Quant aux catacombes, nous pouvons assurer, d’après ce que
nous en avons vu , qu’elles sont infiniment plus curieuses que celles
d’A lexandrie, puisque plusieurs d’entre elles offrent des hiéroglyphes
sur leur ouverture extérieure et dans leurs cavité® •
Après avoir monté au dessus du coteau, dont l ’élévation est
évaluée à cent pieds, pn se trouve à peu de distance de la première
pyramide, que l’on attribue au roi Chéops. Si l’on avance
quelques p a s , on apperçoit une grande tranchée ouverte dans le
ro c , qui semble avoir conduit anciennement, par une pente assez
douce, à un souterrain actuellement comblé de sables. Nous avons
conjecturé que c’est l ’ouverture du canal dont parle Hérodote,
qu’on avait creusé sous la roche pour amener par eau les matériaux
qu’on retirait de la haute Egypte pour le revêtement des pyrar
mides. Nous aurions bien désiré avoir le tems et les moyens de déblayer
ces sables ; mais il fallut y renoncer et nous en tenir à des
conjectures, faute de mieux.
Si l’on se détourne à gauche, on y oit des restes d’anciens édifices
que Maillet a cru appartenir à des temples, et qu’on reconnaît
être de petites pyramides qu’on a tenté de démolir. On peut les
comparer à de chétifs arbustes, croissant au pied du chêne le plus
majestueux : il y en a trois à la face orientale, et deux à la face
méridionale. Aucune d’elles n’a de portes ; mais quelques-unes ont
de petites lucarnes carrées, à fleur de te rre, dont l ’usage n’est pas
facile à deviner.
Hérodote nous apprend que celle du milieu fut bâtie par la fille
de Chéops, roi d’Egypte. Ce roi, pour subvenir aux dépenses considérables
que la grande pyramide lui occasionna, en vint au point
de prostituer sa fille dans un lieu de débauche, et de lui ordonner
4e tirer de ses amans une forte somme d’argent. Non-seulement elle
exécuta les ordres de son père, mais elle voulut aussi laisser elle-
même un monument. Elle exigea en conséquence une pierre de
tous ceux qui venaient la voir ; et c ’est aveo ces pierres que l’on
bâtit la pyramide qui est au milieu des tro is , et qui a un pléthre
et demi de chaque côté.
Si l’on passe à la face nord de la grande pyramide, on voit, à
une hauteur qu’on évalue à plus de soixante pieds au: dessus de la
base, une ouverture évidemment forcée : au dessous de cette ouverture
se trouvent des décombres qu’bn suppose avoir appartenu
à la pyramide. On entre par un canail très-inclirré, de oént douze
pieds de long sur trois pieds quatre pouces de large, qui n’est pas
revêtu de marbre blanc , comme le dit Maillet , miaisde pierre blanche
calcaire assez tendre, noircie extérieurement par la fumée des
torches que portent les curieux qui vont visiter ces monunrens.
Arrivé au bas de ce canal, on se détourne un peu à ’droite / par une
route forcée de trente-deux pieds de lo n g , et Tort rejrtend un canal
ascendant de soixante-dix-sept pieds six pouces de lortg. Là on
trouve un canal horizontal de cent dix-huit pieds ; qui conduit à
une chambre nommée vulgairement chambre d e la. reine ët une
galerie ascendante de cent vingt-cinq pieds, par où1 l’on va à une
chambré nommée chambre d u roi.
Avant de prendre le canal horizontal inférieur ou la galerie ascendante
supérieure, on remarque à droite un puits ovale de deux
pieds et demi de diamètre dans un sens, et de trois pieds et demi
dans l’autre , qu’on présumé avoir communiqué. atn dehors- Il
avait, selon Pline , quatre-vingt-six coudées de profondeur1 (i)f, et
l ’on croyait que les eaux du fleuve venaient y aboutir. Maillet a
conjecturé que c’est par-là que les ouvriers sont sortis après que les
corps furent déposés dans la pyramide, et qu’on; eut bouché foutes
les issues pour que personne ne pût désormais s’y introduire.
L a galerie qui conduit à la chambre' dn roi a environ vingt-cinq
pieds de,, haut, et six et demi dans sa plus grande largeur , c ’est-
à-dire , au dessus dès deux banquettes latérales, dont l'a hauteur
est de vingt-huit pouces, et la saillie de dix-huit. L a chambre du
r oi , qu’on présume être presque au milieu de la pyramide, et à un
quart ou un tiers de sa hauteur perpendiculaire ,’ a seine pieds de
largeur, trente-deux de longueur e t dix-neuf de hauteur. Là1 partie
supérieure ou le plafond est plat ,• et formé de neuf pierres1
(1) Trt pyfàmide tnàxitnct est intûs piiieus , ociogihta sêx cühï'torum Jlumenitto
admissum àrbitrantur. P l. Hist. nat. lib, 36 , ca£. 12.
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