du jour; mais les habitans d’Aquisir, que le scheik avait envoyés
pour faire ce déblai, en furent empêchés par ceux de Busiris, qui
prétendaient, qu’à eux seuls appartenait ce d ro it, comme les plus
voisins du désert; et comme ceux d’Aquisir s’opiniâtraient à voulo
ir exécuter les ordres du scheik, et ceux de Busiris à soutenir
leurs droits, on en était'venu aux mains. Le scheik était parvenu
à les mettre d’accord, en promettant de faire participer également
les habitans des deux villages au présent que nous devions leur
donner, et même de faire doubler le présent.
; Comme la chaleur fut encore plus forte ce jour-là que le jour
précédent, nous ne fûmes pas fâchés d’avoir un prétexte pour
rester tranquilles. Vers le soir néanmoins nous nous avançâmes au
sud-est pour découvrir, s’il était possible, les ruines de Memphis,
que nous supposions, d’après Danville et Bruce, ne pas être fort
éloignées d’Aquisir ; c a r , selon l’évaluation que nous en avions
fa ite , Aquisir est à neuf ou dix milles des pyramides, et Pline ne
les place qu’à six milles de Memphis (1). En e ffe t, nous n’eûmes
fait guère plus de deux milles, que nous jugeâmes, aux inégalités
du terrain et ¿ quelques gros quartiers de pie rre, que Memphis,
située sur le bord occidental du Ni l , s’étendait de .ce côté à plus de
deux milles du fleuve, et n’était pas à quatre milles du coteau li-
byque le plus voisin.
■ Comme la nuit nous surprit, nous ne poussâmes pas plus loin
nos recherches : nous ne nous attendions pas d’ailleurs à trouver
dans cette plaine des restes de monumens. La proximité du Nil a
trop favorisé le transport des matériaux, pour qu’on ne soit persuadé
qu’ils durent être enlevés de, bonne heure, et transportés à
Fostat et au Caire lorsque ces villes vinrent successivement remplacer
Memphis. Il n’est pas douteux que toutes les colonnes, toutes
les frises, tous les ornemens,, tous les matériaux précieux qui
* ( i) Heliquce très (pyramides ) in parte Africoe monte saxeo ' sterilique inter
Memphiuni oppidum , et quod appellari diximus De lta , à Nilo minus quatuor mil- .
liapassuum , à Memphi sex vico opposito, quem -bocant B u s i r im , in cjuo surit
qssueti scandetre illas. P l. Hiçt. nat. lib . 36 , cap. 12,
se trouvent au Caire, n’aient été retirés de l’ancienne capitale de
l’Égypte. D ’ailleurs, le sol de celle-ci doit être presque partout
aplani par les cultures et par l’exhaussement du terrain, provenant
des dépôts, annuels du fleuve. Ainsi le voyageur doit avoir moins-
en vue de décrire les ruines de Memphis, que de constater le lieu
où elle fut placée.
Hérodote dit qu’elle était à la partie étroite de l’Égypte, à l ’occident
du N il, vis-à-vis la montagne d’Arabie. Elle était, selon
Strabon, à trois schènes, c’est-à-dire , à environ quinze milles
rqmains du Delta. Il dit ailleurs qu’elle était à quarante stades ou
une lieue un quart du terrain élevé, sur lequel étaient les pyramides.
O r , ces distances s’accordent assez bien à la position que
nous avons sous les yeux. P lin e , qui place les trois pyramides de
Gizéh entre Memphis et le Delta, dit que les autres pyramides sont
entre Memphis et le Nome Arsinoë ou le Fayoum.
Nous partîmes d’Aquisir le 18 germinal à la pointe du jour ,
escortés par vingt-cinq cavaliers arabes. Nous marchâmes environ
une heure dans la plaine, et une demi-heure sur le coteau, après
quoi nous nous trouvâmes au bord d’un puits c a r ré , ouvert dans
la roche il avait environ vingt-cinq pieds de profondeur, et six
ou sept de largeur : "le sable dont il était plein auparavant était
amoncelé tout autour en entonnoir, et retenu par une rangée de
pierres placées sur les bords même du puits. Un tronc de palmier
traversait l’ouverture et devait nous servir à descendre, au moyen
des cordes qu’on y avait attachées. Une vingtaine d’Arabes nous
attendaient autour de ce puits : ils y étaient depuis la v e ille , et
s’étaient occupés toute la nuit à déblayer les sables de l'intérieur
et nous y frayer une route.
Deux ou trois d’entre eu x, suivis de Coquelaure et de quelques
personnes de notre troupe, allèrent visiter le souterrain pour nous
en rendre compte. En attendant leur retour, notre attention se
porta sur des fragmens assez nombreux de poterie , que nous
voyions à divers endroits sur des espaces très-circonscrits. Nous
jugeâmes que c’étaient autant d’indications d’autres puits. Nous remarquâmes
plus loin des ossemens humains, répandus tout autour
Tome II. M