néanmoins est resté entre les mains des principaux officiers des
mutéférricas , désignés sous le nom de Schorbadgis ; quelquefois
aussi il s’est concentré entre celles des scheiks ou gens de loi. Il est
arrivé plusieurs fois que des chefs de parti se sont rendus redoutables,
et sont venus à bout de forcer les magistrats a condescendre
aux désirs d’un peuple mécontent et irrité. Mais depuis le règne
d’A h -B e y tout est rentré dans l ’ordre, et Alexandrie n’a plus obéi
qu’aux offipiers: que le Caire y envoie.
L e premier de ces officiers est le serdar ou commandant des janissaires
: il a la haute police de la ville ; il est l ’aga de la douane,
et. prend connaissance de toutes les contestations relatives au commerce.
C’est lui qui est directement chargé de protéger les Francs,
de les mettre .à l ’abri de toute insulte, et de leur faire rendre justice
lorsqu’ils la réclament.
Le second est l’aga des châteaux : il est commandant en chef
des mutéférricas ou milice arabe d e là ville. Il est logé au château
situé à l ’entrée du port neuf : il a l’inspection de ce p o r t, et il retire
la meilleure partie du droit d’ancrage, auquel sont soumis tous les
bâtimens qui viennent y mouiller.
Le troisième est le bey kiayassi, autrement nommé aga d e la
bannière ; il commande dans le port v ieu x, èt a sous ses ordres
les tersanadgis, autre corps de milice arabe ; il a la garde de la
ville pendant la n u it, et l ’inspection des femmes publiques. Il perçoit
un droit sur le v in , excepté sur celui que les Européens font
venir pour leur usage. Lès gens du pays ne peuvent faire entrer ni
vendre cette denrée sans sa permission.
C’est le pacha de Négrepont qui doit nommer à cette place ; mais
comme le kiayassi qu’il envoie, est obligé d’obtenir-son firman du
pacha du Caire, et que celui-ci est depuis long-tems à la merci des
beys commandans de l’E gypte, il s’ensuit que la place de kiayassi-
bey dépend d’eux aujourd’h u i, et qu’ils nomment ou font nommer
quelqu’un qui leur soit dévoué.
Le quatrième est l’aga du pacha du Caire : il délivre des lirmans
aux capitaines des navires européens qui chargent du riz ou du
café pour la Turquie. ( On sait qu’il est défendu de transporter
C H A P I T R E P R EM I E R . 11
ailleurs ces denrées.) Depuis quelque tems le grand-douanier du
Caire fait délivrer ces fîrma!nS!par-son préposé à Alexandrie, qui
tient compte à l’àga- du pachâ du produit dé éès firüians ; et c’est
depuis lors aussi que cette place est souvent conférée au Serdar des
janissaires.
Le cinquième est le serdar des azabs : il n’a d’aütrë emploi aujour-
■d lirn que dte1 percevoir un droit sur les cuirs qur viennent de l’intérieur
de l ’Egypte , dont il rend compte au douanier du Caire.
Le corps dés janissaires est peu nombreux : il n’ëst composé ¿¡ne
de cinquante hommes qui réçdiVent leur p a y e , e id e cent cinquante
agrégés qui n’en reçoivent point. Les unS èt les antres sont
Turcs : ils ont la garde de la douane, et f’6nt l'a' patrouille pendant
le jour.
Le corps de milice le plus considérable est celui des mtttéfériiccis
ou soldats préposés à là garde des châteaux i l y eii â doùzé Cents
qui reçoivent leur paye , et un plus grand nombre qui Sont Simplement
agrégés, et qui ne reçoivent rien. La1,somme destinée à
là paye des mutéférricas du grand châteaii,. situé Sur lé rocher1 du
phare, s élève en fout k 'z iS o àsprés pâr’joüf'; Celle du second Château,
qui donne sur la campagne , monte à’ 656 aspres, ët cellè dü
troisième château, situé sur la presqu’île R d s-e l-T în au fond dù
port vieu x, monte à 3oo aspres.
Les officiers, nommés schorbadgis, sont au nombre de vingt-siX
pour le grand château, dé quinze pour le second, et*de dix pour
le troisième. Ces placés , à la mort de ceu x’ qui en'soht pouivüs ,
sont vendues au profit du commandant;-mais chàqhe officier peut
lui-même, de son viv ant, transmettre sa place à son successeur, et
retirer une' somme plus ou moins fo r te , suivant le grade qu’il a et
la paye qu’il reçoit. Les schorbadgis, qu’bn ne peut-destituer et
qu on n ose envoyer au supplice-lorsqu’ils sé! rendent criminels,
sont devenus très-redoutables. A la tête du corps de milice le plus
nombreux, ils ont la plus grande influence Sur les affaires publiques.
On les a vu s , dans toutes les occasions, exciter eux-mêmes
les émeutes, et faire mouvoir le peuple suivant leurs vues et leurs
intérêts.
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