traversant le Tigre oü l’Euphrate, le samiel ne fait presque aucun
mal à l’homme qui est sur les bords opposés, ses effets pernicieux
étant détruits par l’action de l ’eau qui s’évapore.
En poussant plus loin nos observations, nous avons reconnu
que le sol de la Mésopotamie inférieure et celui du nord de l ’Arabie
étaient gypseux, et c’est ce qui nous a expliqué pourquoi tous les
puits dè ces contrées étaient saumâtres. Il y a en outre à vingt-cinq
ou trente lieues à l ’ouest de Bagdad, un lac assez étendu, qui se
couvre chaque année d’un sphalte ou bitume noir et coulant, dont
nous aurons occasion de parler ailleurs.
Nous ne déciderons pas si c’est la nature du sol gypseux et bitumineux
qui produit le samiel, ou s’il vient seulement de la trop
forte action du soleil sur une terre presque dénuée de végétaux ;
mais, dans ce dernier cas les déserts sabloneux de la Libye et de la
Nubie devraient produire le même effet? et cependant ils n’occasionnent
que le khramsi, c’est-à-dire, un vent mal-sain, à la vérité ,
qui incommode considérablement l’homme et les animaux, qui les
tue même quelquefois lorsqu'il dure trop-long-tems, mais qui n’asphyxie
pas comme l ’autre., Nous attribuons le khramsi à l ’action
du soleil sur les sables de l’Éthiopie et de la Nubie, lorsque cet
astre, parvenu aux environs de la ligne équinoxiale, agit sur eux
de toute sa force.
Le vent de sud, sec et brûlant vers l ’équinoxe de printems, est
au contraire frais avant et après le solstice d’hiver , parce que le
soleil se trouvant alors vers le tropique du capricorne , ne peut
échauffer autant la partie septentrionale de l’Afriqu e, et c’est par
cette raison que, les vents sont variables en Egypte pendant l’h ive r ,
et qu’ils soufflent du sud, de l’ouest et du nord, quelquefois du
sud-est, et rarement de l ’est. Le sud est sec et assez frais, ainsi
que nous venons de le dire. Celuÿ d’ouest est frais, très-humide ; il
occasionne des pluies sur la; côte, et quelquefois des tempêtes. Le
nord est frais et, humide , mais n’amène presque jamais la pluie.
L a température de l ’air est si douce dans cette saison, qu’on ne
sent jamais, dans les appartenions, 1® besoin de se chauffer. A la
partie la plus fraîche de l’E gypte, à Alexandrie , à Rosette et à
Daudet te, on ne voit presque jamais le thermomètre de.Rétemuf
au dessous de six degrés de chaleur, durant la n u it> exposé à l ’air
extérieur.
L e vent d’est et de sud-est se fait quelquefois sentir avant 1’,équinoxe
de printems> : il est alors sec, médiocrement chaud j et cause
des maux de tête ; il rend l’homme lourd et peu propre aux fatigues
; il agit cependant bien moins sur lui que le khramsi, qui
l’énerve et le porte à un repos absolut
L ’é té, comme nous l’avons dit, serait très-chaud s’il n’était rafraîchi
par le vent de m e r , qui souffle constamment pendant le
jour.
On vo it, par ce court exposé, que le climat d:É gypte, fort doux
en hiver, presque toujours serein, peu exposé à ces variations subites
de température, à ce passage brusque du froid au tempéré ,
du chaud au g la c ia l, du sec à l’humide , comme on l ’éprouve en
Europe; rafraîchi en été par le vent de mer, serait un des pays les
plus agréables de la Terre si l’industrie parvenait à rétablir tous
les canaux , à répandre les eaux du Nil sur toutes lès terres cultivables,
à convertir en champs ensemencés, en prairies, en vergers,
en forêts de dattiers tout l’espace compris depuis le Mokatan jusqu’à
la mer , depuis le coteau libyqne jusqu’au mont Casius, ainsi
que toute la vallée qui se prolonge au sud jusqu’au-delà de,Syéné î
la température de l’Egypte deviendrait même plus douce, plus uniforme;
le khramsi serait en général un peu moins incommode ; les
sables cesseraient de s’accumuler sur les champs; le fleuve et ses
canaux seraient couverts de navires et de bateaux;les!Arabes des
déserts, contenus alors dans leurs limites, ne paraîtraient sur les
terres cultivées que pour y venir échanger leurs troupeaux, leurs
laines, leur beurre , leur fromage contre les grains, les fruits., les
vêtemens et les ustensiles qui leur sont nécessaires.
Quant aux qualités de l ’a ir, on serait Lien porté à croire, en
voyant la basse Égypte couverte de lacs, de marais, de canau x,
d’eaux stagnantes, que la N ature, toujours uniforme dans sa marche
, a fait de ce pays un lieu d’infection et de mortalité. Cependant
une longue expérience prouve le contraire : les Grecs et les
S a