où' se trouve , dit-on , le tombeau de. ce fils d’A l i , qui fût tué ,
avec un grand nombre de ses parens et de ses amis, à la bataille
de Kerbela. On sait que Plossein , àprès la mort de Moaviè, se rendant
avec cent cinquante hommes et toute sa maison , à Cufa, où
il y avait un parti qui l ’attendait, fut rencontré par six mille
hommes que Jésid , fils de Moavie, avait envoyés contre lui. Hos-
sein périt les armes à la main, se battant en désespéré contre cette
multitude d’ennemis. On lui éleva un tombeau près du champ de
bataille, et sur ce tombeau on bâtit, quelque tems après, une mosquée
, autour de laquelle s’est formée une ville.
Mesched-Hossein est un peu plus considérable que Mesched-
A li : elle est à six ou sept lieues au nord-ouest de Hellé, dans une
position assez agréable ; elle reçoit par un canal l’eau de l’Euphrate ;
Ce qui permet aux habitans de cultiver beaucoup de dattiers autour
de leur ville.
Pendant notre course à Hellé, on nous parla beaucoup des Ou-
habis (W ah ab is ), tribu arabe qui occupe une étendue de plus de
cent lieues à l’occident de Bassora et du golfe Persique , et qui se
fait redouter du pacha de Bagdad, de l’iman de Mascate et du
schérif de la Mecque, car elle peut facilement réfinir cent mille
cavaliers.
Les Ouhabis ont, outre leur ville principale, nommée N eldsg
ou N ég ed s, résidence ordinaire du scheik, quelques bourgades
situées dans les lieux les plus fertiles ; mais la plupart sont errans,
et n’ont d’autre habitation que leur tente. Ils élèvent des chevaux,
des ânes, des chameaux et des moutons qu’ils envoient, avec leur
beurre , leur fromage et leur la in e , à Bagdad et à 1 Bassora. Ils
récoltent en divers endroits, du blé , de l’orge ; ils cultivent aussi
des dattiers, et quelques-uns viennent semer du riz sur les terrains
inondés par l’Euphrate et le fleuve des Arabes.
Les Ouhabis ne croient point à la mission de Mahomet, qu’ils
révèrent seulement comme un [saint personnage : ils ne suivent
point les préceptes du koran , et n’ont conservé-du culte maho-
métan de leurs ancêtres , que là polygamie et la circoncision ; ils
n ’adressent des- prières qü’à l ’Etre suprême, de sorte qu’on les
regarde
regarde aujourd'hui comme de vrais déistes. Ils ne font point le
pèlerinage de la Mecque, et sont même toujours en guerre avec
le schérif.
Quoiqu’ils soient humains, hospitaliers, et tout aussi probes que
les autres Arabes, ils poussent le fanatisme jusqu’à massacrer chez
eux quiconque ferait à haute voix la profession de foi mahomé-
tane, ou tenterait d’établir chez eux quelque autre culte re ligieux.
Les pèlerins persans qui traversent leur territoire en allant
à la Mecque , sont très-circonspects ; ils évitent de parler de leur
religion , ou feignent de croire à l ’excellence de celle des Ouhabis.
On n’était pas d’accord à Bagdad sur l ’origine et l’époque de
cette religion : le plus grand nombre pourtant s’accordait à dire
qu elle a pris naissance vers le milieu du siècle dernier, en la personne
de Abd-ul-Ouhab, arabe, né à Neldsg, qui joignit, à toutes
les connaissances qu’il avait pu acquérir à Bassora, à Bagdad et en
Perse, un esprit ardent et exalté, et de plus l’ambition de commander
aux hommes en les trompant.
Abd-ul-Ouhab , absent depuis quelques années , parut dans sa
patrie comme un inspiré : il était instruit, il étonna; il parlait au
nom de Dieu, il se fit écouter ; il était éloquent, il persuada. La
religion qu’il présentait, dégagée des aumônes, des ablutions et
de toutes les puériles cérémonies du mahométisme, dispensant du
jeûne long et pénible du ramazan, devait plaire à des hommes
pauvres, presque toujours errans sur des déserts arides ; à des
hommes dont la nourriture est peu abondante , peu variée : elle
ramenait d’ailleurs à la croyance pure et simple d’un Dieu toujours
juste, toujours b on, toujours prêt à pardonner les fautes qui se
commettent dans ce monde d’imperfection et de faiblesse.
Niébuhr, dans la description qu’il.a donnée de l’A rab ie , dit aussi
que le fondateur de cette religion était un Arabe, nommé Abd-ul-
W a h eb , qui s’était appliqué, fort jeune encore , à l’étude des
sciences. A son retour de la Perse il établit dans sa patrie une nouvelle
doctrine que tous, les scheiks arabes de la tribu de Beni-Chaleb
embrassèrent peu à peu. A la mort de Abd-ul-Waheb, son fils
Tome II. K k k