39o V O Y A G E E N S Y R I E , etc.
Le cou est entouré d’un mouchoir de toile peinte, du orné d’un
collier en co ra il, engrenais, en émeraudes. Les caleçons sont amples,
et faits d’étoffes brochées des Indes. La chemise, qui est au
dessus, est de mousseline, brodée en soie couleur d’or ; elle est
ouverte én devant, comme celle des Européens. La robe ne cache
point la chemise au devant du corps ; elle ne croise que sur tes
cuisses, et n ’est fixée que par une épingle. Au dessus de la robe est
une tunique étroite, qui coüvre seulement le dos, et qui ne descend
pas aussi bas que la robe.
Les femmes de Bagdad sont à pieds nus dans leurs maisons ; elles
ne mettent des bottines que lorsqu’elles sortent. Leurs mains et
leurs pieds sont barriolés d’une couleur orangée, et leurs ongles
sont teints en noir : elles teignent aussi de la même couleur leurs
cheveux.
V oici de quelle manière elles s’y prennent.
Pomade p o u r noircir les ongles.
Prenez de la litharge en poudre, 1 gros ;
de la chaux éteinte, 6 gros ; >
de là soude, 3 gros.
Réduisez le tout en poudre; formez une pâte avec de l ’eau; mettez
la sur l’ongle, et humectez-la à mesure qu’elle sèche, jusqu’à
sept ou huit fois. Au bout d’un quart d’heu re, lavez l ’ongle, et
frottez-le d’un peu d’huile, afin de le rendre plus luisant, et arrêter
l ’effét de la pomade que vous y avez mise.
Poudre p o u r teindre les mains e t les p ied s en rouge orangé ou
en noir v io le t.
Réduisez en poudre les1 feuilles du henné ; humectez cette poudre
avec de l’eau, et appliquez-la sur la partie de la main ou du pied
que vous voudrez teindre : il faut l ’y laisser huit à dix heures de
suite. Si vous voulez obtenir un noir violet, après avoir bien enlevé
le henné sans le laver , vous mettrez à sa place les feuilles d’indigo
en poudre, humectées avec de l’eau.
Pomade p o u r noircir les cheveux.
Prenez de noix de galle, dures et pesantes, trente-six;
de rastouk ou antimoine, 4 gros 1 quart ;
de clous de girofle , douze ;
de bon vinaigre , trois verres.
Concassez les galles, torréfiez-les dans un peu d’huile d’olive ;
pilez et broyez ensemble les galles , l ’antimoine et le girofle , et
tamisez. Mettez cette poudre-dans les trois verres de vinaigre, que
vous ferez réduire à un feu doux jusqu’à consistance d’une pomade.
Usage.
Le so ir , vous laverez bien les cheveux avec de l ’eau chaude et du
savon ; vous les sécherez bien avec un linge, et vous les oindrez
par échevaux avec de la pomade ci-dessus. Vous couvrirez la tê te ,
et le lendemain matin vous la laverez de nouveau avec de l’eau
chaude et du savon, et vous la sécherez de même que la veille. Les
cheveux resteront noirs très-long-tems.
Cette pomade ne sert pas seulement aux femmes : les hommes
d’un âge avancé, les jeunes gens mêmes, teignent de tems en tems
leur barbe , afin d’avoir un air plus jeune, une figure plus mâle.
Cet usage est généralement adopté dans toute la T u rquie , mais
plus particulièrement à Bagdad et en Perse. Nous n’y avons jamais
vu un vieillard à barbe blanche , ni un jeune homme à barbe rousse
ou blonde. C’est aussi dans la vue de relever leur beauté, què les
deux sexes mettent chaque jo u r , sur les sourcils et les paupières ,
une pomade noire d’antimoine. Les femmes, en Perse, prolongent
sur les côtés le noir qu’elles mettent au bord des paupières, afin
d’avoir, en apparence, les yeux plus grands : elles veulent aussi
que les sourcils forment deux grands arcs noirs, contigus.
Ces femmes , ainsi peintes, paraissent sans doute plus belles aux
personnes qui les voient habituellement, et qui ont elles-mêmes le
visage barbouillé de noir ; mais nous pouvons dire qu’elles ont