fort près du continent et un peu plus au midi que les autres, nous
vîmes monter le thermomètre, et se fixer à 19 et 20 degrés ; et à
mesure que nous nous approchâmes de la S y r ie , nous trouvâmes
le ciel encore plus beau , et la température de l ’air beaucoup plus
chaude. ... h
Nous partîmes de Rhodes le 8 vendémiaire, avec un petit,vent de
nord-ouest. Nous nous trouvâmesle 11 ¡à peu de distancede Chypre
, en face de -Paphos, où nous aurions bien désiré de mouiller
pendant un jour ou deux ; mais le capitaine redoutait une relâche
où il avait failli périr l’année précédente. L ’air de Chypre, dans
cette saison, est très-mal-sain depuis que les Turcs sont venus s’y
établir. On dirait qu’une île consacrée autrefois à l’Amour, aux
Grâces et aux Plaisirs, repousse des hommes qui outragent l’amour ,
insultent aux grâces, et méconnaissent les vrais plaisirs.
Le i 3 , en nous levant, nous vîmes distinctement le sol très-élevé
de la Syrie. Le Liban et l ’Anti-Liban formaient, au devant de
nous, un tableau uniforme, d’un bleu sombre, surmonté de nuages
d’un rouge étincelant : le soleil était prêt à paraître. A son
aspect les nuages se dissipèrent, et la mer, faiblement agitée, brilla
îong-tems de mille feux. Déjà les montagnes paraissaient se détacher
: leur contour se dessinait, et laissait entrevoir quelques vallons.
Déjà nous appercevions, avec nos lunettes, les chênes, les
pins et les cèdres antiques qui couronnent les cimes de ces montagnes.
Nous voyions les villages répandus sur les pentes. Nous
distinguions le vert jaune de la vigne, du vert cendré de l’olivier:„
Un petit vent d’ouest nous poussait lentement vers la côte. La mer
était couverte de méduses glaireuses , qui'prenaient mille formes
différentes. A chaque instant quelque poisson volant s’élançait hors
de l ’eau pour échapper à la dent meurtrière d’un ennemi.
: Cependant le soleil s’élevait, et nos marins n’avaient point encore
reconnu leur position d’üne manière précise. A midi on prit
hauteur : nous étions à quatre lieues plus au sud que Barut, et la
côte fut évaluée à quatre ou cinq lieues dé distance. Le vent était si
faible, que nous désespérâmes de mouiller avant la nuit. Vers le
soir, on reconnut les terres rouges qui se trouvent au sud de cette
ville.
ville. Nous restâmes en calme toute la nuit, et le 14, à huit heures
du matin, nous jetâmes l’ancre vers le fond de la rade qui se trouve
au nord-est de la ville. Nous étions à demi-lieue de l ’embouchure
de la petite rivière dè Nahr-Bairout, et nous avions entre elle et
nous quelques rochers presque à fleur d’eau. Le fond, en Cet endroit
, est vaseux et fort bon; ailleurs il est rocailleux, très-mauvais
pour les cables, et de peu de tenue.
Tome II. E e