que la ville n’eût autrefois beaucoup plus d’étenclue de ce côté, et
nous en avons été convaincus en appercevant, hors de la v ille, des
ouvriers occupés à fouiller dans les décombres pour en retirer
divers matériaux propres à être employés de nouveau. On sait
qu’en i 5i 6 Mossul, qui appartenait aux rois de Perse, fut pris et
brûlé, sous Sélim Ier. , par Méhemmed, pacha de Diarbekir, et les
habitans passés au fil de l’épée. C’est probablement à cette époque
que cette ville réduisit son enceinte du côté du su d , et qu’elle
laissa au nord-ouest un espace qu’elle n’a pu encore remplir.
■ . Mossul. est orné d’un grand nombre de mosquées assez belles :
on y compte quinze çaravanserais, dont dix sont d’une belle construction.
Les bazards sont nombreux et assez beaux, ainsi que les
bains publics et les cafés. Les Chrétiens y ont plusieurs églises,,et
les ¡pominiçains un couvent, dans lequel nous trouvâmes trois
r e l ig ie u x le supérieur était, le médecin de confiance du pacha-
La pide est assez mal-bâtie :: les rues sont étroites ,• irrégulières ;
fort peu sont pavées, de-sorte qu’on marche six mois dans la boue
et six mois dans la poussière. Chaque maison est terminée en une
ou plusieurs terrasses, disposées de manière que les voisins ne
peuvent voir ce qui s’y passe. Les femmes viennent y prendre l’air
dans les soirées d/été, e t , pendant trois ou quatre mois, tous les
habitans.y apportent chaque nuit leurs lits. Ce lit consiste en un ou
deux matelas de coton pour les riches, en un seul tapis et même
une simple natte pour les pauvres : il faut aux uns et aux autres
une couverture un peu épaisse , parce que les nuits y sont , aussi
fraîches que la chaleur du jour est forte. -
Quelques maisons sont en pierres ; mais le plus grand nombre
est en terre : les murs cependant sont revêtus d’une couche de
plâtre. On se sert, pour les portes et les pavés des maisons, d’une
sorte de gypse qui ressemble, au premier coup-d’oeil, à du beau
marbre gris et blanc; mais il n’en conserve pas le poli. Cette pierre,
que Niébuhr a prise pour du marbre, est très-abondante aux environs
de Mossul : il paraît; qu’on en fait usage depuis long-tems;
car nous l ’avons vue retirer, en assez grande quantité, des décombres
que nous avons dit être au sud de la ville : les grands morceaux
étaient taillés et .polis de nouveau : on convertissait le reste en
plâtre.
On compte à Mossul sept à huit mille Chrétiens, tant jacobites
que nestoriens ; environ mille Juifs, vingt-cinq mille Arabes, quinze
à seize mille Curdes , et à peu près autant de Turcs. Les Jésides
n’ont jamais été tentés de s’y établir, parce qu’ils y sont encore
plus méprisés que les Juifs, et qu’on ne leur permettrait pas le
libre exercice de leur religion : il préfèrent de rester sur leurs montagnes
du Senjaar et dans quelques vidages à l’est du Tigre, où ils
ont conservé une sorte d’indépendance.
Il y a eu quelquefois à Mossul un pacha à trois queues ; celui
d’aujourd’hui n’en a que d eu x , et doit conséquemment, en cas
de guerre contre la Perse , marcher sous la bannière du pacha de
Bagdad. Il a sous lui sept sangiaks-beys et deux cent soixante-quatorze
zaims ou timariots, qui peuvent fournir, avec leurs gébélis,
environ six cents hommes de bonne troupe. Il faut ajouter à cette
cavalerie environ deux cents spahis. Les janissaires sont au nombre
de six à sept mille. La garde du pacha ne va pas aujourd’hui à deux
cents hommes.
Ce pachalik a fort peu d’étendue : il ne va guère, en Mésopotamie,
au-delà de E ski-M ossu l et K a sji-K u p r i; mais il s’étend,
au sud, jusqu’à Tékrid, et à l ’est du T ig r e , jusqu’au Grand-Zarb
et aux premières montagnes du Curdistan. Celui de Bagdad embrasse
non-seulement tout le cours oriental du Tigre .jusqu’au
Grand-Zarb, mais même le Curdistan ; et à l ’occident toute la Mésopotamie,
jusqu’à Merdin et les environs de Géziréh. La population
du pachalik de Mossul est évaluée à deux cent mille habitans
, en y comprenant celle du chef-lieu, et les revenus ordinaires
pour le fisc, toutes dépenses prélevées, n’excèdent pas la valeur de
cent bourses ou 100,000 francs.
Ce pachalik, comme on v o it , est très-peuplé, quoique resserré
dans un petit espace : le terrain y est très-fertile, et les productions
très-abondantes. Les hautes montagnes du Curdistan sont à douze
ou quinze lieues de Mossul; celles à neige sont à trois journées de
marche : on voit néanmoins à quelque distance, au nord et à l ’est,