caractères paraissent avoir été tracés avec plus de soin que sur les
grandes briques.
On trouve quelques ruines à l’occident de l’Euphrate : on y
découvre aussi, par fois , des briques contenant des caractères ;
mais nous y avons cherché en vain les traces du palais des rois :
nous n’avons pu suivre non pins, ni découvrir en aucun endroit
les remparts de la ville , qui avaient, selon Hérodote, cinquante
coudées d’épaisseur, et cent portes d’airain massif.
A la partie la plus méridionale des ruines de Babylone , sur la
rive droite de l’Euphrate, on trouve Hellé, ville de dix à douze
mille habitans , bâtie depuis trois ou quatre siècles pour servir
d’entrepôt aux marchandises qui se rendent à Bagdad , et qui
remontent l’Euphrate plutôt'que le T ig re , parce que les eaux du
premier ont moins de pente que celles du second. Hellé est devenue,
par cette raison , une ville assez importante : elle communique
avec la Mésopotamie par un pont de bateaux. Le pacha de Bagdad
y place un douanier et un sandjak-bey : celui-ci occupe, avec sa
garde, le château qui est situé sur le bord du fleuve.
Hellé a une étendue assez considérable, parce qu’elle renferme
beaucoup de jardins plantés de dattiers, de citronniers, de limons
d o u x , de grenadiers. Elle est entourée d’un mur que le pacha de
Bagdad entretient avec soin. Ses rues sont étroites et ne sont point
pavées ; ses maisons assez basses, et bâties en vieilles briques
cimentées avec de la terre. On revêt quelquefois le m u r , tant à
l ’extérieur qu’à l ’intérieur , d’une légère couche de plâtre afin de
le rendre plus propre et plus agréable à la vue. Cette ville ,
selon Niébuhr, est au 3a e. degré 28 minutes 3o secondes de
latitude.
A deux lieues au sud-sud-ouest de Hellé , il y a des ruines assez
considérables que l ’on ne nous permit pas d’aller voir à cause des
Arabes bédoins. M. Beaucliainp , dans le Mémoire déjà c ité , dit
que c’est en quelque sorte une montagne de briques et de terre, où
l’on voit encore sur pied une espèce de salon, ainsi qu’une grande
tour carrée : il appelle ce lieu , B rou sse, et il croit que q’est là
qu’était Borsippa ou Borsita , ville dont Josèphe, Strabon et
Ptolémée ont fait mention. M. Niébuhr nomme ce lie u , Nirn-
orod-birs.
A neuf lieues au sud de He llé, il y avait autrefois une ville
a rabe , nommée Cufa ou K o u fa h , dont il reste à peine quelques
vestiges : elle était sur un canal dérivé de l’Euphrate, dans un
territoire fertile et abondant. Ce canal, aujourd’hui sans eau, est
nommé D sja rri- Z a a d é par les Arabes : c ’était le P a lla cop a ,
qu’Arrien dit communiquer d’un grand marais à l ’Euphrate, sur
la rive droite de ce fleuve, au sud de Babylone.
Les trois premiers califes firent, comme on sa it, leur résidence
à Médine : Ali la fit à Cufa dans les dernières années de sa vie ,
ainsi que Hassan son successeur. Les Ommiades, qui vinrent après,
restèrent à Damas ou à quelque autre ville de la Syrie ; mais le premier
des Abassides fut proclamé à Cufa. Almansour, le second,
par les raisons que nous avons dites plus haut, quitta cette ville
et, jeta les fondemens de Bagdad. On ne sait pas à quelle époque
Cufa fut ruinée ; mais il est probable que ce n’a été qu’après la
prise de Bagdad par les Tartares, car il est souvent fait mention
de Cufa sous le règne des Abassides.
A deux lieues ouest-sud-ouest des ruines de Cufa , on voit M esch
ed -A li ou Im an-Àli, ville assez grande, qui s’est formée autour
de la mosquée où l’on suppose que ce calife fut enterré, et qui fut
bâtie en son honneur long-tems après sa mort.
Mesched-Ali est peuplé d’Arabes et de Persans : la moitié de la
population est par conséquent sunnite, et suit la doctrine des quatre
docteurs musulmans orthodoxes ; l’autre moitié est schiite ou de
la1 secte d’Âli. Il y à parmi les premiers quelques Turcs attachés
au gouvernement.
Les Persans viennent chaque année en pèlerinage à Mesched-Ali
au nombre de cinq à six mille , et passent presque tous par Bagdad.
Le pacha de cette ville prélève sur çhaque pèlerin quatre piastres
d’impôt, au moyen de quoi il leur accorde toute la protection
dont ils ont besoin.
Mesched-Ali n’est pas la seule ville où les Persans vont en pèlerinage
; ils se rendent aussi à Mesched-Hossein ou Iman-Hossein,