milieu du golfe d’Acre ; celles dont il voulait prolonger le supplice
, essttyèrent mille affreux tourmens, et furent ensuite enfermées
vivantes dans Une citerne profonde, tombeau de plusieurs de
Ses principaux officiers, et d’où il sortait des exhalaisons empestées ;
les plus jeunes et les plus belles furent mutilées et éventrées de sa
propre main.
Dans le nombre de ces infortunées, il s’en trouvait une d'une
beauté ravissante, la plus jeune et naguère la-plus aimée. Dgézar
la réserva pour sa dernière victime. Au jour marqué , ce monstre,
le cangeard à la main , s'enferme avec elle et le terrible exécuteur
de ses vengeances, dans une chambre écartée de son palais. Là', il
ordonne à ta femme de se dépouiller de ses habits, de se mettre
nue. Lorsqu’elle est dans cet é tat, il s'avance vers elle en agitant
le fer dont sa main est armée. Avoue-moi ton crime, malheureuse î
N ’est-il pas vrai que tu m'as trahi? La femme, saisie d’effroi, tombe
presque évanouie dans les bras du confident, et répond d’une Voix
éteinte t Non, seigneur, je ne vous ai point trahi. Perfide ! s’écrie
Dgézar avec l’accent de la fureur, tu vas recevoir le châtiment d e
ton crime ; et soudain , d’un coup de cangeard, il lùi fait tomber les
deux mains réunies. Le sang coule en abondance ; l ’infortunée est
mourante : Dgézar n'est point ému. Il lève encore le bras, et de
deux autres coups il la prive de son sein. Le confident, épouvanté,,
pousse un cri d ’horreur, et laisse tomber sur le plancher cette malheureuse
luttant encore contre la mort. Dgézar contemple avec
plaisir cet affreux spectacle; il trempe avec volupté ses pieds dans
le sang qui inonde la chambre. Cependant il n'est pas encore satisfait
Le voilà agitant de nouveau son poignard..... Le monstre
!.... il lui fend' le ventre !.... Sa main Se promène dans ses entrailles
palpitantes! *
Encore un trait, ce sera le dernier : le coeur saigne lorsque la
main trace de semblables forfaits.
En 1791, dans un de ses pélëririagès à la Mecque en qualité
d’émir - hadgi ( 1 ) , Dgézar avâit fait voeu d ’immoler un certain
p j Prince ou ck ef des Pèlerins. Ce titre'est donné au paclia de Damas, qui
nombre de Chrétiens , pour l ’expiation de quelques péchés dont il
avait bien voulu s’avouer coupable en arrivant au saint temple.
De retour à Acre , Dgézar se met en devoir d’accomplir son voeu.
sanguinaire. Au jour marqué, il ordonne que l !on fasse entrer
dans la grande coùr extérieure de son palais, autant de personnes
qu’elle en peut contenir, de tous les â g e s , de tous les états. Ses
satellites se répandent dans la ville , e t, à grands coups de bâton,
ils rassemblent tous ceux qu’ils rencontrent; ils entrent même dans
les maisons, et amènent au palais , adolescens, enfans , vieillards,
hommes de toutes les classes, tous étonnés et alarmés de se trouver
reunis d’une manière aussi étrange , dans la demeure du tyran.
Dgézar se montre au haut d’un perron : son visage est calme ; mais,
son oeil farouche effraie ceux qui n’ont pas l’habitude de son regard.
Un moment après il descend avec tranquillité et sans armes ;
suivi seulement de quelques satellites. Il s’approche de la multitude
assemblée, e t , trouvant que tous ces hommes sont trop confondus
, il en forme divers groupes : puis s’avançant successivement
Vers chaque groupe, il en détache quelques individus, les fixe attentivement
, leur d it, avec un sourire amer, qu’il lit sur leur front
que le dernier jour de leur vie est arrivé, et les fait placer dans un
espace yide de la cour. Après avoir porté à cinquante-sept le nombre
de ses victimes, il ordonne qu’on laisse sortir tout le rééte.
Quand la foule est écoulée, il fait lier les mains derrière le dos
aux cinquante-sept qu’il destine à la mort. Ces malheureux, parmi
lesquels se trouvaient des marins , des porteurs d’e a u , des marchands
de toute espèce, des négocians, sont conduits par son ordre
hors de la v ille , à la tuerie : l à , ils y sont égorgés comme des
montons, et leurs cadavres, abandonnés , servent de pâture aux
chiens , aux chacals et aux vautours.
Mais comme dans ce monde un peu de bien se trouve toujours à
côté d’un grand mal, Dgézar, semblable à un torrent qui déposé
conduit à la Mecque tous les pèlerins de l’Empire. Ou donne aussi ce nom au bey
du Caire, qui conduit la caravane qui part d’Egypte, et à laquelle se joint celle
de Barbarie. Dgérar alors avait réuni le paclialik de Damas à celili d’Acre.
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