On cultive à Lero , la vign e , Folivier, le figuier , le froment et
quelques legumes pour les besoins des habitans : 011 y récolte très-
peu de coton, avec lequel on fait des bas, des bonnets et quelques
étoffés. Il y a beaucoup d’abeilles. Le miel de Léro passe pour être
excellent : on le porte à Alexandrie ou à Constantinople. La cire
est portée à Smyrne, et vendue aux négocians français.L’île nourrit
une assez grande quantité de moutons , dont la laine est de
médiocre qualité, mais dont la chair est excellente. Chaque ménage
eleve quelques cochons et quelques poules. Les lapins et les
perdrix rouges sont très - abondans ; les perdreaux, à notre arrivée,
étaient déjà très-gros. Nous les chassions avec la plus grande
facilite , quoique nous n’eussions pas de chien si
J ai employé trois jours à lt-ver le plan du port Parthéni, qui se
trouve au nord de Léro {Pl. 2.1) : il est capable de contenir une
escadre ; il est entièrement abrité par une île nommée Archange,
placée au devant de son entrée. Cette île a environ une lieue de
long du nord au sud , et une demi - lieue de large : elle est inhabitée
, et n offre , dit-on, aucun vestige d’ancienne ville. Les habitans
de Lero y envoient paître leurs moutons , et en retirent un
peu de bois à brûler.
Nous sommes restes cinq jours à L é ro , et en sommes partis le
10 messidor avec un leger vent de sud-ouest, qui nous permit de
nous approcher, le même jo u r , du grand Bogas de Samos , et de
nous trouver le r i , au coucher du so le il, entre Scio et Tchesmé.
Nous passâmes, pendant la n u it, entre les îles Spalmadores, et
nous nous trouvâmes , le 12 au matin, fort près de Lesbos. Nous
vîmes , ce jour-là , le port Sigre , le cap Baba ; nous côtoyâmes la
Troade ; nous passâmes la nuit en calme, au dessous du cap Sigée,
et le 13 nous entrâmes dans l’H ellespont, et jetâmes l’ancre à Na-
gara. Le vent de nord , qui soufflait au-delà de cette po inte, ne
nous permit pas d’aller plus loin.
L Hellespont, que nous avions parcouru avec le plus grand détail
pendant l’hiver, nous parut, dans cette saison, bien plus beau, bien
plus majestueux que dans l ’autre. Les montagnes et les collines
qui le bordent, étaient dans toute leur parure ; les champs étaient
émaillés de fleurs ; les blés étaient coupés, et donnaient une récolte
abondante ; les cotons étaient beaux, les vignes bien garnies ; le
canal était couvert de navires, qui portaient à la capitale le tribut
des terres de Mételin , de Scio, de Tine , d’Andros , de Naxie et
de Rhodes. Nous fîmes une ample moisson en histoire naturelle,
et nous apprîmes, aux Dardanelles, le départ du cit. Descorches,
et l’arrivée à Constantinople du cit. Verninac, en qualité d’envoyé
extraordinaire de la République.
Nous restâmes à Nagara jusqu’au 20 messidor. Pendant cet intervalle
nous tentâmes deux fois de mettre à la voile avec un petit
vent d’ouest, et deux fois nous revînmes au mouillage, parce que
le vent de nord, qui soufflait à l’autre partie du can al, nous fit
rétrograder ; mais à la troisième fois nous parvînmes à un mouillage
à trois quarts de lieue de Galata (1) , où nous restâmes trois
jours. Nous remîmes à la voile le 24 messidor, et arrivâmes à Constantinople
le 26 au soir.
(1) Galata est un village situé sur un coteau à un quart de lieue du canal, à
une lieue de Gallipoli.
U N DU V O Y A G E E N E G Y P T E .
C C a