garnis de plumes ; sa queue terminée par deux plumes longues et
pointues, en font un des plus beaux oiseaux du désert.
Nous traversâmes le reste d’un canal que l ’on voit tracé sur la
carte de Danville, et qui, partant du lac Moeris, dans la province
du Fayoum, passait à l ’occident de Memphis, et allait se rendre
au lac Maréotis. Il est presque entièrement comblé, et l ’on doit
vraisemblablement la conservation de ce qui en reste aux besoins
des habitans, qui n’ont pas d’autre moyen de se procurer de l ’eau
pendant toute l ’année.
Cette plaine, ainsi que toutes les terres de l ’Egypte que le Nil
couvre périodiquement de ses e a u x , est très-fèrtile et très-productive.
Le carthame en fait la principale culture. On sait .que les
fleurs de cette plante , connue dans le commerce sous le nom de
safranum, donnent une belle couleur rouge-orangée, qui fait la
base du 'rouge végétal. La plus belle qualité de carthame que
l ’É gypte fournisse, est récoltée aux environs du Caire et dans la
plaine de Gizéh.
- Le trèfle à .fleur blanche, les lupins, l ’orge et le froment couvraient
les champs qui n’étaient point semés de carthame. Les
orges étaient déjà coupés, et les fromens étaient mûrs. Nous vîmes
par intervalles des bosquets de dattiers ; nous remarquâmes aussi
des azédaracs, des acacias, des napcas , des tamaris arborescens et
des mûriers, qui tous nous prouvèrent que si l’Égypte manque
de bois pour les usages les plus ordinaires, c’est bien la faute des
habitans. La Nature, dans ce pays, favorise fort bien les moindres
efforts de l’industrie. La terre et le climat se prêtent1 également à
la culture d’un grand nombre d’arbres d’E urope, d’Amérique,
d’Asie et des Indes.
• La matinée fut calme, assez fraîche; mais l ’a ir, qui parut un
peu embrumé après le lever du soleil., fit craindre a nos compagnons
:de voyage un khramsi ou vent de sud, qui ne tarda pas à se
faire sentir, et qui nous incommoda beaucoup pendant tout notre
voyage.
A mesure que nous nous approchions du coteau sur lequel les
pyramides sont placées, le terrain changeait .d’aspect et perdait de
sa
sa qualité. Le sable y dominait, et les-terres étaient moins cultivées.
Les pyramides, dont nous avions bien jugé la distance du
Caire et de G izéh , nous paraissaient alors plus éloignées qu’elles
ne l’étaient : nous ne les voyions pas non plus aussi grandes qù’auparavant.
Nous en attribuâmes la cause à leur forme et à notre
position à leur égard. Peut-être aussi l’a ir, qui s’était un. peu embrumé,
contribuait-il à cette erreur d’optique.
Arrivés au pied du-coteau, nous apperçûmes plusieurs ouvertures
de catacombes qui y furent creusées autrefois. Les voyageurs
qui sont venus aux pyramides, y ont en général fait peu d’attention
: l ’objet le plus frappant attirant tous leurs'regards, ils ont
négligé les curiosités de détail, dont le nombre est cependant très-
considérable. Six mois ne suffiraient peut-être pas pour étudier
avec soin les restes précieux qu’on peut découvrir depuis les premières
pyramides de Gizéh , jusqu’aux dernières de Sakhara. Tout
cet espace que les eaux du fleuve n ’ont jamais couvert, et qui semble
avoir été destiné, depuis l’antiquité la plus reculée, à renfermer
la dépouille mortelle des nombreux habitans de Memphis, présente
partout des indices de souterrains qui se prolongent à l’ouest
dans le désert, et des restes d'édifices à la proximité et à l ’entour
de toutes les pyramides. Celles-ci, considérées séparément, offrent
aussi une grande variété dans leur grandeur, leur forme et leur
construction : les unes ont été revêtues à leur extérieur, comme
celles de Gizéh, d’une couche de beau granit rose ; d’autres semblent
avoir été privées de ce revêtement , telle que la pyramide à
larges grad in s, située entre Gizéh et Sakhara : toutes sont en
pierre coquillère, hors une seule, qui est en briques : on en voit
enfin qui ne semblent avoir été formées que par le rapprochement
de gros blocs de pierres de ta ille, sans le mélange d’aucun ciment.
Parmi les pyramides de Sakhara, il y en a que l ’on prendrait pour
des buttes de sable de forme pyramidale, attendu que les pierres de
la superficie sont presque entièrement décomposées. Ce n ’est qu’au
sommet qu’on peut appercevoir encore les assises de maçonerie,
qui indiquent que ces monumens sont en tout semblables aux
autres.
Tome I I . K