La seconde est nn Bulime, remarquable par sa grandeur , l'expansion
de sa lèvre et une gibbosité vers la base de la colu-
melle (i). (P l . 3i , fig . 10, A , B.)
Notre dessein, en nous rendant en Syrie, avait été d’aller joindre
, à Damas, la caravane qu’on nous avait dit devoir partir pour
Bagdad vers la fin de l’automne. Personne, à Barut, ne pouvant
nous donner à ce sujet des informations positives,, nous résolûmes
d'aller à Seyde, afin de; consulter les négocians français qui s’y trouvaient
encore.
Nous eûmes bientôt trouvé un moucre ou muletier, qui nous
fournit les ânes dont nous avions besoin. On nous prévint de ne pas
oublier , dans les arrangemens que nous allions prendre avec lu i,
de le charger du paiement du gaffar établi sur cette route pour la
sûreté des voyageurs ; car il arrive qu’un droit extrêmement modique,
que les gardes du gaffar sont autorisés à prélever sur les voyageurs
et leurs montures , leur fournit une occasion de rançonner
arbitrairement les Européens, qu’ils supposent ■être riches.
On compte de Barut à Seyde trente milles : les dix premiers se
font sur un chemin sablonenx, très-fatigant pour les montures ;
il devient ensuite rocailleux, et continue de même jusqu’à la proximité
de Seyde, où les sables reparaissent. On suit, dans cette route,
les sinuosités de la côte, et l’on est resserré, en plusieurs endroits >
par les premières chaînes du Liban, qui Se prolongent jusqu’à
la mer.
On apperçoit, sur les pentes de ces montagnes, des habitations
éparses et des villages assez considérables, ordinairement situés sur
dès lieux escarpés, presque inaccessibles. On distingue quelquefois,
au pied de ces escarpemens, des plaines et des vallons assez
étendus , et partout on voit des arbres toujours verts, des cultures
très-variées et des troupeaux nombreux.
Nos montures allaient d’un pas assez lent pour nous permettre de
contempler,ces lieux vraiment beaux, et d’examiner attentivement
(1 ) Bulimia labrosus , eylindraceus, sordidi extilbidus ; spiri obtusd, rufescentes
labio explanato, extante} columelld basi obscurè gibbi. Tab. 3 i , fig. io , A , B, 1
tout ce qui se trouvait sous: nos pas. Une heure avant d’arriver au
gaffar, à huit ou neuf milles de Barut, nous -rencontrâmes des ruines
qui s'étendaient-assez loin à gauche, et qui consistaient en des
fbndemens de vieux murs, que les eaux de pluie avaient mis àï
découvert. Nous vîmes; à droite une tour moderney bâtie sur une
butte d environ deux cents pieds de diamètre, couverte en totalité;
des mêmes ruines. Nous ne doutâmes pas, à leur aspect, qu’elles
n’eussent appartenu à quelque ville de l’antiquité, peut-être-àLéonï
topolis, que les-géographes placent près de l’embouchure du Tâ-
myras-, et nous fûmes fortifiés dans nos- conjectures lorsqu’à un;
quart de lieue plus loin nous découvrîmes: une quantité considérable
de sarcophages, qui, par leur solidité et leur emplacement,
doivent donner une haute idée de la ville à laquelle ils ont appartenu.
Ces sarcophages ont!, dans leur intérieur, environ six pieds de
longueur, deux et demi de largeur , et deux de profondeur : ils sont
épais, et formés d’une seule pierre Galcaire* grise:- Le Cdu-vercle,
forme. d;une pierre semblable1, est presque toujours: entier. Il est-
épais, taillé en: gouttière à sa partie supérieure, et terminé a%n£>
quatre coins par une élévation anguleuse en dehors;, arrondie en
dedans. Il port»: en' dessous une saillie qui s’emboîte exactement'
dans la cavité du sarcophage : nous en comptâmes plus de deux?
cents sans nous écarter beaucoup du chemin. Mais leur nombre
doit être bien plus considérable si on réfléchit qu'ils sont dispersés:
parmi les rochers dont la: pente de la montagne est-Hérissée, et
qui masquent la plupart d'entre eux.
Tous ces sarcophages qu’on voit ici ,,paraissent avoir été placés>
en; plein air, sur lë lieu même où nous les avons vus. Quelques-
uns ont été creusés dans-la roche dont ils font partie, et dans ce
cas on1 n’eut: qu’à: poser un couvercle en dessus après que le corps*
du mort y. fut' renfermé ; mais le plusgrand nombre était détaché-
de la roche, et taillé dans lés;dimensions que nous en avons don-
nées. On en voit quelques-uns; dont1 le couvercle semble ne pâSf
avoir été déplacé ; ce qui ne peut1 provenir- qùe de'sa pesanteur et1
de son juste emboîtement. On a pratiqué: à ceux-ci, postérieurement ,