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V O Y A G E EN É G Y P T E .
C o t o n .
La culture du coton n’est pas aussi étendue que celle du lin , et
convient peut-être moins à l ’Égypte, parce que la récolte des gousses
ne devant être finie qu’à la fin de l ’été, cette plante ne peut se
passer d’arrosement, au lieu que le lin est mûr à peu près dans le
même tems que le froment. Le coton d’ailleurs ne peut être cultivé
sur les terres naturellement inondées. C’est la production principale
des environs de Damanhour : il fournit aux manufactures de
Rosette et d’Alexandrie ; il en vient un peu au Caire de la haute
Égypte, et le Delta en fournit une petite quantité à Damiette. Les
négociants français font passer à Marseille beaucoup de coton filé j
ils en envoient fort peu en laine.
S a i h a n o h a i r c a r t h a m e , o u s a f r a n b a t a r » .
On pourrait cultiver cette plante en France , en Italie , dans tous
les climats tempérés; mais elle ne réussirait pas aussi complètement
qu’en Égypte, parce qu’à la fin de prairial, époque de sa floraison*
i ’Égypte est exempte de pluies et de rosées qui altéreraient ailleurs
la fleur très-délicate du carthame. Cette production est si abondante
, que les négocians français en faisaient passer à Marseille
pour une valeur de plus de 600,000 fr. On sait que la fleur de car—
thàme est employée pour la teinture en rose, et qu’on en fait aussi
le rouge végétal avec lequel les femmes galantes empruntent les
couleurs que l ’âge , la mauvaise santé ou les excès font trop souvent
et toujours trop tôt disparaître chez elles. L ’Italie retire aussi
beaucoup de sairanon qu’elle destine aux mêmes usages.
I n d i g o .
L ’indigo , cette plante qui fait une des principales richesses dé'
nos colonies américaines , est cultivé dans toutes les provinces de
FÉgypte, e t n’est pas moins utile à ses habitans, qui l’emploient
entre autres à la teinture des toiles de lin qui se consomment dans
le pays, et dont on exporte une très-grande quantité dans la Nubie
et l’Abyssinie. Mais la qualité de l’indigo d’Égypte est inférieure à
celle de l ’Amérique ; ce qui provient bien moins de ce qu’on n’y
cultive pas la même espèce, que du peu de soin et de connaissance
que l’on met dans sa fabrication. L ’indigo d’Égypte a plus d’éclat
et d’intensité que l’indigo de nos colonies; mais au même poids, il
contient moins de principe colorant. Si des hommes instruits dans
cette fabrication traitaient cet indigo avec les procédés qu’on emploie
ailleurs,"il n’est pas douteux qu’ils ne parvinssent à l ’obtenir
d’une qualité en tout supérieure à celle de l’Amérique.
H e n n é .
C’est le cypros des Grecs, \erhacopher des Hébreux, le lausonia
1nermis des botanistes..Le henné est un arbre qui s’élève fort peu,
qui donne des fleurs en grappe , d’une odeur forte , pénétrante,
hircine, approchant de celle des fleurs de châtaignier et de l’épine-
vinète. On obtient, par leur distillation,! une eau dont on se sert
dans les bains ,■ et dont on se parfume dans les visites et dans les
cérémonies religieuses , telles que la circoncision et le mariage, ainsi
que dans les fêtes du Beyran et du Courban-Beyran. C’est sans
doute à cause de leur odeur que les Hébreux répandaient les fleurs
du henné dans le lit des nouveaux mariés, et c’est par la même raison
que les Égyptiennes les aiment beaucoup, et en ont, pendant
tout le printeins et l ’é té, dans leurs appartemens.
On distingue deux variétés de henné, qui diffèrent fort peu entre
elles. Les feuilles de cet arbre sont ramassées avec so in , et mises
en poudre dans des moulins faits exprès. La quantité que le commerce
en envoie dans toutes les possessions turques et persanes est
immense et d’un très-grand revenu pour l’Égypte. Cette poudre
sert à teindre en jaune-orangé les ongles, une partie des mains et
des pieds, les cheveux, le poil de divers animaux domestiques. Les
expériences faites en Égypte par les cit. Berthollet et Descostils
prouvent que la partie colorante du henné est très-abondante, et
qu’on pourrait en teindre avec avantage les étoffes de laine. On
obtiendrait des couleurs fauves on, diverses nuances de brun, selon
qu’on emploîrait ces feuilles seules, ou qu’on aurait recours à l’alun
ou au sulfate de fer.
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