y sont assez multipliés. Le serpent, le lézard, y font leur demeure,
et ceux-ci on t, comme on pense bien, pour ennemis la cigogne, le
héron et les courlis.
L ’homme cependant ne pouvait exister seul dans ces lieux si peu
laits pour lui. Comment y aurait-il vécu ? La terre n’est point propre
à la culture. La chasse ne lui aurait jamais fourni assez d’ali-
inens. D’ailleurs, comment attraper à la course le lièvre et 1 antilope
dans des lieux découverts, sur un sable pour ainsi dire mouvant?
Aurait-il été plus avancé en recourant aux armes à leu , en inventant
des pièges ? Non- Mais il a su se procurer le bélier e t la brebis
: il y a joint le chameau, le cheval et l’âne , et sa subsistance a
été assurée. Il a pu errer dès-lors sans crainte dans l’immensité de
ces déserts, surtout lorsqu’il est parvenu à creuser, à des distances
même fort grandes, dès puits dont l’eau lui était indispensable ,
quoiqu’il p û t , au moyen du la it , s’en passer pendant plusieurs
jours.
On a dit que Je chameau avait été créé pour les déserts de l’Asie
et de l’Afrique, et on a dit vrai. Son pied large et charmi serait
endommagé par les roches dures et tranchantes de certaines contrées
; il ne peut le poser non plus sur une. terre argileuse et
glissante ; il enfoncerait trop dans celles qui sont fortes et humides.
I l liii fallait un pays où la terre fût toujours sèche, où la roche fût
tendre et friable, où le sol fòt Uni et sabloraeux. Son double estomac,
son réservoir d’e au , lui permettent de se passer d’alìmens e t
de boisson pendant plusieurs jours. C’est là d’ailleurs qu’il trouve-
«ne quantité de plantes grasses et succulentes, des pallasias, des
nitraires, des ficoîdes, des kalis, des soudes, qui le nourrissent
et le dispensent de boire. Il y trouve aussi divers chardons, diverses
plantes épineuses , dont il est friand, et qui ne peuvent endommager
sa langue et son palais; car ces parties sont recouvertes
d’un cuir dur et plein d’aspérités, qui s’oppose à l'action des
épines.
Le chameau d’ailleurs pousse la sobriété jusqu’à se contenter,
dans les courses forcées qu’un Arabe entreprend, d’une pelotte de-
farine d’orge, pesant à peine deux liyres, tapdis qu’il consomme
C H A P I T R E V I I I .
autant et même plus que trois ou quatre chevaux lorsque la nourriture
qu’il trouve, est abondante.
Mais puisqu’il est question ici de net utile animal, nous devons
faire observer en passant, qu’on aurait tort de croire que le dromadaire
diffère du chameau, et qu’il forme une espèce distincte.
C ’est comme si l ’on voulait regarder le cheval de selle nomme une
espèce d ’animal, différente du cheval -de voiture ou de charge. Les
Grec s, et après eux les Romains, nommèrent dromadaire le chameau
coursier, le chameau qui était élevé à la course : celui qui
-était uniquement destiné à porter des fardeaux et à tenir lieu de
charrettes , dont on ne fait pas usage en Orient, conserva le nom
arabe de chameau. L ’un et l’autre n’ont qu’une seule bosse au dos,
et ne diffèrent entre eux que par des nuances peu sensibles ; mais
ils diffèrent beaucoup du chameau bactrien, qui a deux bosses, et
qui les aurait, quoi qu’en disent des naturalistes célèbres, lors
même qu’on ne chargerait jamais son dos, ainsi que le chameau
arabe et égyptien n’en a qu’une et en a constamment une seule,
soit qu’on l’ait destiné à la course ou à la charge.
Le chameau bactrien est pins robuste, ordinairement plus gros
que l’au tre , et il résiste bien mieux aù froid de nos hivers. Il ne
se trouve point en E g yp te , du moins je ne l’y ai jamais vu , et personne
n’a pu m’en donner des nouvelles. Il est au contraire fort
commun en Perse et au nord de l’Asie mineure. J’aurai occasion
d’en parler ailleurs.
Peu de jours après notre retour au Caire , et dans le tems que
nous nous disposions à faire le voyage de Suez^, nous reçûmes des
lettres de l ’envoyé de la République près la Porte othomane , par
lesquelles il nous invitait à nous rendre à Constantinople. «Quittez
» l ’Egypte, nous disait-il, vers le retour de la belle saison, et
» revenez sur les rives du Bosphore :. nous avons à conférer en-
» semble avant que vous portiez vos pas vers des régions plus
» orientales
L e cit. Magallon recevait en même tems l’ordre de se transporter
à Alexandrie avec tous les négocians français ; ils devaient
attendre dans cette ville , que notre gouvernement eût p r is ,
N a