L ’eau est abondante dans toutes les saisons j elle était versée autre-
fois dans l’aqueduc principal par trois aqueducs particuliers, dont
deux sont rompus : l’aqueduc principal est rompu lut-même à peu
de distance de là. Cette eau est employée maintenant à l’usage des
moulins à farine, que l’on a adossés aux réservoirs ; elle sert ensuite
à l’arrosement des terres qui se trouvent du côté de la mer,
distante seulement d’un quart de lieue.
L ’Histoire ne fait pas mention de l’époque à laquelle lés réservoirs
et l’aqueduc ont été construits ; mais on doit présumer qu’ila
existaient du teins d’H iram, et qu’ils avaient assez de célébrité pour
que Salomon en parlât comme d’une merveille. Josèphe dit que
Salmanazar, roi des Assyriens, ne pouvant réduire par la force
des armes, T y r qu’il assiégeait ou bloquait depuis long-tems, prit
enfin le parti d’en détourner les eaux j ce qui obligea les habitans
à ereuser des puits ou des citernes. Si nous supposons que Palætyr
était sur le coteau de Machouca et aux environs de ce coteau ,
ainsi que les ruines l’indiquent, nous ne douterons pas que les travaux
faits pour élever l’eau et pour l’y conduire, n’aient été entrepris
pour cette ville, déjà riche et très-peuplée avant que l ’autre
existât ; car si l’aqueduc n’avait été construit que pour T y r l’insu-
la ir è , il est bien probable qu’on n’aurait pas fait remonter l’eaa
de dix-huit pieds au dessus de son niv eau, puisque , prise à sa
source, elle avait assez d’élévation pour arriver jusqu’à l’île. On
n’aurait pas construit à grands frais un superbe aqueduc , lorsqu’un
simple canal eût suffi t on n’aurait pas fait passer d’ailleurs
par le coteau cet aqueduc, qu’il eût été plus simple de conduire
par une ligne droite au rivage de la mer, voisin de l ’île.
On peut objecter que cet aqueduc est de construction grecque
Ou romaine ; ce que nous sommes portés à croire : mais on peut
néanmoins présumer qu’il en existait auparavant un autre phis
simple, qui se rendait également à Palætyr, et que le second n’a
passé de même par le coteau , que parce que le temple d’Hercule
continua de s’y trouver pendant long-tems, quoique la ville fût
détruite.
On sait qu’Alexandre, après avoir soumis la Syrie et la Pliénicie,
vînt se présenter devant T y r , pour lors située dans l ’î l e , et q u ’il
demanda à y entrer , parce qu’il devait, suivant l ’o r a d e , sacrifier
à Hercule tyrien, dont les rois de Macédoine se glorifiaient de descendre.
Les T y riens , en hommes prudens, répondirent qu’il y
avait un temple d’Hercule hors de la^ville, en un heu nommé Pa-
lætyr ; que là il pouvait faire son sacrifice d’une manière convenable.
O r , comme ce temple é ta it , selon Quinte-Curoe, au èieu
meme ou avait été l’ancienne T y r , et comme les eaux n’ont pu
être amenées, à grands frais, au coteau que pour l’un ou pour
l ’autre , il nous paraît évident que le -temple d’Hercule était là , et
que c’est là aussi qu’était auparavant l’ancienne Tyr.
Strabon assigne trente stades de distance de T y r à Palætyr; oe
qui convient assez bien à la position du rocher dont il est question,
puisqu’il est distant de deux milles de la presqu’île. Quinte-
Curce dit que Palætyr fournit aux soldats d’Alexandre une grande
quantité de pierres pour la construction de la chaussée qui devait
joindre l ’île au continent, et que ces pierres étaient à leur portée
(1) ; et du tems de P line, l ’emplacement de Palætyr était dans
l ’enoeinte de T y r (2). Cet auteur assigne dix-neuf mille pas à cette
enceinte ; ce qui fait présumer que les sources y étaient comprises-',
et qu’elle s’étendait au nord du rocher. Quant au fleuve qui passait,
selon Scylax , à Palætyr (3) , c’est probablement le ruisseau qui
serpente dans la plaine, et qui a dû traverser la ville , qui se prolongeait
indubitablement au sud du coteau.
Ainsi donc la position des lieu x , d’accord avec l’H istoire,
prouve bien que les eaux n’ont pu être élevées et amenées au
coteau de Machouca qu’à une époque où la ville existait en ce
(1) Magna vis saxorum ad manurn erat Tyro vetere proebente. Quint. Curt.
lib. 4 > cap. 2.
(2) Circuitus 19000 passuum est intra Palcetyro inclus a. Oppidum ipsum 22 stu-
dium obtinet. Pl. lib. V , cap. 19 , t. 1 1 , p. 263.
(3) Ensuite vient la ville de T y r , qui a un port en dedans de ses murs. Cette île
est la demeure des rois de T y r : elle est éloignée du continent de trois stades.
Ensuite vient la ville de Palæfeyrus., au .milieu de laquelle passe lin fleuve.
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