dangers de la Mer-Rouge, prétendent qu’elle est remplie de bas-
fonds, qu’elle est étroite et parsemée d’écueils vers ses côtes : mais
outre que cette mer est peu orageuse, outre la régularité des vents
qui permettent de se tenir continuellement au large, et qui portent
un navire dans peu de tems d’une extrémité à l’autre, elle offre
plusieurs ports qu’il faudrait bien reconnaître , afin de pouvoir s’y
réfugier au besoin. Les vents, sur cette mer, sont, pendant les six
mois de chaleur, constamment au nord ou nord-nord-ouest, et
dans les six autres mois, presque toujours au sud ou sud-sud-est.
Au-delà du détroit de Babel-Mandel, on trouve, pendant les six
premiers mois, les vents au sud-ouest et au sud, et pendant les six
autres, au nord et au nord-est, de sorte qu’on a presque toujours,
dans ce vo yag e, le vent en poupe ou grand largue. Le port de
Moka d ’ailleurs est très-avantageusement situé pour servir de point
de repos en attendant la saison la plus favorable pour continuer la
navigation.
Nous ne passerons pas en revue tous les avantages qui résulteraient
pour l ’Europe et pour l’Inde, de l ’établissement, en Égypte,.
de tout autre peuple que les Mameluks, les Turcs ou les Arabes;
ils seront facilement apperçus de ceux qu’un intérêt opposé n ’aveugle
pas : nous nous contenterons de présenter le tableau des denrées
qui traversent ce pays pour venir en Europe, afin qu’on voye à
quel point ce commerce s’accroîtrait si toutes les entraves qu’on y
met aujourd’hui étaient levées.
C a f é .
L ’A rabie fournit, comme on sait, le meilleur café du commerce.
Trente bâtimens turcs apportent annuellement, de Gedda à Suez ,
environ trente mille fardes de c a fé , évaluées à 5oo fr. la farde ; ce
qui fait une somme de 15,000,000 fr. Ce café est destiné à la consommation
de l’É gypte, de la S y rie , de Smyrne , de Constantinople
et de toute la Turquie européenne. Il en passe en outre beaucoup ,
par le golfe persique, à Bassora, pour se répandre à Bagdad, à
Mossul, à Diarbekir et dans tout l ’intérieur de l ’Asie mineure. Marseille
en tirait d’Alexandrie pour une valeur de 2 à 3oo,ooo. fr.
S é n é .
Le séné appartient à un petit arbrisseau du genre dés casses, qui
croît aux confins de l’Egypte supérieure, à Sennar et en N u b ie ,
sur des coteaux incultes, arides, et dans des valions sabloneux que
les eaux du Nil ne peuvent atteindre. On en connaît deux espèces,
l ’un à feuilles étroites , terminées en pointe ; l’autre à feuilles un
peu plus larges, obtuses, lancéolées : elles diffèrent d’ailleurs fort
peu entre elles, et paraissent avoir à peu près la même vertu purgative.
Les follicules, qu’on regarde comme aussi purgatives que
les feuilles, et qu’on préfère même, Comme plus douces, sont les
gousses ou siliques de ces deux espèces de séné ; elles renferment
quelques graines qui ordinairement ne sont pas encore mûres; Il
croît aux mêmes lieu x , une espèce d’apocin , que les cit. Delille et
Nouet nous ont fait connaître, et dont on mêle les feuilles avec
celles du séné. Cette fraude n’entraîne aucun inconvénient grave,
parce que les feuilles de cet apocin sont elles-mêmes purgatives.
La quantité de, séné qui vient de la haute Égypte à Boulac et au
Caire, et qu’on expédie ensuite dans toute l ’Europe, est immense ,
et d’un produit très-considérable pour l’Égypte. Il en passe en Perse
et dans toutes les provinces de l ’Empire othoman. On évalue à pluS
de 5oo,ooo fr. celui qui est envoyé en Europe.
T a m a r i n d s .
Les caravanes de la Nubie apportent en galettes rondes la pulpe
du fruit du tamarindier , arbre à fleurs légumineuses, qui s’élève
à la hauteur de nos acacias, et qui croît spontanément dans les terres
fertiles et arrosées de la Nubie et d’une partie de l’Abyssinie. On
en voit quelques pieds assez beaux dans les jardins du Caire et de
Rosette.
L a quantité de tamarinds qu’on fait passer en Europe, est presque
aussi grande que celle du séné. Les Marseillais lui font subir
une préparation, au moyen de laquelle il devient plus purgatif,'
moins acide et moins astringent que celui qu’on n’a point préparé.
Il s’en consomme beaucoup en Égypte : les habitàns en font un
A a a