C H A P I T R E , I I .
D escription de B a ru t} ses productions e t son commerce.,
D ép a rt p o u r Seyde. G a ffa r. S a rcop h a g esD escrip tion
de la v ille e t de l ’ancien p o r t : réflexions sur son peu
d ’ étendue. Commerce e t p op u la tion .
B aru t ou Beyrout avait autrefois un petit port qui suffisait aux
besoins des habitans : elle- n’en, a plus aujourd’hui. Une simple
jetée, qui paraît très-ancienne, met à l’abri des vagues les bateaux
du pays. Les navires marchands et les vaisseaux de guerre mouillent
au loin, exposés aux vents d’ouest et de nord-ouest. La ville se
présente au nord : elle est située vers l ’extrémité du cap q u i, par
son avancement, forme la rade.
On ne peut douter que cette ville ne soit l’ancienne Béryte (1 ),
et qu’elle n’ait conservé sa première position. Trois colonnes de
g ran it, encore debout, que l ’on voit dans l ’enceinte actuelle, et
une quatrième plus lo in , renversée et à moitié enfouie dans des
décombres, ne laissent aucun doute à cet égard. D ’ailleurs, on rencontre
des restes d’anciennes maçonneries dans l ’intérieur et tout
autour de la ville ; on voit des tronçons de colonnes enclavées
dans les murailles des jardins; d’autres, en assez grand nombre,
employés à la réparation du quai. Le prolongement des. anciennes
bâtisses, sur le bord de la mer , à l’ouest ; lé canal taillé dans le
rocher, dont on apperçoit les restes , Hors des remparts et dans la
même direction, tout prouve non-seulement que la ville moderne
occupe une partie de l ’emplacement de l’ancienne, mais aussi que
cette ancienne ville fut très-étendue , et ornée d’édifices somptueux.
( i) Elle a porté aussi les noms de F e lix Julia , de F e lix Augusta 9 de Colonia
F e lix Berythus..
On sait qti’Agrippa, petit-fils d’Hérode-le-Grand, y fit construire
hïi théâtre j uh amphithéâtre, des’bâins’e t des portiques, et qu’iî
n’épargna rien pour son embellissement.
Pendant notre séjour ‘à Barut on nonsprocUra une plaque dé
plomb qu’on venait dé trouver en fouillant dâns des iléCOmbréS, à
l’occident de la ville (r) : elle porte une rangée dé lettrés' initiales,
un dauphin traversé d ’un trident ^ et le nom d’un D en is , inspecteur
démarché : le tout en relief. (P L S.)'
Lorsque Volney a parcouru, la Syrie, Cette yillé manquait d’èâll !
on était obligé de l’aller puiser à n h ‘quart de IieUé. Aujourd'hui il
y a quatre ou cinq fontaines qni en fournissent abondamment dan S
toutes les saisons, et c ’est aux soins de Dgé zâr, pacha, qüë les hâ-
bitans en sont redevables.
Barut a ïong-tèms app’aftenu aux princes drusës f cë n’est que
depuis peu qu’elle est réunie âu pachalife d’À b ïé , et qu’il f 'a üA
mutselim. Sa population peut être évaluée à' sépt Ou huit taille
habitans, parmi lesquels on compte des DruséS, des M ârbnites, des
Grecs schismatiques, quelques Arabes et quelques TürcS. C’èst lâ
résidence d ’un évêque grec et d’un évêque taaïOHïtfe : Ü f â aussi ua
couvent de Capucins.
Le commerce de sortie qui s‘ÿ fait , est assez considérable : il consiste
principalement en soie et en coton filés, que lés Italiens ét lèS
Français font passer à Venise*, à Livourne et â Marseille, et que les
gens du pays envoient en Égypte. On exporte aussi quelques toiles
de coton fabriquées dans la ville et Sur les fiiontagnés'voisiflës'. Ees
«égocians français de Seyde y entretenaient un facteur qui expédiait
en droiture à Marseille i on faisait pâÎsër à Seyde les cotons
filés et les soies qu’on lui demandait. Les Vénitiens y avaient un
vice-consul.
( i) Cette plaque a près de quatre lignes d’épaisseur, y compris le rebordj deux
pouces et demi de long , un pouce neuf lignes de large. La première ligne porto
Ie$ lettres suivantes : LASPMZ. La première lettre, que l’on doit supposer unE$ ne
paraît pourtant pas usée. Les deux dernières ligues portent les deux mots suivans :
AïONïïicrr Aroi ANo.
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