A u moyen de ce v e n t , la température de l ’Egypte inférieure ,
dans les plus fortes chaleurs de l’été , n’est que de 2.6 à 27 degrés ,
et de 27 à 28 au Caire ; mais elle augmente à mesure qu’on s’éloigne
de la Méditerranée et qu’on s’avance vers le Saïd ; et si l ’on
quitte la vallée que le Nil arrose , pour pénétrer à droite ou à
gauche dans le désert, la chaleur est encore plus fo r te , parce que
le vent s’échauffe en passant sur un sol aride , privé de végétaux.
Peudant les mois les plus chauds de l’année, ce vent de mer amène
beaucoup d’humidité dans la partie inférieure de l’Égypte. La rosée
y est quelquefois si abondante, qu’on ne peut se promener au grand
air , après le coucher <JU soleil, sans avoir ses vêtemens trempés
cômme après une légère pluie : mais à mesure qu’on s’éloigne de
la mer, la rosée diminue ; elle ne se fait même plus sentir dans
l ’Egypte supérieure et la Nubie. '
Autant le vent du nord est agréable aux Égyptiens pendant l ’été ,
autant celui de sud leur est pernicieux lorsqu’il souffle avant et
après l’équinoxe de printems. Il est connu sous le nom de khramsi
ou de cinquante , parce qu’il se montre quelquefois pendant cet espace
de tems ; il ne dure ordinairement que trois jours, rarement
quatre, et plus rarement un jour seulement. Le thermomètre, exposé
à l’air , monte pendant sa duré e, de 16 , 18, 20 degrés, à 3o ,
36 et même 38. Ce vent embrume l ’atmosphère , dessèche l’air , le
charge d’une poussière subtile, lui ôte une partie de son élasticité ,
et le rend par conséquent moins propre à la respiration. L ’Égypte
ne serait pas habitable si le khramsi était plus fréquent, et s’il p roduisait
les mêmes effets dans toutes les saisons de l’année.
Quelques voyageurs l ’ont confondu avec le samiel, qui se montre
rarement dans l’A rab ie , la Mésopotamie et le sud de la Perse pendant
les plus fortes chaleurs de l ’été , et qui asphyxie sur le champ
l’homme et les animaux qui ne prennent pas les précautions convenables
pour l ’éviter. La cause et les effets de ces deux vents ne
sont pas les mêmes ; ils soufflent à des époques différentes : celui
de l’Égypte est un vent régulier, étendu et durable j l’autre est irrégulier
, peu étendu, instantané, visible à l ’oeil exercé de l’habitant
des déserts.
Le
Le samiel souffle depuis la fin de messidor jusqu’au milieu de
fructidor. Il ne fait que passer, et dure très-rarement deux ou trois
minutes de suite : son étendue est très-bornée : peu de personnes
en sònt atteintes dans ime caravane, mais Celles-là seulement qui
se trouvent sur son passage. On l ’évite en se couchant promptement
sur le ventre. Les animaux ne manquent pas d’appliquer leur
museau contre la terre, par un instinct qui leur est naturel.
Lorsque le samiel doit souffler, l ’air est calme 5 ce qui est extrêmement
rare dans cette saison : la chaleur est presque insupportable.
Le silence des déserts n’est interrompu que par des cris plaintifs,
annonce certaine du danger qui menace tous les êtres vivans.
Bientôt succède un silence absolu. Les quadrupèdes et les oiseaux
se retirent dans leurs tanières, ou se tapissent derrière quelque
arbuste touffu. L ’A rabe se réfugie dans sa tente, o u , s’il est surpris
en rou te , il s arrête', et observe, à côté de sa jument ou de son
dromadaire, si le samiel passera sur sa tête ou s’il portera loin de
lui son souffle empoisonné.
Le danger subsiste tant que le calme dure j mais si le courant
d air se rétablit, si le vent souffle de nouveau, toute crainte cesse ;
les habitans des déserts reprennent leur gaîté, l ’Arabe continue
sa ro u te , l’oiseau s’élance de nouveau dans les airs, et le quadrupede
sort de sa tanière afin de pourvoir à sa subsistance.
Le samiel nous paraît être une sorte de moffette que nous croyons
s’élever du sein de la terre par l ’efïèt d’un soleil ardent, et qui
serait beaucoup plus fréquehte si, pendant quatre ou cinq mois, il
n’y avait sur ces contrées un courant d’air très-rapide qui vient de
la Méditerranée , et qui s’étend sur la Mésopotamie et le nord : de
l ’A rabie, jusqu’aux premières montagnes de la PerSe.
On a remarqué qu au sein de l ’Arabie, le samièl venait du nord ;
il vient du sud à Merdin, à Orfa; du sud-sud-ouest à Mossul, dé
1 ouést à Bagdad, de l ’est à Damas, dû sud-sud-est aux environs
d’Alep ; je dis aux environs, car il est très-rare que le samiel parvienne
jusqu’à cette ville : il est probablement neutralisé en passant
sur le lac qui est au sud-sud-est d’Alep , et sur les terres cultivées
et arrosées qui se trouvent de ce côté. On a remarqué aussi qu’en
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