On croit que les Anciens faisaient également usage des feuilles
du henne pour teindre les cheveux et les ongles des mains et des
pieds. ®n effet, toutes les momies que l’on trouve, ont les ongles
teints en jaune-orangé. Mais cette couleur ne pourrait-elle pas être
produite aussi sur les ongles des momies , par l ’action des bitumes
qu’on employait en embaumant les corps ?
S u c r e .
Depuis que le prix du sucre a doublé en Europe , l ’Égypte en
fournit beaucoup à Constantinople : il en passe même un peu à
Venise , à Trieste et à Livourne. Le sucre d’Égypte est de très-
bonne qualité , quoiqu’il soit mal raiiné et qu’il conserve une partie
de sa moscouade. Cette denrée pourrait devenir une des plus importantes
du Saïd et duFayoum : la canne à sucre y réussit très-bien
sur les terres arrosees, et dix à douze mois suffisent à sa maturité.
On sait qu il en faut au moins quatorze dans nos colonies américaines.
•Les Égyptiens font une grande consommation en vert de la canne
à sucre, en s amusant, une partie de la journée, à la sucer : ils en
retirent aussi un sirop qu’ils emploient à des confitures, à la préparation
de divers mets , et dans lequel ils trempent assez souvent
leur pain pour se ragoûter. Les marchés du Caire abondent en cannes
à sucre pendant tout l’hiver.
Il est inutile de parler des cultures peu importantes, telles que le
tabac, dont la qualité est mauvaise, et dont la consommation est
Réservée aux Fellahs ; ni de l'a gaude ou fustet, dont la culture est
peu étendue, et la couleur peu employée ; ni du sumac , dont 1a
graine acide sert à colorer le pilau, et qu’on emploie aussi contre
la dyssenterie. Nous passerons à l ’énumération des arbres ¡mlîgènAfr
de ce pays, ou qu on y cultive depuis long-tems : on jugera combien
leur nombre pourrait en être augmenté.
D a t t i e r .
. Le premier, le plus u t ile , le plus abondant de to u s , c ’est le
dattier. Le fruit, dont tout le monde connaît la saveur douce et
mielleuse, est un aliment très-sain, très-nourrissant, et d’un-usage
général, non-seulement parmi les habitans de l ’Lgypte cultivée y
mais même parmi les Arabes des déserts, qui ne négligent rien pour
s’en procurer. Il en passe beaucoup en Syrie , à Constantinople et
dans toutes les provinces de l’Empire. Les dattes, desséchées au
soleil et entassées ensuite dans des couffes, donnent, par expression,
un sirop brun, quia la douceur etleS qualités du fruit,: c ’est,
surtout à Bagdad et ,à Bassora où elles sont plus grasses et plus succulentes
qu’en Égypte, que l’on retire ce sirop en grande quantité,
et c’est aussi dans ces contrées que l ’on fa it, avec le fru it, une eau-
de-vie très-agréable. On met les dattes à fermenter avec de l ’eau
ordinaire pendant quinze ou vingt jours si c’est en h iv e r , après
quoi on distille deux fois. Les Chrétiens du pays la consomment
presque toute. •
Si l’on fa it, au commencement du.printems, une incision à la
partie supérieure du tronc , il en découle une liqueur sucrée, qui
fermente promptement et donne un vin qui passe bientôt à l’aigre.
II est probable que l ’on pourrait arrêter la fermentation de cette
liqueur, et la conserver dans l ’état vineux en l ’enfermant dans des
vases bien bouchés : elle s’y améliorerait sans doute, comme tous
les autres vins. Quant à celui que des Arabes nous apportèrent, et
qu’ils nous dirent très-récent, il nous parut assez mauvais, et peu
fait pour des hommes accoutumés au jus de la vigne,
ï Ces Arabes nous apportèrent en même tems la spathe ou enveloppe
encore tendre des fleurs, ainsi que la sommité ou coeur renfermant
les jeunes feuilles avant leur développement, et qu’on
nomme en Amérique chou palmiste : nous les -mangeâmes avep
plaisir, crus, et assaisonnés avec du poivre, de l ’huile et du vinaigre
; nous leur trouvâmes un goût qui approchait de celui de l ’ar-
tichaud, mais qui était plus agréable.
Comme rien n ’est à négliger dans cet a rb re , on fait des cordes
grossières avec la spathe,. et avec la filasse qui se trouve à la base
des feuilles. Le régime, macéré ou roui, donne un produit moins
grossier; le pétiole ou la grande côte des feuilles sert à faire des
djeridfi, des corbeilles, des paniers : on fait avec les folioles, d e s ’