix excessif.
qu’il existe encore, en Égypte, la moindre trace de commerce : cependant
si l ’on jette les yeux sur la quantité de denrées dont le
commerce s’empare, on verra que ce pays est encore très-important,
et on prendra facilement une idée juste de ce qu’il pourrait
devenir un jour sous un gouvernement sage et éclairé.
Les terres de l’É gypte se divisent en trois classes. i° . Celles que
les eaux ne peuvent atteindre lors de l’inondation, et qu’on ne peut
arroser : elles sont désertes, incultes, couvertes de sable, et ne produisent
que quelques plantes chétives , clair-semées. 2°. Celles que
les eaux submergent pendant l’inondation : elles sont destinées aux
grandes cultures. 3°. Celles que les eaux ne peuvent couvrir naturellement
, ou q u i, garanties par des digues élevées à cet e f fe t ,
sont néanmoins arrosées toute l’année au moyen de machines hydrauliques
: celles-ci sont destinées aux plantes qui ont besoin de
fréquens arrosemens, telles que le riz, led ou ra , le maïs, la canne
à sucre, le coton et l’indigo.
Les terres de la première classe occupent une partie de la basse
Égypte : elles étaient en culture autrefois , et n’ont été frappées de
stérilité- que depuis la conquête de l’Égypte par les Arabes, c’est-
à-dire , depuis q u e , par l’efïèt d’un mauvais gouvernement, les
canaux qui les traversaient, ayant été comblés, elles n’ont plus reçu,
les eaux du fleuve. Les sables depuis lors s’en sont emparés, et sont '
même parvenus à exhausser le terrain ; de sorte qu’il faudrait des
dépenses considérables et un travail éclairé et long-tems soutenu
pour que ces terres, inondées de nouveau, se couvrissent de riches
moissons, et que les villes opulentes qui y figuraient autrefois, sortissent
de leurs ruines.
■ Les terres que le Nil couvre de ses eaux bourbeuses, se passent
d ’engrais : le limon qui s’y dépose, Suffit à leur fertilité. On les
réservé à celles qu’ on arrose au moyen de machines, et la quantité
q u ’on en met, est fort petite. Il y a même des cultivateurs qui n’en
mettent pas du tout, et qui ne se plaignent pas pour cela qûe leurs
terres s’appauvrissent.
Les Egyptiens, manquant de combustibles, se servent pour les
besoins domestiques et pour'chauffer les bains, de la fiente de leurs
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