qu’il rie f’ùt sur la pente dés premières montagnes, à quelques
milles de la mer,
L ’Aula n’est pas si impétueux que le Tamyras : ses crùes sont
moins dévastatrices ; mais il a ordinairement beaucoup plus d’eau.
Le pont Sur lequel nous le passâmes, est moderne et très-élevé ;
de là à Seyde la distance n’est pas grande, et le chemin est assez
beau, quoique très-sabloneüx en quelques endroits.
Seyde peut être comparée à Barut, relativement à sa population
et à son étendue : ses rues sont aussi irrégulières et aussi salés 5 mais
sa position est plus agréable, plus avantageuse ; ses maisons sont
mieux bâties ; on y voit des kans de la plus vaste étendue, qui
né dépareraient aucune ville d’Europe. Celui que les Français occu-
pent, se distingue des autres par la distribution des appartenions ,
et par les eaux qui coulent au milieu d’une vaste cour,- dans un
grand bassin de forme carrée. La plupart des autres kans ont aussi
leur fontaine, indépendamment de celles qui sont répandues dans
la ville pour le besoin des habitans. C’est l’Aûla qui fournit de l’eau
à Seyde : ellê est amenée .de plus d’une lieue de distance, dans un
Canal découvert, assez mal entretenu.
Les Européens qui habitent ces contrées , prétendent que la moderne
Seyde n'e'st point bâtie sur les ruines de l’antique Sidon : il»
placent/celle-ci à l’est , sur un lieu qu’ils nomment le Vieuæ-Sidon,r
et qui est distant d’environ deux milles. Ils fondent leur opinion
sur le nom que eé lieu a Conservé , sur quelques restes d’anciens
murs qui s'y trouvent, et sur ce que la plupart des anciennes villê»
maritimes étaient à quelque distance de leur port. On ne trouve
èft’ectivement à Seyde aucun vestige de temple ou de palais très-
âneien, aucun débris de monumens , rien qui puisse déposer contre
leur opinion , si Ce n’est un Vieux mur (E , P l. i-i ) , très-epais,
très-dégradé, bâti sur le rivage de la mer, au nord de la ville,
formant une espèce de qüài, sur lequel on apperçoit encore de*
pavés à la mosaïque.
Mais, soit que la ville, originairement bâtie à deux ou trois milles
du port, en ait été rapprochée après quelque tremblement de terre,
après sa destruction par les Perses, ou à quelque époque dont
FHistoire ne fait pas mention; soit qu’elle se prolongeât, dans le
tems de sa prospérité, du Vieux-Sidon à la mer, ou qu’un simple
faubourg soit ensuite devenu le centre de la ville, le port n’a pu
changer de place : on le reconnaît à son antique jetée, et l’on peut
assez exactement en mesurer l’étendue.
On ne doit pas douter, en effet, que les jetées ( A , B , C,
P l. A3) qui se trouvent du côté de la mer, ne soient les véritables
bornes de l’ancien port, et qu’il ne s’avançât de plusieurs toises du
côté de la terrç, dans sa partie intermédiaire F , où le sol est bas,
ensablé, et où il ne reste plus aucune trace de l’ancien quai.
Cette étendue, la plus grande qu’on puisse supposer, donnerait
une bien faible idée du commerce maritime et de la puissance des
Sidoniens si l’on ne faisait attention que leur6 navires ,ldestinés à.
suivre les côtes, avaient peu de capacité, et qu’ils étaient également
employés au commerce et à la guerre. Ce port d’ailleurs, étant
bien fermé, permettait d’approcher les navires les uns des autres,
et les disposer sur plusieurs rangs. On doit aussi faire attention
qu’il y en avait toujours un grand nombre en mer ou chez l’étranger,
occupés à transporter d’une ville à l ’autre les.objets dont chacune
avait besoin.
L ’Histoire nous apprend que Sidon fût pendant long-tems la métropole
de ,1a Phénicie, et que les Sidoniens forent le premier peuple
navigateur de l’Orient, Nul autre, avant lui, n’avait déployé
autant d’industrie, et montré plus d’activité et plus d’intelligence;
On lui doit l’invention de l’éoritureet .celle du verre , le perfectionnement
de l’arithmétique, du trafic et de plusieurs arts. Ce fut lui
qui, le premier , entreprit les voyages de long cours sans autre
guide que la terre, sans autre motif que l ’amour du gain. Bien de
plus audacieux, sans doute, que de dépasser les colonnes d’Her-
cule , s’élever jusqu’au nord de l’Europe , et .entreprendre av.ee
succès le tour de l’Afrique, en doublant Le Cap de Bonne-Espérance.
, , :'l ! . . „ . :
Tout le commerce de la Méditerranée , du Pata-Eujpfo fit de la
Mer-Bouge était alors entre les mains des:.Sidoniens. On voyait
venir dans leur ville l’or et l’argent d’Ophir et de l ’Hispanie ; le
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