autres un. in s , une pervenche et une aristoloche, que nous avions
trouvés sur la route le matin.
J’étais bien persuadé qu’en prenant la précaution de marcher de
manière à n’être point surpris, je n’avais rien à craindre des Curdes,
parce qu’ils sont peu nombreux sur ces routes, qu’ils n’ont point
darmes à feu , mais seulement une massue à la main droite, un
petit bouclier au bras gauche, et un yatagan ou sabre court à la
heinture (1) ; la plupart même n’ont que la massue, qui consiste en
un gros bâton de deux pieds de lo n g , terminé par un renflement
globuleux ou ovale.
Je m éloignai de plus de demi-lieue de la caravane, en remontant
la rive gauche de la riv iere, et admirant, sur la pente de la
rive opposée, des grottes ou chambres qui se succèdent sans interruption
, et qui indiquent qu à cet endroit il y eut autrefois une
ville souterraine : je dis une v ille , car ici on apperçoit bien évidemment
l’habitation de l’homme, des portes et des fenêtres, des banquettes
extérieures, des espèces de portiques, des péristiles, et tout
ce que présente l ’extérieur des maisons dans une ville. Ce lieu n’est
plus habité que par des hibous, des chacals et des pigeons.
Le 3o , nous avons marché six heures et demie à travers des
plaines volcaniques, incultes. Après une heure et demie nous avons
passé à cote d un monticule factice, et avons apperçu tout autour
les restes d’une muraille en grosses pierres , posées sans ciment.
Les environs de ce monticule sont couverts de grosses pierres volcaniques.
Nous avons eu ce jour-là un vent d’est très-froid, qui
nous a donné un peu de neige et de pluie. Nous avons passé une
petite rivière dont le cours était comme celui des précédentes, du
nord au sud. Ses bords étaient couverts de paliures. Nous avons
lo g é , à la rive gauche, dans des grottes assez spacieuses. Nous
vîmes pour la seconde fois, depuis notre départ d’Orfa, quelques
sangliers fort gros. Nous ne sommes qu’à trois ou quatre lieues de
la chaîne de montagnes couvertes de neige, qui vont de l ’ouest à
l’est, à la partie supérieure de la Mésopotamie, et qui font suite
(1) Nous les ayons vus ailleurs armés d’une lance au lieu de la massue.
au mont Taurus. Nous en étions, la veille, à sept ou huit. Il gèle
pendant la nuit, et il fait assez froid pendant le jour.
Nous avons vu fort abondant, dans toutes les rivières et les ruisseaux
de la Mésopotamie , ainsi que dans ceux de la Syrie et de la
Perse, le crabe dont nous avons parlé à l’article de Naxos. Nous
l ’avons figuré p l. 3o ,Jig- 2 (1). On le trouve assez mal représenté
dans l ’Histoire des Poissons de Rondelet (2). Belon l ’avait trouvé
en Crète, en Macédoine : il est commun aux environs de Rome et
en Sicile. Élien assure qu’il se trouve dans le Nil. Dioscoride, Ga-
lien ,P lin e , Avicenne, Nicandre, font aussi mention de ce crabe,
dont Linné, Fabricius et Herbst n ’ont cependant pas parlé.
Le i er. germinal nous sommes partis à deux heures du matin, et
nous avons marché jusqu’à onze. Après une heure et demie, nous
avons passé une petite rivière nommée E llé li. Nous avons ensuite
traversé une plaine inculte, où sont des indices de volcan. Nous
avons v u , une heure avant d’arriver au gîte, un village curde,
nommé Cara-Moscok ou Déémi, bâti sur des roches volcaniques,
et nous nous sommes reposés à un autre village nommé Kéros-
rnana.
Le 2 , nous avons été obligés de séjourner à cause de la pluie :
le vent avait passé au sud-ouest, et le tems s’était fort adouci.
On nous avait logé chez un Curde, dont la maison consistait en
un rez-de-chaussée de dix pieds en carré. Nos lits se touchaient,
et étaient placés à l ’un des angles. Nous avions eu la précaution
de placer nos armes sous nos matelas, du côté du mur. Pendant la
nuit nous fumes réveillés par un bruit sourd et continu, que nous
jugeâmes être occasionné par quelqu’un qui perçait le mur. Nous
éveillâmes le domestique : le bruit cessa. Nous nous procurâmes de
la lumière, et nous vîmes dans le m u r , qui était en terre, un gros
trou, par où on avait voulu sans doute nous enlever nos armes. Le
maître de la maison, qui était avec sa femme et ses enfans dans un
(1) Cancer potamios , thorace cordato utrinque plicato / margine crenato y unidentato.
Tab. 3o y fig. 2.
(2) Voyez la traduction française, pag. i 53 , ch. 3i .