sous laquelle fut placé, en 216, le corps de Zobéida, épouse du
calife Harum-Elraschid. On y voit divers autres tombeaux, qui
paraissent tous avoir été renfermés dans l ’enceinte de l ’ancien Bagdad.
D ’ailleurs , les fouilles que l’on fait sur ce terrain pour en
extraire des briques et autres matériaux , attestent suffisamment
que l’ancienne ville s’étendait de ce côté , à deux milles du fleuve ,
dans une longueur de trois à quatre milles.
M. Niébuhr a lu sur la porte de la ville, qui est murée, une
inscription par laquelle il paraît que le calife Naser a achevé de la
bâtir en 618; de sorte que Bagdad, avant sa destruction, n'aurait
pas eu plus de largeur de ce cô té , qu'elle en a aujourd’hui. Mais
comme, à sa partie supérieure, les murs sont plus modernes, la
ville pouvait, comme nous l ’avons dit, s’étendre davantagede long
du fleuve, et aller jusqu’à Imam-Azem, c'est-à-dire, avoir environ
trois mille cinq cents toises.
Imam-Adem ou Azem est le village qui se trouve, à demi-lieue
au nord-ouest de Bagdad, sur la rive orientale du Tigre. Son véritable
nom est Maadem ; l ’autre ne lui est donné qu’à cause de la
mosquée dans laquelle fut enterré A bu -H a n ifa , l’un des docteurs
de l ’islamisme, surnommé el-Adem ou el-A zem , c’est-à-dire, \ honoré.
Sa doctrine est suivie par le plus grand nombre des Turcs de
l ’Empire.
De l’autre côté du T ig r e , à une lieue de Bagdad et à un quart
de lieue du fleuve, est le village de M usa.-el-K.adem, ainsi nomme
à cause de la mosquée qui renferme le tombeau de ce Mahométan.
M usa-el-K adem ou le F a tieu t descendait de Mahomet par sa fille
Fatime, épouse d’A li. Il fut condamné à mort l ’an i 8 5de l'hégire ,
par ordre du caliië al-Rachid-H aroun, pour avoir été soupçonné
de conspirer contre lui avec les partisans de la famille d’Ali. Les
Persans vénèrent sa mémoire, et le regardent comme le septième
iman ou calife légitime.
Bagdad, ainsi que nous l’avons dit, n’a qu’un pont de bateaux ,
que l’on retire dans les grandes crûes ; mais dans tous les tems on
peut traverser le fleuve sur des barques légères, nommées kouf-
jfe s,/ faites en osier ou en saule, à peu près comme nos paniers ou
corbeilles ; elles sont enduites extérieurement d’une forte couche
de bitume mêlé avec de la te r r e , qui empêche l ’eau de pénétrer.
Elles contiennent huit à dix personnes, ont une forme circulaire,
sont assez profondes, et ne portent ni voile ni gouvernail. On se
sert, pour les dirig er, d’une ou deux rames en forme de p e lle ,
qu’un ou deux bateliers tiennent-à la main. Il arrive souvent que
la barque pirouette ou tourne plusieurs fois sur elle-même, tant
à cause de sa forme circulaire , que par la manière de la diriger,
et on n’arrive point à l’autre bord sans avoir dérivé considérablement
, et sans avoir resté au moins un quart d’heure dans les plus
basses eaux.
M. Niébuhr assigne au T ig r e , de six cents à six cent vingt pieds
de largeur. Nous la croyons un peu plus considérable dans les plus
fortes eaux , qui ont lieu vers la fin de l’automne , et surtout au
printems , parce que, dans cette dernière saison , les pluies d’une
partie du Curdistan et de la Mésopotamie mêlent leurs eaux avec
celles qui proviennent de la fonte des neiges, dans la Perse , le
haut Curdistan, l’Arménie et la partie supérieure de la Mésopotamie.
Le tems où le Tigre est le plus bas, c’est à la fin de l’été et
au commencement de l’automne, parce qu’il ne pleut guère dans
ces contrées avant brumaire et frimaire. .
Les bateaux et les navires qui remontent le fleuve de Bassora à
Bagdad, sont faits à peu près comme Ceux d’Europe. Ils sont tous
enduits d’une forte Couche de bitume mélangé avec un peu de terre
glaise, qui les conserve long-tems, et ne permet point à l’eau de
les pénétrer. Lorsque le navire est hors d’état de servir, on retire
le bitume, et on le soumet à un feu doux, qui le dégage de là
terre et le fait couler dans un bassin que l’on a pratiqué pour le
recevoir : il est toujours aussi bon que la première fois qu’il a été
employé.
On retire ce bitume des environs de Hit. A quelques lielîes à l ’occident
de cette ville, il y a des-mares qui se Couvrent annuellement
de bitume que la chaleur du soleil fait sortir des entraillés de la
terre. Les Arabes vont le ramasser à la fin de l’été, et le transportent
à Bagdad. Il est si abondant, qu’il se r t, non-seulement à la
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