Sont sujets à une sorte de bouton qui attaque les enfàns la première
année de leur naissance, et même les étrangers pour peu qu’ils
séjournent dans la ville. Il se montre ordinairement à 1 une des
deux joues dans les enlans, et à toutes les parties du corps dans
tin âge plus avancé. Il suppure fort peu pendant un an , ne fait
pas souffrir , et occasionne une légère démangeaison : il a depuis
six jusqu’à dix lignes de diamètre. Lorsqu’il doit guérir, la suppuration
cesse : il se forme une croûte qui tombe au bout de quelque
tems, et laisse une empreinte circulaire. Quelquefois, au lieu d’un
seul bouton, on en a plusieurs. Quelques habitans se contentent
d’y appliquer une feuille de poirée ou autre plante adoucissante :
le plus grand nombre n’y met rien , et ne s’en trouve pas plus
mal.
Nous ignorons ce qui peut occasionner ce bouton ; mais nous
ne croyons pas qu’on doive l ’attribuer aux eaux, puisqu’il est endémique,
non-seulement à A lep , mais aux environs de cette ville,
dans presque toute la Mésopotamie, à Bagdad, et même dans quelques
cantons près de Damas , où certainement les eaux ne peuvent
avoir les mêmes qualités. A Bagdad, par exempte, on ne boit que
les eaux du T ig r e , et à Alep on boit celles des fontaineis,. qui
viennent d’une source dont nous aurons occasion de parler dans
le chapitre suivant.
La population d’A lep est un mélange d’Arabes, de Turcs, d>Arméniens,
de Maronites et de Juifs. Ceux-ci y sont assez nombreux ,
et occupent un quartier de la ville , que les Européens nomment
Judaide : il y a , dans ce quartier, quelques. Arméniens, quelques
Maronites, mais point de Musulmans. Les Juifs exercent à Alep
divers métiers, et se livrent au commerce de détail. Quelques-uns
font le commerce de Constantinople, de Smyrne, de Salonique et
de: l ’intérieur de - l'Asie mineure ; la plupart prêtent à an intérêt
usuraire aux cultivateurs des environs, et sont attentifs à se faire
payer en denrées à la récolte. ................................
Les Arméniens sont beaucoup plus nombreux et. bien plus riches
qùe les Juifs. Ce sont eux qui font plus particulièrement le commerce
des Indès et de la Perse; c’est par leurs mains que se font les
plus riches envois à la capitale. Presque tous les domestiqués de la
ville sont des Arméniens qui descendent de leurs montagnes , restent
quelques années à Alep , et retournent chez eux pour s’y
marier, et améliorer leurs champs au moyen des économies qu’ils
ont faites. Ces domestiques sont en général très-rusés et très-cupides.
Indépendamment de leurs gages, ils prélèvent secrètement
sur les denrées qu’ils achètent, ou les commissions qu’ils font pour
leurs maîtres, un droit de commission de 3.5 pour 100. Ils appellent
cela fa ir e le commerce. Les courtiers, censals, facteurs ; etc. qui
sont auprès des négocians européens, fo n t aussi lè commerce. En
flattant leur orgueil et favorisant leur paresse , ils sont venus à
bout de leur persuader qu’il ne serait paé décent qu’ils achetassent
eux-mêmes ce dont ils ont besoin. Depuis le comestible le plus commun,
l ’outil le plus simple, jusqu’aux étoffés les plus chères, les
pierres les plus précieuses, les drogues les plus utiles, les bijoux les
mieux travaillés, tout doit passer par les mains des Arméniens ,
tout doit par conséquent être objet de commercé pour eux , et
payer un droit proportionné à la valeur de l’objet et à la moralité
de l’hommè à qui' on donne sa confiance. !
Les Maronites sont peu nombreux, et en général fort pauvres «
ils exercént quelques métiers, et font le commerce de détail ; ils ont
quelques rapports d’intérêts avec ceux qùi habitent le Liban et
ceux qui sont établis à Antioche, Latakie et Tripoli.
1 Les Turcs et les Arabes forment au-delà des deux tiers de la population
: ils possèdent des terres, des maisons; occupent des places,
sont' agas, janissaires ; font le commerce de l ’Inde, celui de l ’irité-
rièur de l’Asie mineure, de Constantinople de Smyrne, de Salonique,
d’Égypté, et presque tout celui de Damas. Ils font aussi le
commerce de détail, et exercent tous les métiers.
Les Européens sont peu nombreux, et ne ¡font que le commerce
relatif à l’Europe. On a vu à Alep douze maisons françaises, neuf
anglaises, trois italiennes',-une hollandaise, dont les régisseurs,
au bout dé douze ou quinze années de gestion,-retournaient dans
leur patrie avec une fortune assez considérable. A l ’époque de
notre révolution, la placé d’A lëp avait déjà décliné : les maisons
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