encore beaucoup plus grand : on croirait qu’il appartient à un quadrupède
deux, ou trois fois plus gros que lui.
Quant aux autres parties anatomiques, on peut consulter Pallas ,
Novae species quadrupedum, et le Système anatomique des quadrupèdes
, faisant partie de Y Encyclopédie méthodique, par Vicq-
d  z ir , article Zemni. Nous ferons seulement remarquer que Pallas
et Vicq-d Azir à son exemple, rapportent mal-à-propos ce quadrupède
au zemni de Buffon. Le zemni a , selon ce célèbre auteur, la
taille de 1 ecureuil, des oreilles courtes et arrondies, les yeux aussi
petits et aussi caches que ceux de la taupe, et une queue médiocrement
grande. Il faudrait supposer que Buffon a rédigé l’article
du zemni sur des Mémoires très-infidèles, pour avoir commis dp
pareilles erreurs en décrivant l’aspalax dont il est ici question.
J’ai conservé à A lep , dans les mois de frimaire et de nivôse,
plusieurs aspalax vivans, afin de les mieux observer. Les mouve-
mens de cet animal sont brusques ; sa démarche est irrégulière ,
presque toujours précipitée : il marche à reculons avec-la plus
grande facilite, et presque aussi vite qu’en avant lorsqu’il veut fuir
ou éviter les objets qui se présentent devant lu i; il mord fortement
ce qui l ’inquiète ou menace sa vie. Il porte toujours la tête élevée
, s arrêtant au moindre b ru it, et paraissant vouloir écouter à
chaque instant ce qui se passe autour de lui.
L aspalax vît sous terre en société, comme la taupe ; il forme des
galeries en divers sens. Il élève et amoncèle la terre à plusieurs
endroits différens , surtout au printems, sans laisser aucune ouverture
extérieure. Il se sert de ses dents, de son museau et de ses
pieds de devant pour creuser la terre et s’y enfoncer. Il fait passer
sous le ventre la terre détachée, et la pousse ensuite loin de lui par
le moyen des pieds de derrière. Ses galeries sont en général pett
profondes; niais il se ménage, un peu plus bas, des espaces où il
peut rester commodément et être à l ’abri des eaux pluviales : iî
choisit les terrains les plus fertiles, les plaines les plus unies, celles
©u la végétation est la plus abondante. Il évite toujours les. endroits
pierreux et ceux qui peuvent facilement être inondés.
Il ne se nourrit que de racines ;; aussi est-il regardé comme un
des plus grands fléaux de l ’agriculture , en ce qu’il se multiplie
considérablement, et qu’il fait périr presque toutes les plantes qui
se trouvent à portée de son habitation. Il est très - friand , aux
environs d Alep et dans la Mésopotamie où j ’ai eu souvent oécasion
de 1 observer, d u n colchique à fleurs blanches, très-nombreuses,
qui fleurit au premier printems, et qui est assez commun dans ces
contrées / Il se nourrit également de Ja racine de presque tous les
végétaux qui croissent spontanément ou qui sont cultivés dans les
lieux où il est établi.
Son corps parvient à deux décimètres de longueur : Son pelage
est doux, très-fin, d’un gris fauve, avec la base de tous les poils,
la partie antérieure de la tête et le dessous du corps noirâtres.
Quelques individus ont des taches irrégulières , plus ou moins
grandes, d’un très-beau blanc. Le museau est large , dur , très-
fort. Les dents incisives sont grandes et tranchantes ; les inférieures
sont deux fois plus longues que les supérieures. Le cou est large,
court et très-musculeux ; ce qui donne à la tête une force considérable,
relativement à la taille de l ’animal. Les pieds sont courts,
et terminés par cinq doigts armés d’un ongle arrondi , assez tranchant
, un peu plus long aux pieds de derrière qu’à cèu x de devant.
Cet animal n’a point de queue apparente ; ce qui le distingue des
taupes et de presque tous les rats connus.