seule de ces colonnes paraît avoir eu une inscription ; ce que nous
reconnûmes à des entailles régulières qu’elle présente sur son lû t ,
au quart de sa hauteur, et à quelques caractères arabes très-mal
.conservés, dont on voit encore des traces sur les rouelles mêmes des
pierres de taille dont les colonnes sont formées.
A quelques pas de cet édifice , que nous présumâmes avoir été
un toiübeau, on voit deux énormes piliers qui soutiennent un portique
d’une construction qui nous a paru contemporaine aux colonnes,
mais ébranlées jusqu’à leur fondement.
Les murs dont ce château est environné, sont très-élevés,
quoique posés sur des rochers escarpés ; ils sont de construction
a rabe, à en juger par les inscriptions, dans cette langue, qui y
sont enclavees ; mais il nous a paru qu’ils ne forment' qu’un revêtement
à-d’autres murs plus anciens, que l ’on apperçoit dans les
endroits où le mur arabe s’est écroulé.
Ce qui nous a frappés le plus dans cette ancienne fortification ,
c’est la profondeur dû fossé que l ’on a taillé dans le rocher, et qui
l ’entoure sur toute la face qui regarde la campagne. Nous avons
évalué sa profondeur à trente-cinq ou quarante pieds, et sa largeur
à ving-cinq ou trente. Ce travail a dû être très-long et très-
pénible , attendu que la roche est très-dure. Au-delà de ce fossé le
terrain s’élève considérablement, de sorte que le château est dominé
autant qu’il domine la ville.
Toute la pente qui se trouve au dessous du château, la colline
qui est vis-à-vis, celle qui vient après; en un mot, tüus les escar-
pemens qui sont à l’occident de la ville, présentent de toutes parts
des ouvertures carrées ou en arceau, qui conduisent à autant de
catacombes tailiees dans le roc. Celles où nous sommes entrés,
avaient une chambre carrée, dans laquelle on descend par sept ou
huit marches taillées au milieu de l’une des faces; les trois autres
présentent chacune un enfoncement^lemi-circulaire, laissant au
bas une banquette longue de cinq à six pieds, large d’un pied et
demi, haute de deux pieds, sur laquelle il est vraisemblable que
l ’on posait les corps embaumés. Mais toutes les catacombes ne
sont pas aussi simples que celles-là : on en voit dans le nombre,
dont les arceaux portent des moulures très-bien exécutées, d’autres
ou le souterrain est divisé en plusieurs pièces, et quelques-unes où
les loges sont disposées comme celles d’A lexandrie, avec la différence
que, dans celles d’O rfa, on n’y voit qu’un seul rang de loges,
tandis que dans celles d’Alexandrie il s’en trouve trois ou quatre
les uns sur les autres. Les catacombes d’Orfa sont mieux conservées
que celles d’Egypte, parce qu’elles ont été taillées dans une roche
calcaire très-dure, et qui a dû résister bien mieux que le tu f graveleux
et coquiller qui forme le territoire d’Alexandrie.
Ces ouvrages datent sans doute d’une époque où les beaux arts
étaient en honneur à Orfa : nous en avons jugé entre autres par
une belle vignette etune feuillure.en trèfles, sculptées sur le contour
de 1 ouverture d’un de ces souterrains, qui ne déprécieraient aucun
ouvrage moderne. L ’intérieur consistait en une grande chambre
carrée, plus spacieuse que les autres, sans enfoncemens demi-circulaires
, ni banquettes, ni aucune apparence de sarcophage : on
voyait seulement une niche au fon d , taillée en demi-dôme, qui
lui aurait donné l ’apparence d’une chapelle si nous n’en avions
rencontré d’autres’ six fois plus petites , et dans lesquelles nous
avions de la peine à nous tenir debout, qui présentaient une semblable
niche.
La plupart de ces catacombes ont une ou deux fenêtres que l’on
juge avoir été pratiquées après coup, lorsqu’on a voulu convertir
cet asyle de la mort en réfuge ou demeure de vivans. On juge de
cette intention par la différence de travail que présentent ces ouvertures.
Les anciennes, qui servent de porte, ont toutes une feuillure
profonde taillée dans le roc , servant à recevoir la porte de
bois ou de pierre qui en défendait l ’entrée. Les fenêtres n’ont point
de semblable feuillure ; elles sont d’ailleurs taillées grossièrement. -
On voit de plus dans l ’intérieur de toutes les catacombes, qui ont
des fenêtres, la trace du feu qu’on y a fait pendant long-tems, et
qui les a noircies. Aujourd’hui encore, celles qui sont les plus
voisines de la ville , sont presque toutes occupées par des familles
çurdes. ,
L a colline qui domine le château, où l’on voit le plus de ces