ceux de Salonique et des environs de Constantinople. Les Egyptiens
le préfèrent à tous ceux du L ev an t, et le paient au moins une
piastre de plus par ocque. On en expédie chaque année, pour Da-
miette, douze ou quinze chargemens.
Voici en quoi consistent la culture et la préparation de ce tabac ,
dont lès Turcs ne font usage que pour fumer.
Vers la fin de ventôse on sème la graine dans une terre grasse ,
humide et meuble ; un mois ou quarante jours après , on arrache
les jeunes plants-et on les porte dans un champ préparé pendant
l ’hiver par plusieurs labours : on y fait des rigoles ; on plante le
tabac à un pied ou quinze pouces de distance l’un de l ’autre, et
on l’arrose deux ou trois fois pour qu’il reprenne bien et pousse
avec vigueur. On ne l’arrose plus ensuite, afin de ne pas en détériorer
la qualité ; mais on a l’attention de remuer la terre une ou
deux fo is , et d’enlever toutes les plantes étrangères, qui nuiraient
à l’accroissement de celle-ci.
Quand la plante est bien fleurie , on Cueille toutes les grosses
feuilles; on les enfile, et on les fait sécher, suspendues au plancher,
dans des chambres habitées, ordinairement ouvertes de tout®
parts. On a soin de brûler de tems en tems , au milieu de la chamb
r e , des plantes aromatiques, telles que sarriète, thym, serpolet,
sauge et romarin. Ce moyen tend à dessécher un peu plus promptement
les feuilles de tabac, et à les imprégner des parties Odorantes
de ces plantes. Lorsqu’elles sont presque sèches, on les dispose
par paquets , e t on les entasse pour 1® faire fermenter. On
remue quelquefois 1® paquets et on les change de place, pour que
la fermentation ne soit pas trop active ; oe qui gâterait le tabac.
On procède à l’emballage lorsqu’on reconnaît que la fermentation
a cessé entièrement et qu’il n’y a plus rien -à craindre.
On continue de cueillir les feuilles pendant et après la fleuraison
de la plante ; mais la qualité du tabac qu’on obtient, est inférieure
à celle de là première récolte.
On a reconnu que plus on tarde à cueillir les feuilles lorsque la
plante est en fleur, plus le tabac est fo r t; Ce qui le déprécie; car 1®
Tur® estimentd’autant plus le tabac à fumer, qu’il est plus doux.
Le^ tabac cultivé sur les montagnes dès environs deLâtakie est
infiniment supérieur à celui de la plaine , et celui-ci vaut mieux que
celui des jardins, où la terre est plus grasse et où l ’arrosement a
été plus long-tems continué.
Parmi les productions, les plus importantes de L atakie, on doit
ranger le co ton , dont la qualité équivaut à celui de Chypre. On
destine à cette culture les meilleures,ternes, ainsi, que celles de médiocre
qualité; celles qui sont situées dans la plaine,, comme celles
des coteaux. On laboure trois ou quatre fois pendant l ’hiver ; au
quatrième ou cinquième labour, qui a lieu à; la fin de germinal, un
homme suit la charrue,, et sème grain à grain dans le sillon. L e
coton lève au bout de huit à. d ix jours , suivant que la terre est
plus ou moins humectée. On sarcle deux fois pendant l’été. Les
fleurs paraissent en messidor et thermidor ; et 1® capsules mûrissent
successivement en fructidor et vendémiaire : on les.enlève à mesure
qufelles s’ouvrent et que le coton se développe. On 1® laisse sécher
dans une chambre aérée ; on égraine ensuite avec une roue à cylindre
e t on emballe.
Cette culture serait plus avantageuse que-celle du. taba c , si la
récolte en était aussi certaine ; mais les, divers accidens qui résultent
de l’intempérie de l’a ir, de la trop grande sécheresse, de quelque
orage au moment de la germination, font souvent beaucoup
de tort à la plante, et en diminuent considérablement les produits.
Le coton est aussi bien plus exposé que le tabac à être détruit par.
les lièvres, les ra ts , les insectes et les limaçons. C’est le coton que
les botanistes nomment herbacé Ou annuel , que l’on cultive ic i
comme dans tout leLevant. Nous avons fait remarquer ailleurs que
ce coton, nommé improprement annuel ou herbacé, taillé chaque
année à fleur de te r r e , comme on taille le câprier au midi de la'
France, durait quinze et vingt ans à Santorin.
On évalue à plus de trois mille cantars la quantité de coton en
laine que peuvent fournir le territoire et les environs de Latakie,
dans une année de bonne récolte, et à plus de cent cantars celle de
coton filé blanc, indépendamment de ce qui est employé à-faire
des toiles pour Constantinople et l’Italie.
N n a