après la mort d’Ad h ad h , régna vingt-quatre ans, et mourut en
I192. Ce fut lui qui battit les Croisés en Égypte , et qui les chassa
ensuite de toute la Syrie. C’est peut-être le seul prince dont l ’Orient
puisse se glorifier; le seul qui joignit aux talens militaires, l’amour
de la justice, le désir de l ’ordre.
En traversant aussi rapidement qu’ils se succèdent, une,tourbe
de princes ou rois d’É gypte peu dignes d’être connus, nous arrivons
à la dynastie des Mameluks circassiens, qui commence en
1406. Ils étaient Turcs de nation, et sujets du prince Khouarzem.
Khalaoun en ayant acheté un grand nombre, les faisait servir
sous le titre d’esclaves : ses fils en firent de même. Leur nomhre
et leur force augmentent au point qu’ils parviennent à mettre fin à
la dynastie des Mameluks kalaomnites, suite de celle des Mameluks
turcomans, dont l’origine date de l’an *1272, et qui avait dé-,
truit la dynastie des Jobites curdes.
La dynastie des Circassiens est détruite à son tour en 1617, par
Sultan Sélim, qui change la principauté du Caire en vice-royauté,
ainsi qu’elle avait été établie au commencement du musulmanisme.
Faut-il jeter un coup-d’oeil sur ce premier desOthomans qui règne
en Égypte, pour savoir si le peuple égyptien doit s’en applaudir?
Après avoir forcé son père à le déclarer son successeur, il débute,
en arrivant au trône, par faire mourir ses freres et leurs enfans.
Ayant à se venger de G au ry , roi d’É gypte, il doit sa victoire à la
trahison de deux généraux. Touman-Bey, successeur de Gaury,
s’oppose à son triomphe ; il a recours encore à la même trahison.
Après avoir fait pendre Touman-Bey, donné le gouvernement de
l ’Égypte à l ’un des traîtres, et celui de Damas à l ’autre, opéré plusieurs
changemens au Caire, il retourne à Constantinople, pour y
mourir à la suite d’une plaie aussi horrible que cruelle. Juste et
trop tardive punition de ses seuls attentats contre sa propre fa mille
, si de pareils attentats pouvaient le faire distinguer de ceux
q u i, avant ou après lui j ont occupé le même trône !
On voit bientôt Ahmed pacha, nouveau gouverneur d’Égypte ,
assembler les grands du Caire, les faire massacrer devant lu i, et se
déclarer roi. M a is, ne pouvfint asseoir son autorité qu’à force de
dépenses,
dépenses, et ne pouvant faire face* à ses dépenses qu’à force de
pillages, il finit par avoir la tête tranchée à la suite d’une révolte
concertée par deux de ses prisonniers.
Les visirs ou pachas, vice-rois ou gouverneurs de l’É g ypte , se
succèdent aussi rapidement que les caprices des maîtres qui les envoient,
ou les intrigues des courtisans qui aspirent à cette place;
et la tyrannie Subalterne qu’ils exercent, le rôle obscur qu’ils
jouent, nous dispensent d’en faire mention.
Plus de deux siècles s’écoulent dans une sorte de stagnation politique.
Une aussi longue suspension dè révolutions doit avoir une
cause : nous la trouvons dans la forme du gouvernement institué
par Sélim. '
Mu par le seul sentiment qui peut faire agir les despotes commè
leurs esclaves, par la crainte, il cherche, non pas à préparer le
bonheur des générations soumises à sa puissance , mais à mettre
son autorité à l’abri des tentatives de ses représentans dans une
province aussi éloignée du siège de l’Empire : il a moins en vue
d ’organiser un gouvernement, que d’établir une balancé ou plutôt
•une lutte de pouvoirs, afin qu’aucun ne puisse prédominer sur le
sien.
* Il forme un divan ou conseil de régence,. composé du pacha et
des chefs des sept corps militaires. ( - • -,
Notifier à ce conseil les ordres de la Porte, faire passer le tribut
dans te trésor du prince, veiller à la sûreté du pays contre les ennemis
extérieurs, s’opposer à l ’agrandissement des divers partis-,
tel est l’office du pacha. Rejeter les ordres du pacha en motivant
les ; refus, le-déposer même-, et ratifier: toutes les ordonnancés
civiles ou politiques , tels sont les droits des autres membres, du
conseil.
■ Vingt-quatre beys ou gouverneurs des provinces, qui doivent
être pris parmi les Mameluks, sont chargés de toute la police intérieure
: ils doivent CQntenir les Arabes dans leurs déserts, et veiller
à la perception des impôts : l ’un d’eux réside au Caire,-sous le titre
de S ch eik -el-B eled ou gouverneur du pays. : i :
Il est assez facile de juger que le sort de. la n ation, qui n’est
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