village arrosé , et entouré de jardins comme le précédent. Nous
avons eu ce jour-là, à demi-lieue à gauche, une montagne assez
haute. La plaine se prolonge un peu en pente à droite; elle est
moins fertile que celles que nçus avons vues jusqu’à présent. Les
hàbitans de Dus-Hormal, quoique Musulmans, font du vin dont
ils boivent une partie : ils vendent l’autre aux Chrétiens de
Bagdad.
1 : L é soir nous avons été visiter des ruines près du village; elles
ne datent que du tems des califes : on apperçoit encore debout
une tour eh briques, semblable à celle d’Erbil ; elle servait autrefois
de minaret à une mosquée. Un peu plus loin il existe encore
une porte de l ’ancienne v ille , assez bien conservée elle est bâtie
en briques, et n’a rien de remarquable. L ’enceinte de l’ancienne
ville paraît assez grande. Le village d’aujourd’hui est fort petit.
Le 1er. flo ré a l, nous avons marché six heures et demie pour
arriver au village de K-eJÿeri. A un quart de lieue do o riïiul
nous avons passé une petite rivière : elle sert à arroser les jardins
de la ville et les champs d’alentour. Vers le milieu de la route nos
postillons nous dirent qu’on retirait du pétrole sur la montagne
que nous avions à gauche, et que nous prolongions depuis la veille.
Nous apperçûmes quelques indices de gypse. On nous dit qu’il y
en avait beaucoup sur la montagne. Le terrain sur lequel nous marchions
était sèc, graveleux , peu propre à la culture.
•< Nous logeâmes à Kefïen chez l ’aga du village : il nous fit demander
un présent. Nous n’avions rien à lui offrir. D ’ailleurs, nous ne
lhi devions r ien , parce que la poste, en Turquie, est gratuite : elle
remplacé un autre impôt , et il n’y a que les agens du Gouvernement
qui aillent en po ste, ou des personnes fortement protégées
par lés pachas. Ceux-ci permettent quelquefois'à des négocians de
se joiiidre aux Tartares qu’ils expédient.; mais alors ces négocians
paient seulement le T a rta re , ainsi que nous payions notre tcho-
cadar. Nous fîmes dohc répondre à l’aga que nous n’avions rien
-qui pût lui être offert. Cette réponse le détermina à venir auprès
de nous,'croyant saris doute que sa présence nous en imposerait.
Dès qu’il nous eut abordé il nous signifia d un ton impérieux, que
nous
nous devions à l ’instant même lui faire un présent digne du rang
qu’il occupait. Nous n’avons rien à vous offrir ; lui dîmes-nous,
parce que nous ne vous devons rien. L ’aga insista ; il eut même
l ’air de nous menacer : nous persistâmes dans notre refus. Il nous
dit alors qu’il ne nous donnerait pas des chevaux. Eh bien ! répondîmes
nous, nous attendrons ici le retour du tchoeadar, que nous
allons expédier au pacha deBagdad, pourqui nous avons des lettres
du grand-visir. Cette,menace produisit tout l ’effet que nous en attendions.
L ’aga nous fit aussitôt des excuses, protesta qu’il nous
croyait des Chrétiens de l’Empire ; nous pria de ne pas parler de
sa demande au pacha, et nous traita beaucoup mieux que nous ne
l ’aurions été sans cet événement.
Le a , nous avons eu six heures'de marche. Nous avons laisséen
arrière la montagne que nous avons prolongée pendant deux jqlirs.
Après avoir marché cinq heures dans une plaine cultivée, nous
avons traversé une colline dont le terrain est mauvais et graveleux,
et sommes descendus par une pente insensible au village de K a ra -
Teppé. Il ést arrosé pâr une eau abondante, amenée, nous, dit-
o n , d’une rivière que nous devions traverser le lendemain; Le
village est un peu mieux b âti, et les habitans paraissent avoir un
peu plus d’aisance qrie dans les précédens. Il est entoure de jardins
plantés de dattiers et autres arbres fruitiers. ,
Le 3 , après sept heures de marche , nous sommes arrivés au
caravanserai de D é li-A b a s, situé sur une rivière nommée K h a -
lès ( i ) , dont le lit est peu profond. La plaine de K a rà -T ep p é a
plus de trois lieues. Après l ’avoir traversée nous avons passé une
chaîne de collines formées de cailloutages, de sable et de terre :
le grès se montre au dessous en.divers endroits. C’est là où nous
avons trouvé le plus de plantes rares et curieuses depuis notre
départ de Mossul.
Le 4 > nous avons marché pendant douze heures pour arriver
à D o c-K h a lir. En partant de Déli-Abas nous avons passé le Kha-
lès sur un pont, traversé ensuite des plàines sèches, incultes,'mais
( i) Nous soupçonnons que cette rivière n’est qu’un canal dérivé de la Diala.
Fome I I . B b b