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 bonne  heure devant le Nahr-Ibrahim  ou  le fleuve Adonis,  et nous  
 distinguâmes le village  de Gébaïl,  situé  à  plus  d’une  lieue  au-delà  
 de  la  rivière,  sur  une éminence  près  de  la mer.  Ce village a pris  la  
 place de Biblos,  dont les habitans étaient  regardés, par les T yriens,  
 comme d’excellens  matelots et d’habiles charpentiers. Us furent employés  
 ,  avec  les  Sidoniens,  à  la  coupe,  au  transport  et  à  l’emploi  
 du  bois nécessaire  à  la  construction  du  temple  de  Salomon.  Les  
 Arabes  s’établirent  à Biblos,  sous  le califat  d’Omar. Les Croisés  la  
 prirent en  1109,  en  furent  chassés quelque  tems  après par Saladin,  
 y   rentrèrent  ensuite,  et  en furent  les maîtres  tant  qu’ils  restèrent  
 eu Orient. 
 Nous nous trouvâmes,  après  le coucher du soleil,  en'face du cap  
 Carouge,  nommé  par  les Grecs Théonprosopon ou Face de D ieu .  
 La nuit fut calme.  Le 20  nous  avions  à peine  dépassé  Tripoli,  que  
 les Orientaux  nomment  aujourd’hui  Tarabolos.  Tripoli  était  autrefois  
 au  bord  de  la m e r ,  et était divisée  en  trois  villes  distantes  
 l ’une de  l’autre d’une  stade.  L ’une  des  trois villes était habitée par  
 des Tyriens,  la  seconde par  des  Sidoniens,  et  la  troisième par  des  
 Aradiens. La  population  s’étant  accrûe  et mélangée  par  l’abord de  
 divers étrangers, les  trois villes n’en formèrent  bientôt qu’une. Elle  
 fut  prise  par  les Arabes,  sous  le  califat  d’Omar,  et détruite,  vers  
 la  fin  du  treizième  siècle,  par  les Mameluks;  elle fut  rebâtie,  peu  
 de  tems  après,  à  une  demi-lieue de  la mer,  à l’endroit  où nous  la  
 voyons aujourd’hui. 
 L e   territoire  de Tripoli  est agréable, varié,  presque tout'arrosé  
 par les eaux qui descendent des montagnes duKesrouan. Le mûrîesr  
 nain  est  partout  abondant  et  cultivé  avec le  plus  grand  soin.  Lee  
 jardins  qui  sont  auprès  de  la  ville,  sont  plantés  d’orangers  ,  'de  
 figuiers,  d’abricotiers,  de  grenadiers.  Plus loin,  on  voit  des  oliviers  
 et  des  vignes.  Les  champs  sont  couverts-  d e  coton.  Ou  
 récolte  aux  environs  une  assez  grando'q nantité  d’orge  et de  froment. 
   iBrj  : 
 Cette ville  est mal-saine vers la fin de l’été, à cause des marécage*  
 qui  6e  trouvent  à  l’embouchure  du  Nahr-Kadès.  Les  EurOpéeh* 
 prennent,  dans  cette  saison,  le  parti  d’habiter  des  maisons  dè  
 campagne,  situées  sur  la  pente  des  montagnes  voisines  ,  où  les  
 eaux  sont très-bonnes  et  l’air  extrêmement pur.  Tripoli est la résidence  
 d’un pacha à doux queues.  Il y  a un commissaire de la République  
 et  trois maisons françaises,  dont les  envois  à Marseille  consistent  
 principalement  en  soie  écrue,  peaux  de  ch èv re ,  toile  de  
 coton,  galles,  cuivre  et  garance.  Ces  envois  sont  évalués  à  4  ou  
 5oo,ooo  fr. 
 Il y   a ,  sur  le  rivage  de  la mer ,  un  village  qu’on  peut  regarder  
 comme  le  faubourg  de T r ip o li,  où  se  trouvent  les  magasins  des  
 ïiégocians,  les bureaux de la douane,  et où habitent les marins,  les  
 Courtiers et autres personnes attachées au port. 
 Passé  T r ip o li,  nous  perdîmes  la  côte  de  vue  :  à  peine  distinguâmes 
 nous le cap Ras-eLHesn  ,  derrière lequel  se  trouvait  Orthosia. 
   Nous ne vîmes  point l’embouchure  de  l ’Eleüthère,  aujourd’hui  
 le Nahr-el-Kibbir, ni le  rocher d’A radus,  dont nous  aurions  
 voulu mesurer  l’étendue. De  toutes les villes de Syrie,  Aradus fu t,  
 comme  on sait,  la dernière  qui  fut  prise  pàr  les  Arabes  l’an  648,  
 après un  siège long  et opiniâtre  :  elle  fut détruite  de fond  en  comble  
 ; mais  les habitans  avaient obtenu la permission de  se retirer où  
 ils voudraient,  et  d’emporter  avec  eux  leurs  richesses. 
 Lorsqùe  la  terre  eût  disparu,  il  fallut  se 'contenter  d’observer  
 les  méduses,  qui  prenaient,  à  la  surface  de  l’eau,  mille  formes  
 différentes;  tirer  quelques  coups  de fusil  à  des  poissons volans,  eit  
 rire  de  la mal-adresse de  nos matelots,  qui,  ayant  pris  à  la  ligne  
 un  gros  poisson,  le  laissèrent  échapper  au moment  où  ils  préparaient  
 les instrumens propres  à le  dépecer. 
 L e 21  après midi,  nous revîmes la côte, et  le  22 au  matin ,  nous  
 entrâmes  dans  le  port  de  Latakie.  C ’est  un  bassin  un  peu  plus  
 étendu  que ceux de Sidon et de T y r .  Il a   son  entrée à l’ouest,  resserrée, 
 d’un  côté,  par  une  forte  jetée  construite dans  la m er,  suivant  
 à  peu  près  la  direction  du  nord  au  sud;  de  l’autre,  par  un  
 château  délabré,  derrière lequel  une  autre  jetée,  bâtie sur  des  ro chers, 
   va  de  l ’ouest  à   l’est.  A u   sud ,  un mur,  construit  en  partie  
 dans  la  mer,  se  réunit  à  la première jetée  pàr un angle  droit.  Le  
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