voûtes sont entières : cellés d ’ailleurs qui se sont en partie affaissées,
laissent voir la rachfe, qui forme un second plafond inégal y
irrégulier , mais qui intercepte toute communication extérieure-
Comment ces eôsablemens ont-ils pu parvenir de l’ouverture de la
catacombe creusée dans le r o c , aux divisions les plus éloignées ,
sur un sol- où les pluies sont rares? Car malgré là saison humide
dans laquelle nous étions , l ’intérieur de ces souterrains était très-
sec , et offrait plutôt de la poussière que de la boue.
Si cet ensablement était antérieur à rëxpoliatiOn des catacomb
es, on pourrait espérer de trouver quelque loge fermée , contenant
encore la momie qu’on y avait déposée ; mais l’expérience
prouve le contraire ; car des curieux, sans doute dans cet espoir >
ont fait déblayer te sable vis-à-vis les loges, et ont découvert ainsi
tes rangs inférieurs. Leur attente a été trompée; ils ont vu les loges
ouvertes et remplies du même sable terreux dont les chambres sont
encombrées. Il faut donc croire que ces expoliations sont très-anciennes
, et remonter jusqu’aux Grecs et aux Romains , ou peut-
être seulement à l’époque où la religion chrétienne, intolérante et
fanatique sous les empereurs ¿ ‘Orient, s’est introduite en Egypte.
L a même phrénésie religieuse, qui portait tes fidèles à démolir les
temples, Ces beaux monumens de l ’architecture grecque, tes aura
poussés sans doute dans ces asyles sacrés de la mort. Ces momies ,
conservées avec tant de soin, n’auront été pour eux que des cadavres
de réprouvés, qui ne méritaient pas sur la terre une plaça
distinguée. /
En dirigeant notre route vers la mer, nous entrâmes dans d’autres
catacombes qui ne présentent rien de plus remarquable que
tes précédentes. Mais ici les eaux, poussées avec force contre le
rivage par tes vents de nord, ont insensiblement miné la r o c h e ,
et découvert les catacombes pratiquées dans une étendue d’environ
demi-lieue. On ne voit partout que des éboulemens, des blocs de
tu f entiers, sur lesquels on remarque encore les loges à momies y.
des chambres peu dégradées , que la mer occupe ; des voûtes encore
existantes. On suit la plupart des divisions où les eaux ont pénétré’*
et où elles viennent se briser avec fracas.
E n suivant la côte on parvient aux bains de Cléopâtre : ils consistent
en une grande pièce carrée, à laquelle on apperçoit une ouverture
du côté du nord, et trois à l ’est, taillées dans la ro ch e , par
où l’eau de la mer s’introduit, et s’élève à environ deux pieds. Cette
pièce communique par une porte avec deux chambres carrées,
taillées de même dans la roche , qui présentent à l’intérieur une
banquette d’environ un pied de haut : l’une d’elles a une ouverture
du coté de la mer , par où l’eau s’introduit et se renouvelle ;
mais l ’autre ne la reçoit que par sa porte. On voit à côté de celle-ci
une petite citerne assez bien conservée, qui y semble adossée, et qui
faisait partie d’un ancien édifice dont on apperçoit encore quelques
restes. La mer paraît avoir gagné beaucoup sur cette partie de la
côte, et avoir détruit tes ouvrages qui étaient tes plus avancés. Nous
aurons bientôt occasion de remarquer que rien n’indique l’abaissement
du niveau de la mer sur la côte d’Égypte, depuis une époque
'de plus de deux mille ans, tandis que , selon quelques auteurs, il
est si évident sur la côte méridionale d’Europe.
Nous ne savons pas ce qui peut avoir donné lieu à la dénomination
que porte cet endroit, et si on doit le prendre plutôt pour des
bains que pour une catacombe. Il ne nous paraît pas vraisemblab
le , d’après l’idée que l’Histoire nous donne-de Cléopâtre, que
cette reine, aussi magnifique que voluptueuse, eût choisi pour le
champ ordinaire de ses récréations le voisinage des morts, ce lieu
de solitude, de silence et de méditation ; qu’elle eût élevé une maison
de plaisance sur un local si justement vénéré, destiné seulement à
Venir y remplir des devoirs religieux. Comment- s© persuader d’ailleurs
que cette femme, jeune et b e lle , eût été assez-peu soigneuse
de la fraîcheur de son teint pour l’exposer au contact de l’eau salée,
en prenant habituellement des bains de mer dans un lieu qui répondait
si mal à la magnificence qu’elle étalait ?
Ce local nous a paru avoir été une catacombe semblable à celtes
que la mer a découvertes sur toute cette oôte ; et ce n’est peut-être
que sous 1e règne des Arabes qu’on aura eu l ’idée d’en faire des
bains et d’y construire une habitation. On ne doit pas être surpris
que cette catacombe fût creusée un peu au dessous du niveau de la
D a