des coteaux et des collines qui doivent être regardés comme les
premiers gradins des hautes montagnes du Curdistan, dont se
détachent celles qui séparent la Perse de l’Empire othoman, et qui
se dirigent du nord-ouest au sud-est.
L a température dé Mossul est très-chaude en é té , et très-variable
en hiver. Dans cette dernière saison , lorsque les vents de sud
régnent, l ’air est très-doux et assez pur; mais il devient très-vif et
un peu froid par les vents d’est et de nord. Les vents d’ouest procurent
la pluie en hiver, et la fraîcheur en été. Ce pays, comme
toute la Mésopotamie inférieure , ne serait pas habitable , dans
les mois les plus chauds de l ’année, si le vent de la Méditerranée
ne soufflait régulièrement pendant le jour. On ne voit presque
jamais de nuages depuis prairial jusqu’en vendémiaire, et il est
6ans exemple qu’il y pleuve. Les pluies sont abondantes au prin-
tems et vers la fin de l’automne. Les nuits d’été sont fraîches ; mais
la chaleur du jour est très-forte depuis onze heures ou midi, jusqu’au
soir.
L ’air est en général très-sain : cette ville est rarement exposée
à des maladies épidémiques : les, fièvres intermittentes et les rémittentes
bilieuses y sont rares, et la peste , qui fait de si grands
rivages sur la côte de S y r ie , y est presque inconnue : on y est
exposé, à lia vérité , au bouton d’Al'ep ; mais ce bouton n’est pas
plus désagréable ic i , qu’il ne l’est à Alep et à Bagdad.
Ou a dû remarquer que les villes bâties sur les rives des grands
fleuves sont beaucoup moins exposées aux maladies que celles qui
en sont éloignées , parce que l ’air s’y renouvelle et s’y purifie sani
cesse par le mouvement des eaux. De même les villes qui- sont es»
plaine, ou situées sur des hauteurs, sont bien plus salubres que
celles qui sont dans des vallons ou au bas d’une montagne. C’est
principalement dans les pays chauds que cette dernière exposition
est dangereuse, et qu’on éprouve, d’une manière beaucoup plus
sensible, tous les avantages d’une bonne exposition. Par la même
raison les, villes situées au bord de la m e r , pourvu qu’elles ne
soient pas trop dominées par des montagnes, et qu’il n’y ait pas
autour d’elles des marécages ou dès eaux stagnantes, sont toutes
remarquables par la santé des habitans et leur bonne -constitution;
mais les premières ont l’avantage, sur toutes, de retirer des
fleuves une eau biën plus saine que celle de fontaine, de puits ou
de citerne.
On ne boit à Mossul que de l ’eau du Tigre : on la porte dans des
outres aux maisons des particuliers, et on la laisse reposer avant
de la boire. En é té , comme on se procure difficilement de la glace
à cause de la trop grande distance des montagnes à neige, e t qu’on
n a pas 1 art de faire des glacières que l ’on pourrait remplir l’hiv
e r , on a recours, comme en É g yp te , pour rafraîchir l ’eau , aux
bardaks ou vases de terre poreux, qu’on expose, pendant quelques
heures , à un courant d’air. L ’eau y acquiert un degré de fraîcheur
fort agréable. Il y a 5 , 6 et même 7 degrés de différence de
la chaleur de l’air atmosphérique à celle de cette eau.
Mossul est un des grands marchés de l’Orient. La plupart des
étoffés, des drogues et des denrées de l’Inde, qui viennent à Bas-
sora et à Bagdad, passent par cette ville pour se rendre à Constan-
tinople, on se répandre dans l’intérieur de l ’Asie mineure : il en est
de même du café de Moka et des marchandises de la Perse. Elle
sert aussi d entrepôt aux noix de g a lle , gomme adragaat et cire
du Curdistan, ainsi qu’au coton des contrées voisines. On y fabrique
de très-bons maroquins et beaucoup d’étoffes de coton, à l ’usage
des habitans ; quelques-unes passent à Alep avec la noix de gait»
et la gomme adragaat, pour être vendues aux négocians français ,
qui les envoient a Marseille. Mossul a donné son nom aux étoffés
de coton connues sous le nom de mousselines , parce que c’est par
cette ville que les premières sont parvenues à l’Europe : elles y
étaient transportées de l ’Inde par la Perse ou le golfé Persîque.
Alep fait passer à Mossul Les marchandises européennes dont
cette ville a besoin, ainsi que des abas fabriqués en Syrie. On y
envoie aussi de la S y r ie , de la Mésopotamie , de la Natolie, de
l’Arménie et du Curdistan le vieux cuivre , qui de là passe à Bagdad
et à Bassora, pour être transporté dans l ’Inde.
On trouve en abondance à Mossul, à Bagdad et dans les villes
de la Perse, une sorte de manne dont on fait de petits gâteaux