l ’année, parcé qu’ils descendent l’hiver, avec leurs femmes, leurs
enfàns et leurs troupeaux , dans les lieux les plus tempérés de la
Mésopotamie et du Curdistan, où ils sont assurés de trouver des
pâturages abondans. Ils v o n t, l’été, sur les montagnes de l’Arménie
, de l’Aderbigian et de la P erse, où la fonte des neiges et la
fraîcheur du climat dans cette saison entretiennent de la verdure.
L a religion des Curdes est le mahométisme, auquel ils mêlent des
pratiques superstitieuses que leurs pères leur ont transmises, et
qui paraissent dériver de la religion qu’ils avaient avant d’embrasser
celle de Mahomet. Ils tiennent fort peu à celle-ci, car ils n’ont
presque pas de mosquées chez e u x , ne prient point aux heures
indiquées par le k o ran , se dispensent de jeûner au ramazan, ne
vont point à la Mecque, se mêlent peu avec les T u r c s , et sont
même leurs ennemis. Ils ne permettent pas, lorsqu’ils le peuvent,
que les Turcs pénètrent dans leurs montagnes, encore moins qu’ils
s’établissent dans leurs villages. Us ne manquent pas non plus, si
l ’occasion se présente, de s’affranchir des impôts auxquels la Porte
les a soumis. Cet isolement, cette méfiance et la haine qu’ils ont
vouée à ceux qui se disent leurs maîtres, font que les Curdes , à
l ’exemple des Carduques leurs ancêtres, ont conservé, au milieu
des Turcs et des Persans, leurs moeurs, leurs coutumes, leur langu
e, et une sorte de liberté dont ils paraissent très-jaloux.
Les Curdes sont plus grands et plus forts que les Arabes : leur
teint est plus b lan c , et leur physionomie plus belle. Les femmes,
en général, nous ont paru avoir la taille assez haute, le teint fort
blanc, vivement coloré ; les yeux noirs ou bleus, le nez saillant,
la tête ovale, le sein grand, bien soutenu. Elles ne se voilent pas
en sortant de leurs maisons ou de leurs tentes, et se montrent
chez elles sans répugnance.
Les Curdes o n t , dans le paehalik de Diarbékir, huit sandjiaks
ou arrondissemens militaires, et conaéquemment huit sandjiaks-
beys ou chefs d e division, qui se réunissent et marchent sous les
enseignes du pacha de Diarbékir. Ces sandjiaks sont Sagman, Kuti.b,
M ihrany, T erg il, A ta k , P e r te k , Chiapakchour et Ch.erm.ek. Le6
cavaliers curdes sont armés de lances comme les Arabes ; ils ont
quelquefois un sabre long, mais presque toujours un sabre court
ou yatagan : ils se servent de boucliers d’un pied et demi tout au
plus de longueur , sur un pied ou quinze pouces de largeur. Ceux
qui n’ont pas de quoi se procurer un cheval, sont armés de la massue
et du yatagan, et ont presque tous un bouclier.
Des personnes très-instruites, que nous avons consultées à Cons-
tantmople ; des négocians qui ont voyagé dans toutes les parties
du Curdistan et de la haute Arménie, ceux qui, àMerdin, à Mos-
su l, à Bagdad, sont en relation directe avec les Çurdes pour affaires
de commerce, nous ont tous évalué à près d’un million tous les
individus de cette n ation, qui sont compris dans les pachaliks de
Bagdad, de Mossul, de Diarbékir, de V an , d’Erserum et de Kars.
Nous n’avons 'pas pu de même avoir une évaluation de ceux qui
sont en Perse ,~ depuis Amadan et Kermanchah, jusqu’à Sultanie
et Tauris.
Il n’y a pas de doute que les Curdes ne soient les descendans
des Carduques, dont parle Xéùophon dans la retraite des dix mille :
l ’identité de nom et de lieu et la conformité de moeurs ne laissent
aucun doute à ce sujet. Mais les Carduques étaient-ils aux Mèdes
ce que les Turcomans sont aujourd’hui aux Turcs ou Othomans?
ou étaient-ils un peuple aussi distinct de leurs voisins, que.les
Curdes le sont des Turcs ? Je serais porté à croire que les Mèdes
n’étaient que la portion conquérante des Carduques plus civilisée,
et devenue par-là plus populeuse. Je laisse cependant ce doute à
éclaircir à ceux qui sont plus familiarisés que moi avec l’Histoire
ancienne, et qui ont fait des recherches sur l'origine, les progrès
e t la chute des peuples anciens. Je remarquerai seulement que les
Curdes des environs de Bagdad, de Kermanchah et d’Amadan parlent
la même langue, ont la même religion et les mêmes moeurs
que ceux de Tauris, d’Erserum et de Diarbékir, et que cette langue,
différente de la turque et de l’arabe, a de très-grands rapports
avec la persane.
La deuxième zône s’étend du 37e. degré 20 minutes ou environ,
jusqu’au 35e. : elle renferme les villes de Birth, d’O r fa, de Ras-al-
A ïn , deNisibis, de Mossul, les montagnes de Senjaar , celles des
G g g a